L’Espagne est en pleine crise catalane;et voici qu’Alejo Vidal-Quadras, âgé de 78 ans, ancien président du Parti Populaire et fondateur, en 2013, du parti Vox, identitaire et conservateur, est visé à bout portant par un tireur casqué, en pleine rue à Madrid. Vidal-Quadras, qui s’en est sorti, a curieusement indiqué aux enquêteurs sa conviction que la tentative d’assassinat venait de ses liens avec l’opposition iranienne. La piste apparaît peu convaincante mais elle est l’occasion de constater, une fois de plus, les liaisons dangereuses des droites européennes et leur relation tortueuse à la nation(des autres).
Jeudi 9 novembre, Ajejo Vidal-Quadras, figure historique du Parti Populaire espagnol, qu’il a quitté pour fonder Vox, parti identitaire et conservateur, a été victime d’une tentative d’assassinat en pleine rue à Madrid. Longtemps parlementaire en Catalogne, l’homme est aussi un ancien président du Parlement européen. Blessé au visage, il a survécu à ses blessures. L’annonce de l’attaque manquée a suscitéune compréhensible émotion outre-Pyrénées.
Vox est fondamantalement opposé à l’indépendantisme catalan. Vedal-Quadras a été président du Parti Populaire en Catalogne. Il est tentant d’établir un lien entre les très âpres débats qui concernent, actuellement, l’amnistie accordée par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez aux organisateurs d’un référendum illégal sur l’indépendance en Catalogne, et la tentative d’assassinat de la personnalité politique espagnol.
Vidal-Quadras pointe l’Iran
Or, de manière inattendue, Vidal-Quadras lui-même, a indiqué aux enquêteurs que ses soupçons ne se dirigeaient pas vers un règlement de compte interne à l’Espagne mais vers un désir de le punir pour les liens qu’il entretient avec le Conseil national de la Résistance iranienne.
A cette occasion, le journal El Pais cite ce curieux aveu fait par l’intéressé lui-même, il y a quelques années:
Les fonds des exilés iraniens n’ont pas seulement servi à payer la campagne européenne de 2014, mais aussi à lancer Vox (…). Santiago Abascal était au courant de tout, je lui ai expliqué ma relation avec le CNRI (Conseil national de la résistance iranienne) et je lui ai dit qu’ils nous financeraient. Il était d’accord. Il était ravi. Il n’avait aucune objection. Le parti a reçu le premier virement d’opposants iraniens (1 156,22 €) le jour même de son inscription au registre des partis politiques du ministère de l’Intérieur : le 17 décembre 2013. Au total, les dons s’élèvent à 971 890,56 euros.
El Pais, 10 novembre 2023
En recherchant un peu les moyens dont dispose l’opposition iranienne, je trouve par exemple, dans un article de 2008,publié par le journal suisse Le Temps, des détails intéressant sur les Moudjahidin du Peuple,composante du CNRI:
Les Moudjahidin ont des moyens considérables. Le faste et l’ampleur de la réunion de Villepinte en ont fait la démonstration. «Tout est financé par nos supporters, par le peuple iranien et la diaspora», note Elaheh Azimfar, basée à Auvers-sur-Oise, en France, comme la plupart de ses camarades. «Je leur ai longtemps versé une cotisation», admet Nazi, ex-sympathisante aujourd’hui domiciliée en Suisse. «Les Moudjahidin ont amassé beaucoup d’argent sous Saddam Hussein car ils exécutaient les basses œuvres de son régime», argue de son côté Bernard Hourcade. Une version que d’autres sources confirment. Le capital aurait été investi judicieusement, à travers un réseau de sociétés écrans. Selon le chercheur, la capacité d’espionnage des membres de l’OMPI lui confère également des alliances précieuses avec les milieux du renseignement, notamment américains et français, une autre source potentielle de financement. Yves Bonnet, ancien directeur de la DST, a ainsi préfacé un ouvrage sur les Moudjahidin qui salue la «résistance aux ayatollahs». «Ce sont des mercenaires, ils auraient proposé des services anti-iraniens à plusieurs Etats arabes du Golfe», énonce Alain Chevalerias.
Le Temps, 3 octobre 2008
Cet atlantisme qui fait perdre le fil aux droites européennes
L’ambassade d’Iran en Espagne a publié hier un message, qui ne mentionne pas la tentative d’assassinat mais est très explicite sur la désapprobation de Téhéran:
Comunicado de la Embajada de la República Islámica de Irán en condena del terrorismo
Con 17.000 víctimas inocentes por los actos terroristas de la secta MKO, la nación iraní ha sido y es una de las mayores y más antiguas víctimas del terrorismo. En este sentido, la lucha contra…
— Embajada de Irán en España (@IraninSpain) November 9, 2023
Le texte dit:
Déclaration de l’ambassade de la République islamique d’Iran condamnant le terrorisme
Avec 17 000 victimes innocentes des actes terroristes de la secte MKO, la nation iranienne a été et reste l’une des plus anciennes et des plus importantes victimes du terrorisme. À cet égard, la lutte contre le terrorisme et la traduction en justice des auteurs d’actes terroristes sont définies comme l’un des principes et l’une des priorités de la politique étrangère de la République islamique d’Iran, qui condamne fermement toute forme d’opération terroriste.
compte X/Twitter de l’ambassade d’Iran en Espagne
A vrai dire, qui s’attendait à voir le Proche-Orient s’inviter ainsi dans l’enquête sur l’attentat manqué? La maladresse du tireur qui a simplement blessé Vidal-Quadras à la mâchoire faisait penser dès avant ce communiqué que le régime iranien n’est pas dans le coup.
Cela ne rend que plus suspecte la manière dont la presse se fait l’écho d’une piste iranienne en pleine tension au Proche-Orient. La caste occidentale cherche-t-elle vraiment des prétextes pour accuser l’Iran?
Par la même occasion comment ne pas être perplexe devant les financements indirectement américains (car s’agit-il d’autre chose? ) amenée par le co-fondateur d’un parti dont les militants et les électeurs veulent à tout prix préserver l’intégrité de l’Espagne et sa souveraineté?
Les otaniens sont assez prédictibles dans la désignation sans preuve des coupables.
Il y a deux mois cela auraient été les Russes, aujourd’hui ce sont les iraniens et dans un an ce seront les chinois.
Comme si ces pays s’intéressaient à des personnes aussi insignifiantes que les hommes politiques européens.