“Choc des savoirs” a dit Gabriel Attal. “Choc de com”, avons-nous entendu. Au-delà du caractère convenu du discours tenu par le Ministre ce jeudi 5 octobre au matin, on retrouve la grande illusion qui détruit depuis des années l’Éducation Nationale à petit feu : la croyance dans la baguette magique du Ministre, qui pourrait tout piloter d’en haut. Mais comment croire sérieusement que l’on peut réformer en deux mois ce qui est enlisé depuis plusieurs décennies dans les affres d’un centralisme dépassé et d’une bureaucratie asphyxiante ?
Gabriel Attal est la nouvelle coqueluche politique, cet automne 2023. Dans les dîners parisiens, pour être pris au sérieux, vous devez pousser des contentements d’aise quand on vous parle du nouveau prodige de la Macronie.
Hasardez-vous à suggérer qu’après le raté du “ministère Pap N’diaye”, Emmanuel Macron a installé rue de Grenelle un perroquet de Jean-Michel Blanquer, on vous regardera de travers. Alors, imaginez, si mes voisins de table avaient lu mon doute sarcastique sur le discours du Ministre ce 5 octobre 2023, qui semble tout droit sorti de ChatGPT, j’aurais été privé de dessert, sinon banni de la bonne société.
Pourtant, nous avons décidé de remettre le couvert, ce soir, avec Eric. Après avoir épinglé la forme, je vais juger au fond, avant de céder le clavier à Eric.
Le mammouth va grogner puis se rendormir
Allez, je vous le concède : on peut imaginer un instant que le Ministre est plein de bonnes intentions. “Choc des savoirs”, retour de l’autorité, “exigence des savoirs”, choc d’exigence, donc…. Le Ministre cite, sans le nommer, le ministre d’avant son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer, qui est resté cinq ans rue de Grenelle. Blanquer peut se targuer, en particulier par des dédoublements de classes à l’école primaire et parle retour aux “savoirs fondamentaux”, d’avoir enrayé – provisoirement ? – la chute de la France dans les comparaisons internationales (voir le classement PIRLS 2023).
Cependant, il y a aussi des ratés dans la période Blanquer, à commencer par la réforme du baccalauréat dont tous se plaignent : élèves, professeurs et proviseurs. Plus fondamentalement, le gros défaut de l’ancien ministre était son centralisme permanent (avec l’illusion que la parole du Ministre valait mise en œuvre) et son manque de confiance dans le potentiel d’une société de libertés : il a multiplié les contrôles vexatoires contre les écoles privées dites “hors contrat” [avec l’État].
Par conséquent, en écoutant le Ministre Attal et son volontarisme, on est perplexe : la mission “exigence des savoirs” a huit semaines pour rendre ses travaux. Le périmètre des travaux est gigantesque : on va de la réintroduction éventuelle de classes de niveaux à la probable refonte des programmes.
Admettons que nous partagions le constat sur le caractère contre-productif des classes hétérogènes en termes de niveau. Croit-on sérieusement qu’il suffise d’arriver, “comme un ouragan”, en Stéphanie de Monaco du Ministère de l’Éducation ?
C’est le même Attal qui, voici quelques jours, proposait plus de fonctionnaires pour lutter contre le harcèlement scolaire. Que se passera-t-il quand la tornade des huit semaines sera passée et que les syndicats commenceront à grogner devant les tentatives de réformes du Ministre qui sera, entre temps, sorti de “l’état de grâce” ? Transformera-t-on la mission “exigence des savoirs” en n-ième bureau de la rue de Grenelle avec ce qu’il faut d’embauches, en particulier pour veiller à la mise en œuvre de la réforme sur le terrain ?
Soyons sérieux, tant qu’un ministre ne renouera pas avec le laissez-faire bienveillant de Luc Chatel (Ministre de 2010 à 2012), qui faisait confiance, en particulier, aux chefs d’établissement pour expérimenter et innover, l’Éducation Nationale restera le mammouth dont parlait Claude Allègre (ministre de 1997 à 2002) : régulièrement l’animal grogne d’être réveillé par un Ministre qui s’agite un peu trop. Puis l’animal se rendort.
Plaidoyer pour la liberté scolaire
Comme Édouard l’a très bien souligné, les recettes d’une vraie réforme éducative sont bien connues : elles se déclinent autour de deux mots-clés, la décentralisation, d’abord, la liberté ensuite. Et depuis au moins trente ans, ces deux mots hérissent le poil d’une bureaucratie scolaire convaincue de détenir les clés de la République, et désespérément hostile à toute réforme.
Ce qui pose problème, c’est l’idée qu’il existerait une recette pédagogique unique, valable pour tous les établissements, tous les publics, toutes les régions. Un bon programme de l’Éducation Nationale, une bonne circulaire pédagogique et hop ! tout le monde apprend en même temps et de la même façon la même chose. Et cet apprentissage passe par “l’autorité de l’enseignant”, demi-dieu investi du savoir que l’élève doit religieusement écouter puis répéter.
Or nous savons tous que le monde ne fonctionne plus comme cela, et tout particulièrement notre jeunesse biberonnée à Internet et aux réseaux sociaux. Apprendre en 2023 n’a plus rien de commun avec apprendre en 1970 : les sources de savoir ont radicalement changé, et la construction du savoir également. La relation à l’autre, à l’autorité, à l’expertise, est désormais forgée sur de nouvelles bases.
