Vendredi dernier, trois personnes ont été tuées et huit blessées dans un attentat au couteau. Depuis, un débat sur le durcissement du droit d’asile domine les centrales des gouvernements et des partis. La politique d’asile de l’Allemagne dérape. Rien qu’entre janvier et juillet, 140.783 premières demandes ont été reçues, la plupart en provenance de Syrie, d’Afghanistan et de Turquie. Les communes manquent d’hébergements, de soins et surtout d’argent. Des protestations s’organisent également au sein de la population. Dimanche, il y aura des élections en Saxe et en Thuringe. L’AfD est en première position dans les pronostics. Mais l’attentat tombe à point nommé : le ministère fédéral de l’Intérieur veut donner à l’Office fédéral de la police criminelle (BKA) le droit d’entrer secrètement dans les appartements et de les fouiller. Quel meilleur argument que celui de la menace terroriste latente ?
Tout d’abord, les faits : vendredi soir, trois personnes ont été tuées et huit blessées, dont quatre grièvement, lors d’une fête municipale à Solingen. La milice terroriste IS a revendiqué l’attentat peu après. Le week-end dernier, un demandeur d’asile syrien (dont la demande a été rejetée) s’est rendu à la police. Il est depuis lors considéré comme suspect et se trouve en détention provisoire. Le Syrien était entré en Allemagne en 2022 via la Bulgarie et devait être expulsé l’année dernière.
Sur le fil du rasoir
Passons maintenant à la politique : depuis l’événement, un débat sur le durcissement du droit d’asile domine les centrales des gouvernements et des partis. La CDU veut remettre en vigueur l’accord de Dublin. L’Allemagne ne pourrait alors plus accueillir de demandeur d’asile ayant déjà pénétré auparavant dans un autre pays de l’UE. Le jeu est ainsi ouvert. Tout le monde a son mot à dire. Christian Lindner veut « mettre fin au magnétisme de l’État social allemand » et réduire au minimum les prestations sociales pour les demandeurs d’asile. Robert Habeck demande l’interdiction des armes dans les centres-villes et davantage de pouvoirs pour les autorités. Le chancelier Olaf Scholz se résout à demander une limitation de l’immigration irrégulière.
Entre janvier et juillet, l’Allemagne a reçu 140.783 premières demandes, la plupart en provenance de Syrie, d’Afghanistan et de Turquie. Au cours de la même période, le pays a présenté 43 469 demandes de retour, dont 25 049 ont été acceptées, mais seules 3 512 personnes ont été expulsées à ce jour. Ce dont le public n’aime pas parler, c’est du fait que l’Allemagne réadmet également des demandeurs d’asile d’autres États membres – jusqu’en juillet, 2.832 personnes ont atterri de cette manière à nouveau en Allemagne.
La politique allemande est défaillante sur cette question. Comme le Courrier l’a déjà rapporté en avril 2023, une résistance massive se manifeste dans les communes allemandes contre la politique migratoire du gouvernement fédéral. Il manque des hébergements, des soins et surtout de l’argent. Des protestations se forment également au sein de la population, ce qui a attiré l’attention du service allemand de protection de la Constitution. Comment les gens peuvent-ils comprendre que la caisse d’épargne, la piscine et les commerces de la commune sont fermés, mais qu’un village de conteneurs pour plusieurs centaines de réfugiés doit maintenant être construit ? Comment les gens peuvent-ils comprendre qu’ils ne peuvent plus payer leurs propres factures alors que les demandeurs d’asile reçoivent des soins de base, une aide sociale et un accès complet aux soins médicaux ?
Dublin – un prétexte ?
En réalité, le débat actuel porte sur bien plus que la question de l’accord de Dublin :
a) Dimanche, deux Länder de l’est de l’Allemagne élisent leur parlement : Saxe et Thuringe. Dans les pronostics l’AfD est actuellement en première position, et l’alliance Sahra Wagenknecht a également de bonnes chances. Les deux partis s’engagent pour une politique d’asile rigoureuse.
b) Dans un an au plus tard, l’Allemagne élira un nouveau Bundestag. La CDU/CSU se met en place et Friedrich Merz ne laisse planer aucun doute sur le fait qu’il aura son mot à dire. L’année dernière déjà, il avait abordé le thème de l’asile avec les communes allemandes.
c) L’attentat de Solingen arrive à point nommé : le ministère fédéral de l’Intérieur veut étendre les droits de l’Office fédéral de la police criminelle (BKA). Ainsi, le projet de réforme de la loi sur le BKA prévoit le droit de pénétrer secrètement dans les habitations comme mesure d’accompagnement de la perquisition en ligne et de la surveillance des télécommunications à la source.
Enfin, il convient de prendre en compte une circonstance que les politiques et les médias tentent d’occulter pour de bonnes raisons : depuis les attaques d’Israël à Gaza, on observe une augmentation soudaine des activités parmi les partisans de l’islam en Allemagne qui sont prêts à recourir à la violence – aussi bien sur Internet que dans l’espace public.
L’élite politique allemande doit être consciente qu’en tant que principal représentant des États-Unis en Europe, elle est devenue l’image de l’ennemi auprès de certains groupes cibles. Dans une récente prise de position, les Verts demandent davantage de surveillance à tous les niveaux. Ils devraient garder à l’esprit que ces instruments peuvent également être utilisés contre eux.
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