Le combat entre Raquel Garrido et Jean-Luc Mélenchon, désormais sur la place publique, illustre un aspect mal connu de la France Insoumise. Alors que le candidat à la présidentielle est mis en difficulté par l’affaire Chikirou, dont les pratiques financières éclaboussent Mélenchon lui-même, et par l’affaire de son protégé Quatennens qui a défrayé la chronique, Mélenchon a organisé l’humiliation publique de l’une de ses anciennes protégées devenue un temps pigiste pour Bolloré, dans l’émission poubelle d’Hanouna, et contestataire au sein du parti : Raquel Garrido, épouse à la ville d’Alexis Corbière autre ancien protégé devenu rebelle. Mélenchon est battu par les flots, mais il tient toujours debout.
Raquel Garrido est l’une des “historiques” du mouvement mélenchoniste, puisqu’elle soutenait déjà son gourou du temps de la Gauche Socialiste, dans les années 90. Elle était aussi, déjà, l’épouse d’Alexis Corbière, lui aussi sectateur du gourou. Mais les temps ont changé. Trente ans plus tard, le couple Garrido-Corbière, qui se fait la courte échelle pour obtenir la reconnaissance de la caste, est désormais en guerre plus ou moins ouverte contre le leader du parti.
Acte I : le bureau du groupe Insoumis l’a privée de son droit de parole pendant 4 mois à l’Assemblée, pour avoir critiqué le chef. Garrido avait, dans la pratique, profité d’une interview à la radio pour dire que Mélenchon nuisait aux intérêts du parti.
Acte II : Garrido contre-attaque dans les colonnes de Bernard Arnault, ce matin, en disant tout le mal qu’elle pense de cette sanction. Elle considère la procédure comme loufoque, mais, en ombre chinoise, on comprend que l’affaire palestinienne est le vrai moteur de la sanction.
On m’a reproché aussi une expression publique à propos du Hamas et de ce qu’en avait dit la députée Danièle Obono. On m’a reproché encore d’avoir dénigré sur Franceinfo le 22 octobre (elle cite) : « Le candidat commun des parlementaires LFI au poste de Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon, lequel a permis l’élection de nos députés. » C’est ce qui est écrit dans l’acte d’accusation. Et, le 11 octobre, sur une boucle Telegram, d’avoir réfuté tout un argumentaire qui avait été développé pour ne pas qualifier le Hamas d’organisation terroriste. J’ai dit que c’était faux.
Raquel Garrido
On comprend donc que, face à la campagne médiatique d’une violence inouïe menée contre Mélenchon sous le prétexte de ses positions sur la Palestine, la bataille fait rage sur le contrôle du parti. Désormais passée du côté de la caste et de Bolloré, Garrido participe à une fronde destinée à empêcher Mélenchon de se présenter en 2027. Mais le leader insoumis peut tout de même se prévaloir d’une excellente santé dans les sondages.
La bataille sera sans pitié.
J’avoue ne pas trop suivre l’actualité des Insoumis, même si je trouve leur positionnement dans le conflit israélo/palestinien plutôt courageux et isolé politiquement. Visiblement Ruffin semblerait être poussé en coulisse pour prendre la succession de Mélenchon, n’y aurait il pas une lutte intestine avec Garrido dont vous dites qu’elle est “passée du côté de la Caste” ?