La droite française n’est pas plus lucide que la droite américaine. Elle est autant décervelée que sa sœur d’Amérique du nord par le néo-conservatisme. On s’y offusque de ce que l’extrême-gauche manifeste sur les campus pour dénoncer les massacres de civils palestiniens par l’armée israélienne. La rhétorique consistant à assimiler les étudiants et le terrorisme est bien huilée , sous prétexte que des groupes d’extrême gauche sont, au moins partiellement, à la manœuvre. Et pourtant, quel aveuglement. N’est-il pas absurde de laisser le thème de la défense de Gaza et de l’avenir d’un Etat palestinien souverain à l’extrême-gauche? Surtout quand on est persuadé de défendre les intérêts de la France.
Nous avons parlé hier des campus américains. En France, Sciences Po joue le rôle de Columbia:
“De Paris à Gaza : résistance résistance”
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L’amalgame pro-Palestinien / pro-arabe / pro-immigration fonctionne à fond…
Dans ce monde binaire où, si l’on n’est pas “pour” on est “contre”, la victime est d’abord l’intelligence des faits.
la totalité des politiciens (ou presque) est trop lâche pour voir la réalité des crimes de Tsahal.
Si le général de Gaulle voulait conserver la France, il n’était pas pour autant “conservateur”, ni libéral. Il a été très clair dans sa dénonciation du libéralisme et son projet de Participation qui était au centre de sa pensée politique a été torpillé par les libéraux (Pompidou, Giscard….). En 1968, il a dit “Ils ont fait élire une chambre PSF, je vais leur faire une politique PSU” ! Les successeurs du Général ont dissimulé ce pan essentiel de sa pensée comme l’a reconnu Jacques Godfrain dans ”Politique sociale et participation”. La Participation voulue par le Général visait à rendre les salariés propriétaires des entreprises par un mécanisme très marxien puisqu’il s’agissait de leur rendre une partie des richesses qu’ils produisent et qui sont confisquées par les détenteurs du capital (en l’occurrence une moitié de l’autofinancement). Ce projet avait été pensé par Maurice Loichot, un polytechnicien et fondateur d’un groupe industriel mais le Général et ses amis “gaullistes de gauche” (Capitant et Vallon) le reprirent intégralement à leur compte (Amendement Vallon de 1965)
Concernant les Palestiniens, il ne fait aucun doute, à mon avis, que Charles de Gaulle aurait dénoncé la politique de Netanyahou. Pour lui, le principe de base était le principe du droit des peuples à l’indépendance nationale, ce qui n’est pas un principe libéral. Les libéraux, comme les socialistes d’ailleurs, sont indifférents aux peuples et aux nations; pour eux, il n’y a que, d’une part, des individus et, d’autre part, l’humanité dans sa globalité; les uns et les autres sont mondialistes. Le libertarien Hayek disait “Quand on parle de nation, on s’approche du communisme”. L’individualisme libéral, d’origine anglaise (Locke), a pour origine le nominalisme, d’origine anglaise (Guillaume d’Ockham) que Locke connaissait bien. La philosophie politique, nationale, républicaine et solidariste du Général n’est compatible ni avec les différents libéralismes ni avec les différents socialismes; ce n’est pas un moyen terme ou un mix entre ces idéologies, c’est une autre voie.
La guerre sémite fratricide entre Jerusalem et Gaza est en soit horrible, d’autant plus que c’est une guerre asymétrique entre les enfants d’Abraham, israélites et ismaélites. Seuls les libertariens peuvent s’exprimer librement à ce sujet, car comme dit Sebastien Caré, «Le libertarianisme est le fruit du mariage assez improbable entre la droite libérale et la gauche radicale». La fraternité est en principe le chemin de la paix.