La Marseillaise est l’hymne national de la République française depuis le 14 juillet 1795. Nous étions alors en pleine Révolution, qui avait commencé en 1789 et fut supposée avoir achevé sa course après le coup d’Etat de Bonaparte en 1799, « s’arrêtant aux principes qui l’ont déclenchée ». Ce régime qui au début se sentait à juste titre menacé par une réaction ou une contre-révolution, a pu se consolider sous la IIIe République après l’échec politique et la mort sans descendance du Comte de Chambord, par un habile travail de persuasion qui a établi sa solidité dans l’esprit des Français jusqu’à aujourd’hui, au point que la plupart de mes lecteurs se demandent bien où je veux en venir. En réalité, la force de la République est toujours venue de sa capacité à s’appuyer sur le monde d’avant. En témoigne l’histoire amusante – et peu connue – des origines de la Marseillaise, une musique « d’Ancien Régime » génialement détournée.
Nous avons tous pu admirer une gravure montrant Rouget de Lisle interprétant cet air accompagné au piano : l’épée au côté (c’est un chant de marche, voyez-vous), une main sur le cœur, le bras levé vers le ciel rougeoyant pour nous montrer la voie à suivre, celle de notre sacrifice suprême, et accessoirement de celui de l’ennemi (« Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! »). A l’entonner dans la rue, ou au stade, ou à la fin d’un meeting politique, l’envie nous prend évidemment de féliciter le génial Rouget de Lisle… mais hélas ! Un peu d’étude nous apprend que cet air a été intégralement plagié d’un extrait de l’oratorio Esther, composé en 1787 par Jean-Baptiste Grisons (1746-1815). Je n’écris pas : « largement copié », mais bien « intégralement plagié », note pour note, accord pour accord :
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L’idéal serait que l’UE s’effondre comme l’URSS en 1991 puis en s’alliant avec la Russie et en rompant avec le US l’Europe se redresserait.
Voilà une parfaite démonstration qu’une oeuvre d’art vit sa propre vie, indépendamment de son auteur. Bravo à Giovanni Battista Viotti qui a créé en 1781 une musique de chambre tellement dynamique qu’elle est devenue l’hymne national français qui a porté au combat les troupes révolutionnaires contre les armées de la première coalition européenne en 1792.
Bien entendu la musique seule ne suffisait pas, les paroles bien senties du capitaine Rouget de Lisle, ont complété l’oeuvre finale en un hymne à la liberté et à ses guerres. Son interprétation romantique guerrière devant l’état major de l’armée du Rhin à Strasbourg fut le premier pas. Mais c’est bien la qualité intrinsèque de l’oeuvre et sa temporalité qui lui ont permis d’être adoptée comme une trainée de poudre par toutes les armées françaises.
Où plagiat y-a-t-il? Quel auteur a été lésé? Les droits d’auteur ont largement expiré.
il me semble que c’est aussi le cas du « God save the King » ?
Ce qui est ironique, c’est également que Rouget de Lisle était partisan d’une monarchie constitutionnelle !
Un prêtre m’avait dit il y a quelques années que l’air de la Marseillaise était un air (non grégorien) du « Tantum ergo » chanté lors des saluts du Saint Sacrement ! Ce qui en effet marche très bien et n’enlève rien aux origines, indubitables, sus-citées.