Pavel Durov, le PDG de Telegram, a été arrêté en République française au motif qu’il ne censure aucun intervenant sur son application. Par-delà les prétextes invoqués, destinés à convaincre le plus grand nombre, on peut y voir un effet de la campagne présidentielle américaine, qui va probablement gagner en intensité à mesure que l’on s’approchera du mois de novembre. Déjà, le candidat Trump a été victime d’un attentat, sur lequel aucune enquête n’a été diligentée, comme c’est habituel aux Etats-Unis pour les attentats politiques ; mais dans ce pays où les médias sont à 98% démocrates, il est évident que la captation des outils d’information constitue un enjeu constant de la campagne, plus fiable encore, si l’on peut dire, qu’un simple attentat ; car après tout, l’assassinat de Trump ne règlerait pas la question de fond, à savoir qu’une bonne moitié de la population s’oppose à l’Etat profond : ainsi, à Trump pourrait succéder une autre tête de file : Vance, pressenti comme vice-président, ou d’autres encore, comme le gouverneur de Floride De Santis.
L’Union européenne, qui appartient à l’Empire américain, s’aligne mécaniquement sur les mesures prises par le camp démocrate pour assurer sa domination idéologique et politique. Dans cette Union européenne se situe la République française, qui, sur son territoire, assure cette domination. A cet égard, il n’est pas inutile de rappeler quelle est la couleur dominante de son propre paysage médiatique. On sait que la République avait cru, dans un premier temps, faire mourir plusieurs chaînes télévisuelles indépendantes à force d’amendes – plus de 7 millions pour C8 – mais s’était heurtée à un mur d’argent capable de résister à la pression. Elle a donc décidé de retirer purement et simplement leur fréquence TNT à C8 et à NRJ 12, invoquant « l’intérêt de chaque projet pour le public au regard de l’impératif prioritaire de pluralisme des courants d’expression socio-culturels ». Mais ce souci de pluralisme, présenté comme un « impératif prioritaire », peut être évalué à l’aune d’une étude effectuée en février dernier par l’Institut Thomas More.
Analyse du paysage médiatique français
Durant cette enquête, il est apparu que 4% seulement des invités du Service public se situaient à droite, et quand on parle de la droite, il s’agit en fait « des » droites, c’est-à-dire essentiellement une droite appartenant à un héritage giscardien, devenu giscardiano-chiraquien compte tenu de la carrière de Chirac, mais sans changement ; autrement dit, une droite réduite aujourd’hui à environ 10% du corps électoral, excluant donc les 33% du RN. Ces deux chiffres additionnés montrent que l’opinion penche de toute évidence à gauche, disons à 55%. Ce chiffre, si important soit-il, ne correspond pas aux 4% d’invités des droites sur le Service public.
En regardant les choses dans le détail, on voit que France Culture n’en a accueilli que… 1%. Et encore faut-il prendre avec précaution cette étiquette « des » droites, qui peut tout aussi bien concerner une droite macronisto-compatible, comme Rachida Dati. C’est France Info, chaîne concentrée sur l’information comme son nom l’indique, qui donne le chiffre le plus élevé – naturellement, en février, donc hors campagne électorale officielle – avec 8% d’invités venant « des » droites. Là encore, on est tout de même loin des 45% que pèse la droite dans les urnes.
Manipulation du débat sociétal
De fait, les grands débats de société à venir, notamment celui sur l’euthanasie, s’en ressentent : seuls 16% des invités se sont déclarés contre. On sait que le combat idéologique commence par le vocabulaire : on a remplacé « euthanasie » par « fin de vie », ce qui est neutre, comme on remplaça jadis « avortement » – un terme déjà impropre, car en principe un avortement est naturel – par « interruption » – autre terme impropre, une interruption supposant la possibilité d’une reprise. On voit ainsi comment le terrain du débat n’est nullement neutre mais balisé par une tendance. A partir du moment où le camp des futurs vaincus adopte le vocabulaire des futurs vainqueurs, un pas a déjà été franchi en faveurs de ces derniers ; mais la répartition des intervenants selon leur positionnement entre également en ligne de compte. Sous cette perspective, nous verrons ce qu’il adviendra des utilisateurs de l’application Telegram.
Le Courrier des Stratèges
Pensez par vous-même
Une confirmation de l’avachissement des français qui ne réagissent pratiquement pas à cette action liberticide et digne d’un régime totalitaire ?
Source : TTSO « Dans une étude qui tombe à pic, Luc Rouban (directeur de recherche au CNRS/Cevipof) fait le point sur l’arbitrage des Français entre démocratie et bien-être économique. Sa conclusion : la démocratie est « tombée de son piédestal ».
Contrairement à l’Allemagne ou à l’Italie, les Français sont plus nombreux à préférer leur bien-être économique au respect de la démocratie (39% vs 37%). Une vraie rupture avec ce que la science politique considérait comme un axiome fondamental : « la démocratie et l’enrichissement vont de pair ».
Les plus enclins à choisir l’économie vs la démocratie ? « Les plus libéraux (économiquement) », « les plus aisés » mais aussi les jeunes, déçus par le jeu politique. Et si le dépassement macronien ultime, c’était celui de la démocratie ?
Le modèle alternatif au primat démocratique : ce que Luc Rouban appelle le « modèle chinois » (= libéralisme autoritaire). Ça vous tente ?
https://www.sciencespo.fr/cevipof/sites/sciencespo.fr.cevipof/files/LR_bienetredemocratie_aou%cc%82t2024_VF%20(1).pdf «
Il n’y a pas avachissement pour une certaine quantité de la population : il y a fragmentation, archipelisation de la société, pour reprendre le titre d’un récent ouvrage.
Pourquoi ?
Parce que la France n’est plus qu’un patchwork de populations venues d’ci et de là : les habitus entre tout ce(s) petit(s) monde(s) étant différent(s), alors cela nous mène à l’indifférence, on ne se sent pas concerné parce que, peut-être, on n’a pas les clefs de compréhension (ou on s’en fout).
Par contre, oui, je pense que les autochtones sont, en partie, avachis : ils croient que l’État, leur veut du bien, ce qui est une erreur.