La Convention Citoyenne pour le Climat est, dans l’apparence propagée par la presse, un cénacle de citoyens représentatifs tirés au sort, qui se sont réunis pour débattre de façon désintéressée des questions écologiques. Dans la pratique, c’est surtout une machine bien montée, totalement encadrée par la deuxième gauche, qui a utilisé le paravent des « citoyens » tirés au sort pour mettre en musique un programme laborieusement concerté par la deuxième gauche poche du pouvoir.
Il suffit d’aller sur le site de la Convention Citoyenne pour le Climat, et d’y examiner l’onglet « gouvernance » pour comprendre combien cette opération a consisté, sous les apparences d’une expression citoyenne libre, aléatoire, représentative, à orchestrer la diffusion sans contestation possible des grands lubies écologistes portées par la deuxième gauche française. Un petit passage en revue des véritables acteurs de la convention permet d’y voir plus clair.
Le comité de gouvernance de la Convention citoyenne pour le climat
Ce qui n’était pas clairement dit, c’était que la convention tirée au sort disposait de deux co-présidents choisis pas du tout au hasard par le Président de la République. En l’espèce, on y retrouve deux figures bien connues de la deuxième gauche.
La première n’est autre que Laurence Tubiana, dont on peut dire que l’ombre plane, comme nous le verrons, à chaque étage de la convention. Cette pied-noir née à Oran en 1951 doit en partie sa carrière à Lionel Jospin, qu’elle a peut-être connu à la Ligue Communiste Révolutionnaire dont elle fut membre. Elle fut conseillère environnement de Jospin à Matignon en 1997, après avoir créé une ONG dédié à la solidarité alimentaire mondiale, Solagral. Elle fut « madame environnement » de François Hollande. Elle préside aujourd’hui la Fondation Européenne pour le Climat, largement financée par les grandes entreprises européennes.
L’autre co-président est Thierry Pech, directeur général de la Fondation Terra Nova, et ancien conseiller de… Nicole Notat à la CFDT. Pech est passé par Alternatives Économiques.
Enfin, le rapporteur général est le moins connu de la bande. Il est l’ancien président de la FAGE, le syndicat étudiant qui se démarque de la très marxiste UNEF par des positions sociales-démocrates.
Les experts du climat qui ont aidé
Au rang des experts qui ont permis à la Convention de ne pas dire de bêtises, on trouve là encore quelques figures qui sont tout… sauf neutres, et qui laissaient présager de l’issue des travaux.
Le premier d’entre eux est Jean Jouzel, climatologue de 73 ans, qui fut l’un des fondateurs du GIEC. Accessoirement, l’homme s’est engagé en politique : il a beaucoup soutenu Pierre Larrouturou et Benoît Hamon. Voilà quelques explications, donc…
Anne-Marie Ducroux est l’une des membres de la gouvernance de la convention les plus discrètes. Elle est membre du CSE au titre de ses fonctions d’administratrice de la Ligue de Protection des Oiseaux, présidée par Allain Bougrain-Dubourg. Elle est par ailleurs membre du conseil d’orientation de la Fabrique Écologique, marquée à gauche.
Enfin, Michel Colombier est directeur scientifique de l’institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) et professeur associé à Sciences-Po, l’un des temples de la deuxième gauche française. On notera que l’IDDRI est financée par les grandes entreprises du CAC 40, comme BNP, Suez, Veolia, Vinci,…
Les experts de la démocratie participative
À côté de ce noyau dur d’experts en climatologie, la convention citoyenne s’est entourée d’experts de la « démocratie participative » qui ont encadré les débats.
On y retrouve Mathilde Imer, initiatrice du collectif des « Gilets citoyens », dans lequel on retrouve Laurence Tubiana, mais aussi Cyril Dion, qu’on retrouve dans la machinerie de la convention. La même Mathilde Imer était par ailleurs membre du cabinet de Laurence Tubiana pour la préparation de la COP 21.
Loïc Blondiaux est présenté sur le site de la convention comme un professeur de science politique, ce qui est ponctuellement vrai. Mais il n’est pas précisé qu’il est aussi à l’origine de l’association Démocratie Ouverte, dont Mathilde Imer est co-présidente. Un tout petit milieu…
Doit-on préciser que Loïc Blondiaux est l’une des éminences du groupement d’intérêt scientifique (GIS) Démocratie & Participation, présidé par Jean-Michel Fourniau, qui a donné naissance à Démocratie Ouverte, co-présidé par Mathilde Imer, ancienne du cabinet Tubiana ?
En matière d’ouverture, on a fait mieux.
Les experts du champ économique et social
Cet aréopage d’experts en tous genres était complété par quatre personnalités qui ont servi à donner la teinte finale de « deuxième gauche » à la convention citoyenne.
L’un de ces 4 experts est Jean Grosset, pudiquement présenté sur le site de la convention comme questeur du CESE et directeur de l’observatoire du dialogue social de la fondation Jean Jaurès. C’est un peu court ! l’homme est issu des rangs de l’UNSA, et militant actif du Parti Socialiste… Accessoirement ancien lambertiste, comme Cambadélis.
Dominique Gillier est pour sa part l’un des pontes de la CFDT. Il y appartient à la fédération de la métallurgie… Il est aussi membre du bureau confédéral national. Le fait qu’un cédétiste issu de l’industrie soit un « expert » dans cette commission soulève quand même quelques questions.
Marie-Claire Martel se présente comme sophrologue, ce qui la qualifie naturellement comme experte du champ économique et social. Avant d’être présidente de la Coordination des fédérations et des associations de culture (COFAC), elle a dirigé le Mouvement Associatif, sous la présidence de Philippe Jahshan, issu de la coordination SUD.
Enfin, une quatrième experte était Catherine Tissot-Colle, dont le profil ne manque pas d’intérêt. L’intéressée est une lobbyiste professionnelle. Dans la vie civile, elle est chargée de la communication d’Éramet, une entreprise minière bien connue. On notera que le site Reporterre l’avait alors épinglée comme une lobbyiste de la pollution. Nommée au CESE au titre du MEDEF, on notera ses autres points de CV publié par le Collège de France : « Diplômée en droit, Catherine Tissot-Colle a notamment occupé différentes fonctions au sein de COGEMA (AREVA) pendant 12 ans. Impliquée dans les activités de différentes organisations professionnelles, elle est présidente de la FEDEM (Fédération française des Métaux non ferreux) depuis 2008 et présidente d’A3M (Alliance des Minerais, Minéraux et Métaux) depuis janvier 2015. Depuis mai 2013, elle anime, en tant que vice-présidente, le Comité stratégique de filière des Industries extractives et de première transformation (CSF IEPT) mis en place par le Ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, dans le cadre du Conseil national de l’industrie (CNI). En mai 2012, elle devient membre du Conseil exécutif du MEDEF. Elle est également présidente de la Commission RSE du MEDEF depuis janvier 2014. »
Bref, cette convention citoyenne était tout sauf une figure libre… Elle a été chaperonnée, biberonnée, par des personnalités étrangement homogènes, toutes proches voire issues de la deuxième gauche. On comprend mieux les résultats.