L’annonce d’une liste des Gilets Jaunes aux élections européennes, ce mercredi soir, conduite par l’aide-soignante normande Ingrid Levavasseur, a suscité beaucoup d’émotion. Elle a enflammé les réseaux sociaux et déclenché un bad buzz parmi les Gilets Jaunes surpris par cette annonce. Voici le film des événements qui ont conduit à cette annonce.
Depuis le 20 décembre, plusieurs leaders parmi les Gilets Jaunes, notamment en accointance avec Alexandre Jardin, se réunissaient régulièrement avec l’intention de « monter une liste » pour les européennes. Plusieurs réunions ont eu lieu à Paris, mais aussi à Marseille et à Toulouse. L’ambiance y était généralement survoltée. Mais on sentait bien, la semaine dernière, que le projet allait prendre forme, malgré les dissensions et les controverses.
Une réunion capitale ce dimanche
C’est lors d’un rendez-vous en Seine-et-Marne, aux confins de l’Essonne, chez Brigitte Lapeyronie, que les choses se sont décidées dimanche. Plusieurs figures des Gilets Jaunes se sont retrouvées à 14 heures, selon un processus d’organisation qui n’a pas été complètement transparent aux dires des participants. Certains étaient présents sans avoir été invités clairement, et les débats ont, en partie de ce fait, pris une tournure relativement compliquée.
La bande de Montargis à la manoeuvre
Le lieu de décision n’était pas neutre. Il favorisait nettement la « bande de Montargis », qui anime cette fraction des Gilets Jaunes, où l’on retrouvait au début Jean-François Barnaba, plutôt centriste, et Christophe Chalençon, plutôt proche d’une sensibilité villieriste (tendance général), aux côtés des « autres », dont Jérémy Clément ou Côme Dunis. D’ailleurs, ce dimanche, ni Barnaba, ni Chalençon, ni Ingrid Levavasseur ne sont présents à la réunion. Ingrid Levavasseur intervient toutefois en vidéoconférence pendant quatre heures. La réunion se termine à dix-neuf heures.
Y a-t-il eu des décisions opaques?
Lors de cette réunion, les décisions portent surtout sur l’organisation des différentes cellules du mouvement. La mise en place du Ralliement Initiative Citoyenne (RIC) fait l’objet d’une cellule spéciale avec un bureau dont la composition semble avoir flotté. Un débat s’est ouvert pour savoir si l’ancien candidat LREM aux législatives, Marc Doyer, devait y participer. Selon certains participants, le bureau comptait onze membres à la sortie de la réunion, dont Régis Passérieux, ancien membre éminent du parti socialiste parti à Montpellier créer le mouvement Refondation. Mais, le lendemain matin, il y aurait rétro-pédalage, et le bureau serait tombé à 5 membres seulement.
Le montage de la liste décidé le lundi
Mais le dimanche soir, le mouvement a surtout étalé ses divisions et ses fractures. La composition de la liste n’a pas été décidée. En revanche, il est clair pour tous les participants que Jean-François Barnaba s’en est retiré et qu’il laisse le libre champ à des personnalités hétéroclites, comme Marc Doyer, mais aussi Frédéric Mestdjian, agent immobilier à Boulogne, mais considéré par certains comme le meneur discret de la bande de Montargis. Au passage, on sait peu de choses de lui, et de ses accointances avec d’autres Arméniens comme Haik Shahinian.
Des couacs en perspective?
Les critiques sont allées rapidement bon train sur l’opacité qui a entouré le montage de cette liste. Certains lui prédisent quelques problèmes majeurs. Selon nos informations, par exemple, Haik Shahinian ne remplirait pas les conditions de nationalité pour pouvoir se présenter aux élections. Ce petit point qui reste à éclaircir ne l’a pas empêché d’être bombardé, dans des conditions opaques, directeur de la campagne. Les personnalités encore mal connues qui composent la liste ne devraient pas tarder à amener d’autres révélations.
En particulier, les influences réelles de Bernard Tapie et de la République En Marche dans le montage d’une liste qui favorise la majorité parlementaire devraient susciter de nombreux commentaires.
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