Il est peu plausible d’imaginer que l’enseignement magistral et scolastique à la française puisse durer éternellement dans un monde désormais absorbé par l’horizontalité. On peut toujours faire le village gaulois, mais il semble plus rationnel de faire confiance aux gens de terrain.
Pendant dix ans au moins, il faut leur céder les “clés du camion”. Il faut arrêter avec le modèle de pédagogie unique, il faut arrêter avec les grandes usines nationalisées. L’heure est à l’autonomie des établissements, et à la déconcentration des méthodes.
Ce choix-là, la bureaucratie éducative le refuse depuis des années. C’est pourtant le seul qui compte. Réformer en abandonnant le pouvoir de réformer, réformer en confiant aux établissements le pouvoir de réformer, tel est le désordre temporaire nécessaire pour sauver nos enfants. Et, sur ce point, le ministre est bien muet.
Muet Attal ? Plutôt bavard comme un perroquet !
Des enseignants libres de leur pédagogie, c’était le credo il n’y a pas encore si longtemps. Les lauriers tressés à Monsieur Blanquer me semblent peu de mise, tant cet individu infatué a continué à détruire l’école PUBLIQUE. Avec des méthodes peu avouables : introduction d’associations complices, non identifiées, dans les structures scolaires, dénigrement systématique des enseignants, confusion maladive : chaque élève apprend à son rythme, mais on fait des batteries de tests tous les 6 mois pour fustiger les fabricants de retardataires. Morale de ceci : la méthode qui consiste à laisser chaque enfant aller à son rythme est tellement géniale qu’ils finissent par aller tous au même rythme !
Surcharge de demandes pour faire de l’école la courroie de transmission de l’idéologie dominante dûment reconnue par le ministre et le pouvoir.
Que Monsieur Attal ait eu seulement le début d’un état de grâce est la preuve que vessies et lanternes ne se distinguent décidément plus dans une société hébétée.
Réformer l’école sans virer la secte pedoclimatiste LGBT ne servira à rien
laissez les établissements hors-contrats se développer : c’est l’avenir.
détruire toute l’administration de l’Educ nat (à vendre à la découpe si quelqu’un en veut).
Chèque éducation pour qu’ils en aient les moyens…
Tout de braise, le boutefeu !
Il faut reprendre le système scolaire suédois qui a été réformé à la fin du siècle dernier, il faut supprimer le ministère de l’éducation nationale, les municipalités gèrent les écoles, les maires sont à portée de baffes, l’impôt finance l’école, les parents reçoivent un bon pour éduquer leurs enfants, les parents choisissent l’école. Les écoles d’enseignants grévistes, absents, à idéologie wokiste, avec éveil à la sexualité par des intervenants LGBT font vite faillite.
“Plaidoyer pour la liberté scolaire” – Bravo, extrêmement juste !
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“Réformer en abandonnant le pouvoir de réformer, réformer en confiant aux établissements le pouvoir de réformer, tel est le désordre temporaire nécessaire pour sauver nos enfants.”
Confier le pouvoir de réformer AUSSI à la société civile me semblerait plus adéquat, c’est-à-dire laisser aussi la porte ouverte à des initiatives, des innovateurs, des expérimentateurs (certes dans un cadre toutefois protecteur pour les enfants… et ce, sans “marchandiser” l’éducation). Certes, les établissements pourraient à leur échelle eux aussi être à la base de réformes, mais donc pas seulement les établissements (cela pourrait venir aussi d’enseignants et de parents, par exemple).
Je ne pense pas non plus qu’abandonner le pouvoir de réformer aux établissements et à la société civile signifie ipso facto un “désordre”. Ce point de vue me paraît non fondé. Je ne comprends pas d’où vient une telle idée. Une réforme se doit bien sûr d’être bien réfléchie, pensée…
Ce qui me paraît par contre essentiel, est qu’il existe un “droit à l’expérimentation sociétale” qui puisse être mis en oeuvre, non pas aujourd’hui en France à partir seulement de l’Assemblée Nationale”, mais aussi mis en oeuvre directement à partir des citoyens eux-mêmes. Bref, non seulement l’enjeu est que le Gouvernement abonnement son droit à réformer, mais plus encore, qu’un droit à réformer (expérimenter plus exactement) soit conféré à société civile.
Voir par exemple ici : https://www.civiliens.info/_files/ugd/474b2d_f06388d5faff40c093e211e6798a30fe.pdf
La seule solution : faire une sorte de double cursus à la maison avec des choses vraiment sérieuses : maths et grammaire, à l’ancienne, quitte à se procurer des vieux manuels des années 50. Avec phrases de grands auteurs en prime et une richesse de vocabulaire que l’on ne voit plus en classe. L’école est et restera une garderie, n’attendons rien d’elle et du Ministère. Il faut que les familles se prennent en charge. Plus que jamais la culture se développe en famille (richesse des conversations, pas de télé, mais de la lecture, de la pratique instrumentale, etc.). Tout se joue non pas à l’école mais durant le temps hors-école. Autrefois l’éducation se passait en famille et on pouvait espérer que l’instruction se passe à l’école, c’est fini. 450 h de français en moins sur le primaire au profit de la défense des valeurs de la Republique (charabia abstrait pour les enfants), forcément, ça se paie très cher en fin de CM2.