Il faut parcourir le touffu, l’abondant, l’ingrat portail statistique des branches professionnelles mis à jour par la DARES, pour comprendre le désastre économique et industriel français. Grâce à ce répertoire statistique, on comprend très vite l’ampleur des dégâts causés par la mutation discrète mais systémique de la société française vers une sorte de Club Med à ciel ouvert. L’industrie a disparu et, en dehors de quelques cols blancs, l’essentiel de l’emploi est tourné vers le service à la personne, et plus particulièrement, vers ce service très particulier qu’est le divertissement des individus. La France ne vit plus que pour le plaisir et le confort.
La France devient un immense Club Med, comme on le devine à travers les statistiques délivrées par le ministère du Travail dans le cadre du portrait annuel des branches professionnelles. Pour s’en rendre compte, il suffit de lire la synthèse que le ministère en donne :
Les conventions collectives de branche couvrant le plus de salariés sont celles des bureaux d’études techniques-Syntec (1 237 620 salariés), des transports routiers (844 420), du commerce détail et gros à prédominance alimentaire (763 440), des hôtels cafés restaurants (755 840) et des entreprises de propreté et services associés (558 160).
Ces branches professionnelles ne sont pas nécessairement celles qui rassemblent le plus d’entreprises. En effet, en 2021, les cinq branches professionnelles comptant le plus d’entreprises les appliquant en convention collective principale sont celles du bâtiment ouvriers jusqu’à 10 salariés (124 243 entreprises), les hôtels cafés restaurants (117 999), les bureaux d’études techniques-Syntec (109 496), les services de l’automobile (69 846) et celle des gardiens concierges employés d’immeubles (51 891).
DARES
Autrement dit, la France compte 18 millions de salariés dans le secteur privé (pour une population active de près de 30 millions de personnes, désormais), dont 1,2 millions sont des consultants en tous genres. Pour le reste, les gros bataillons se répartissent entre 850.000 salariés qui transportent des marchandises, 765.000 salariés qui font de la vente, 755.000 salariés qui font vivre le tourisme au sens large (l’hôtellerie et la restauration), et 560.000 salariés qui sont chargés de nettoyer les locaux des autres salariés, ou les lieux que le public emprunte.
Bref, c’en est fini de l’industrie, des ouvriers, de l’agriculture. Tout ce petit monde qui a constitué la prospérité française a fait l’objet d’un Grand Remplacement par une civilisation du loisirs et du confort, où tout est organisé pour accueillir des touristes et des retraités. La France est devenu un immense village de vacances.
Oui – ce qui est amusant c’est que sous la pression des syndicats et des medias incultes, la référence de la misère en France c’es toujours “l’ouvrier” (et l’ouvrière). Or, d’ouvriers, il n’ y en a pour ainsi dire plus, sauf dans le bâtiment.
Beaucoup d’entreprises de Syntec sont des SSI qui fournissent du service à l’industrie ou entreprises de technologie ou aux administrations. Dommage que l’article ne précise pas le nombre d’emplois industriels et le nombre d’entreprises. Cependant les données officielles montre une dégringolade de l’industrie française, en particulier depuis la mise en place de la belle UE.
L’industrie représente 9 % du PIB, soit le même chiffre que pour la Grèce. Son modèle social le plus généreux au monde avec le pognon du secteur privé n’y est pas étranger.
Vous avez tout à fait raison.
Beaucoup de cadres techniques de l’industrie sont dégagés des entreprises de taille moyenne jusqu’ aux grands groupes à la faveur de plans sociaux. Leur expérience, leurs compétences et le fait qu’ils ne se laissent pas balader par les pseudos managers (HEC, IAE, etc…), sont insupportables pour derniers.
Je l’ai vécu personnellement. Très heureux avec mon EURL pendant ces 12 dernières années à gérer très concrètement des projets de recherche et développement dans mon domaine de compétence très spécifique.
Évidemment la rémunération n’était pas celle de MC Kinsey, ni même de mes employeurs (grand groupe) dont j’étais le ” nègre”, mais dans la mesure où j’étais efficace je bénéficiais d’une grande autonomie et confiance.
Bien évidemment au niveau cotisations de retraite (RSI) et couverture sociale rien à voir avec le statut salarié.
Donc MM les libertariens, avant de mépriser les consultants, pensez à vous renseigner sur la réalité d’une uberisation qui a touché aussi les cadres de l’industrie
Quel est l’intérêt de faire de la polémique là où il n’y en a pas. On n’est ni pour ni contre les consultants.