Encore une fois, une polémique est née, non pas des opinions des uns et des autres, mais de l’ignorance. Sur un plateau de télévision, un pauvre bonhomme a proclamé croire dur comme fer que ce monument a été édifié par la droite réactionnaire et cléricale en expiation des crimes de la Commune, commis entre la mi-mars et la fin mai 1871. A la décharge de celui qui clabaude, il faut rappeler que cette fable, parmi tant d’autres, a pénétré les esprits dès le collège dans les manuels « d’histoire », si l’on peut dire, de l’Education nationale. Mais ce n’est pas parce que c’est écrit dans ces manuels que c’est vrai, pas plus que « la guerre fraiche et joyeuse » de Guillaume II, la « brioche » de Marie-Antoinette, « l’Etat-c’est-moi » de Louis XIV, l’empire « byzantin », le « droit de cuissage » et autres inventions destinées à entretenir les idéologies.
En vérité, au mois de novembre 1870, donc pendant le siège de Paris par les Prussiens, qui dura du 19 septembre au 28 janvier 1871, les milieux catholiques ont émis l’idée d’imiter les Marseillais qui ont édifié la Bonne-Mère, et les Lyonnais qui projettent d’édifier Fourvière, pour implorer la protection de la Providence contre les épreuves de toutes sortes, maladies et guerres. En effet, l’heure est sombre, Sedan a décidé du sort de la guerre dès le mois de septembre, et maintenant les Parisiens souffrent de la faim à cause du siège.
Une initiative antérieure à la Commune de Paris
Quand on prétend invoquer l’histoire, la moindre des choses est de respecter les dates : on voit ici que ce vœu est formulé bien avant la période révolutionnaire de la Commune. Evidemment, on ne peut pas dire pour autant que les milieux catholiques parisiens aient après cela accueilli avec sympathie ce mouvement révolutionnaire, quand on sait que l’archevêque de Paris de l’époque, Mgr Darbois, sera fusillé par les Communards le 24 mai 1871, sans autre raison que leur fanatisme, en pleine Semaine sanglante et à quatre jours seulement de leur défaite face aux troupes républicaines modérées venues de Versailles.
De là à dire qu’il y a un lien de cause à effet entre la révolution de la Commune et l’édification de cette grosse pâtisserie minérale, c’est uniquement l’ignorance qui peut l’expliquer. Aucun rapport, donc, entre cette bâtisse et une quelconque « apologie du meurtre des 32.000 fusillés » dont s’indignent aujourd’hui M. Mélenchon et ses mélenchonistes.
A la rigueur une polémique esthétique….
Ce qui pourrait poser question, sans doute, c’est le goût esthétique du monument, édifié sur une colline anoblie par l’histoire antique, ce « Mont du martyre » – Montmartre – des premiers chrétiens à l’époque romaine, mais cette référence justifierait-elle que l’on admirât l’aspect extérieur de l’actuelle basilique ? Il y a eu pire en matière architecturale, bien sûr, en particulier au XXe siècle, mais tout de même, de là à la classer parmi les gloires artistiques de la France… Enfin, ceci est un autre sujet, l’essentiel ici est de comprendre comment les manuels de l’Education nationale peuvent conduire à des polémiques absurdes…
Le Courrier des Stratèges
Pensez par vous-même
Ne serait-ce pas la véritable andouille de Guémené qui clabaude ?
Si vous me le permettez, je dirais que cette polémique est tout à fait dérisoire, dans la mesure où le pèlerinage de Paris à Paray-le-Monial, au départ de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, fait le plein chaque année !