Bruno Le Maire nous offre, à chacune de ses sorties, de superbes cadeaux éditoriaux, puisqu’il est à lui seul une sorte d’usine à pondre des citations hallucinantes. Sa seule existence à Bercy prouve que la France est capable de se réindustrialiser… pour le meilleur comme pour le pire. De sortie dans un cabinet de recouvrement de créance (on sait, depuis son dernier roman consacré à la dilatation de l’anus, que le cabinet constitue pour lui la meilleure assise), il a expliqué que nous vivions une transition séculaire… et réciter son bréviaire de la mondialisation aveugle. En quelques phrases, il nous a annoncé que tout changeait, sauf l’Etat, et sauf Bercy dont il a les commandes. Mais nous devons avoir confiance dans notre bureaucratie. On s’approche des sommets du lemairisme.
Le cabinet ARC, chargé de recouvrer les créances, notamment à l’aide d’une armée d’huissier de justice qui tournent autour de leur proie comme de vieux vautours affamés, a eu la bonne idée d’inviter Bruno Le Maire pour parler des entreprises et de leur confiance à la fois dans l’avenir et dans l’Etat. Et Bruno Le Maire a accepté, convaincu qu’une entreprise est d’abord une sorte de garde-manger ambulant pour inspecteur des impôts affamé, une bête dodue que l’on doit harceler pour lui manger la couenne sur le dos – puisque c’est bien le métier du cabinet ARC, sur lequel on pourrait disserter longuement.
Ce petit-déjeuner en compagnie du Droopy de capitalisme français de connivence, Jean-Marc Sylvestre, a donné lieu à la ponte de nouvelles citations de la part de Bruno Le Maire, qui, à défaut d’être un grand auteur, deviendra à coup sûr un grand personnage de roman, plutôt dans la lignée de Bouvard et Pécuchet.
« Nous engagerons encore d’autres mesures pour soutenir le monde entrepreneurial. Je pense en particulier à un rendez-vous majeur qui est celui de la simplification. Trop de règles, trop de normes, trop d’obligations empêchent de dégager de la valeur et de la trésorerie. Nous allons simplifier au maximum, avec une approche qui ne viendra pas de Bercy mais qui reprendra vos propositions sur le terrain, sur tous les territoires. »
Bruno Le Maire
Le ministre a expliqué les changements du monde et a pris acte du fait que, pour changer la sur-administration bureaucratique que Bercy impose aux entreprises… il allait engager des mesures, comme la simplification. Six ans à Bercy, six ans de changement historique dans le capitalisme, mais, s’agissant de Bercy : « nous engagerons encore d’autres mesures ».
Pourquoi remettre à demain ce que l’on peut faire après-demain. Mais comme le dit très bien Saint-Bruno, le problème n’est pas d’agir, mais de communiquer dans les salons parisiens.
« Nous engagerons encore d’autres mesures pour soutenir le monde entrepreneurial. »
Les entreprises ont-elles besoin d’être « soutenues » ou surtout q’on ne les tabassse pas fiscalement et réglementairement?
« Je pense en particulier à un rendez-vous majeur qui est celui de la simplification. Trop de règles, trop de normes, trop d’obligations empêchent de dégager de la valeur et de la trésorerie. »
La communication de la caste doit passer par un » Je vous ai compris! »
« Nous allons simplifier au maximum, avec une approche qui ne viendra pas de Bercy mais qui reprendra vos propositions sur le terrain, sur tous les territoires. »
Le clou: on va vous écouter (peut-être). L’approche « ne viendra pas de Bercy », mais des fonctionnaires (de Bercy of course!) vont trier les propositions avant que l’Etat les impose partout.
Est-ce que, par hasard, ce ne serait pas mieux de redonner de la liberté aux entreprises afin qu’elles s’appliquent à elles-mêmes leurs bonnes propositions?….
Des mesures, des mesures ! Ils prennent toujours les mesures ! Mais ça fait 6 ans qu’on attend nos habits !!