La CPME (confédération des petites et moyennes entreprises) vient de publier les résultats d’un sondage que nous reproduisons ici. Il donne une première mesure de l’étendue des dégâts économiques subis par les très petites entreprises, et les petites ou moyennes entreprises à l’occasion du confinement, puis du déconfinement.
La CPME a eu la bonne idée de faire le point sur l’état réel des entreprises pendant le confinement… et surtout pendant le déconfinement. Les chiffres que nous reproduisons ci-dessus donnent une bonne idée de l’état de notre économie. 3.000 entreprises ont répondu à cette enquête dans le courant du mois de mai. Chacun des chiffres mérite donc d’être étudié attentivement, puisqu’il renseigne de façon fiable sur une réalité mal perçue dans les médias.
Selon la CPME, 52% des entreprises ont réintégré leurs salariés en mai
Un premier chiffre significatif indique que seulement la moitié des entreprises a réintégré la totalité de ses salariés à temps plein sur son poste « classique » de travail. Autrement dit, même en déconfinement, la reprise de l’activité est extrêmement partielle…
L’étude indique que 41% des entreprises ont continué à mobiliser le chômage partiel. c’est une proportion considérable qui montre qu’un déconfinement partiel (sans ouverture des lieux de convivialité, sans tourisme et pleine liberté de circulation) ne permet de faire fonctionner le pays qu’à 50%. Autrement dit, notre économie est désormais sérieusement rivée à une libre circulation des personnes et des marchandises…. sans quoi… c’est le déclin assuré.
Ce constat ne fera sans doute pas plaisir aux démagogues d’un souverainisme fantasmé, mais la réalité est là : nous avons besoin de libre échange pour assurer notre prospérité (même si la configuration de ce libre échange peut se discuter).
Télétravail et PME
Autre point à noter… 21% seulement des TPE et PME continuent à avoir recours au télétravail (soulignons ici que, à l’occasion de sa réouverture dans le déconfinement, une entreprise peut maintenir une partie de ses salariés, par exemple ceux chargés de l’accueil du public, au chômage partiel, une autre partie en télétravail, par exemple ceux chargés de la comptabilité, et ne réintégrer que les ouvriers de l’atelier). Ce chiffre mérite d’être retenu (nous en discuterons lors d’un rendez-vous filmé avec le patron de Dedienne Aérospace dans 15 jours) car il souligne la forte divergence entre la vision élitaire de la réalité, et l’obstinante contrainte des chiffres. Si les Parisiens, souvent cols blancs, jouissent à merveille du télétravail, la plupart des entreprises en sont en réalité très éloignées, pour de bonnes raisons d’ailleurs.
Rappelons que l’atelier structure beaucoup plus notre économie que le bureau. Le télétravail est une liberté prise dans les bureaux, mais l’atelier demeure essentiel dans notre économie. Ne commettons pas d’injonction paradoxale sur ce point.
55% des patrons de PME effrayés par leur responsabilité pénale
Dans le monde tout rose dépeint par la presse subventionnée, les employeurs sont majoritairement décrits comme préoccupés par leurs résultats financiers et sans véritable considération pour la santé de leurs salariés. Ce cliché explique qu’une législation et une jurisprudence redoutables menacent aujourd’hui l’employeur qui s’aviserait de ne pas redoubler (voire tripler, quadrupler, et même au-delà) de prudence pour celle-ci. Face au risque pénal d’une contamination dans l’entreprise, 55% des employeurs en moyenne entreprise se déclarent inquiets de la responsabilité qu’ils encourraient en cas de survenue de celle-ci. Ce chiffre souligne le contexte d’incertitude pénale dans lequel s’exerce aujourd’hui le métier de chef d’entreprise…
86% des entreprises ont utilisé le chômage partiel
Le chiffre qui retient surtout l’attention est la proportion d’entreprises qui ont eu recours au chômage partiel : 86%. C’est, et de loin, le principal dispositif utilisé par les entreprises qui comptaient au moins un salarié. Il illustre l’ampleur des dégâts causés par le crise. Là encore, il ne faudrait pas imaginer que recourir au chômage partiel signifie que tous les salariés de l’entreprise en bénéficient. Cette possibilité d’un recours limité explique que « seuls » 13 millions de salariés sur une vingtaine de millions y aient eu accès, quand 86% des entreprises l’utilisaient.
Au total, plus de 9 entreprises sur 10 ont bénéficié d’un accompagnement de l’État, avec des succès plus mitigés. Seules 70% des entreprises qui ont demandé un report des échéances sociales se déclarent satisfaites de cette disposition. Un peu plus d’une entreprise sur deux a demandé le bénéfice de cette disposition.
La France est-elle mûre pour la reprise ?
Cette plongée dans des chiffres précis a un mérite tout particulier : elle montre la distance qui existe entre le déconfinement et la reprise. En réalité, supprimer le confinement ne suffit pas à relancer la machine économique. Et dans ce contexte, plus les règles de reprise sont complexes, plus la relance intervient avec retard.
On ne saurait trop conseiller aux fonctionnaires de Bercy de lire attentivement cette étude, et d’en retirer la substantifique moëlle. C’est le meilleur moyen d’éviter une catastrophe économique d’ampleur.