Le fondateur russe de Telegram, Pavel Durov, installé dans la Silicon Valley, envisage d’introduire son entreprise à la bourse de New York. C’est l’occasion pour le « milieu » financier américain de vouloir « prendre le contrôle » du réseau et de mener une campagne pour l’instauration d’une censure en bonne et due forme dans des échanges présentés comme criminels et relevant du Dark Web. La loi du profit aura-t-elle raison de ce dernier espace de liberté ?
Pour le fondateur russe de Telegram, Pavel Durov, le choix est cornélien. Selon le Financial Times, qui mène une discrète campagne peu sympathique contre ce réseau bien connu de nos lecteurs, Telegram entame les opérations pour son introduction en bourse.
Créé en 2013, Telegram est aujourd’hui installé juridiquement à Dubaï, ce qui lui permet d’échapper aux différentes lois de « régulation » des réseaux sociaux. Créé pour permettre une libre expression sans censure, le réseau est aujourd’hui crédité de 900 millions d’utilisateurs actifs. La valeur estimée du réseau est 11,5 milliards $.
Pour mémoire, Durov avait aussi créé le réseau russe VK avec son frère. C’est en le revendant à des oligarques russes qu’il s’est enrichi. Le prix de la vente lui a permis de s’exiler à Dubaï pour échapper aux pressions poutiniennes. Le réseau fut d’ailleurs interdit pendant deux ans en Russie, en 2018.
Pour se développer, Telegram a levé 2 milliards $ ces dernières années, sous forme de dette. Le réseau s’appuie sur 80.000 serveurs propriétaires, gérés par une petite équipe de 7 ingénieurs, ce qui semble ridiculement bas. L’entreprise Telegram n’emploie que 50 personnes aujourd’hui. L’ensemble s’appuie sur la blockchain TON, développée désormais en open source, mais initiée par Durov lui-même. Durov a progressivement développé des produits pour monétiser son audience, et revendique désormais un quasi-équilibre financier.
Selon le même Financial Times, Durov envisage désormais une introduction de Telegram en bourse. Toute la difficulté tient aux contraintes légales qui s’exerceront sur ce réseau à ce moment-là : compte tenu des tartines et des tartines que le Financial Times recouvre sur le sujet de « Telegram = dark web » qui abrite tous les criminels, terroristes, complotistes et extrémistes de la planète, Durov devra prendre des mesures désagréables…
Entre la liberté et le fric, il faut choisir. Nul ne peut servir deux maîtres…