JPMorgan, la plus grande banque des États-Unis, a déclaré qu'elle était devenue le premier « prêteur » à arriver dans le métaverse. Dans cette nouvelle économie éternelle et mercantile du métaverse, l’acteur le plus puissant n’est autre que le maître du jeu. Et les GAFAM ne comptent pas laisser passer l’opportunité d’étendre leur contrôle sur la vie des utilisateurs, dont les données sont la commodité sur laquelle repose leur « business model ». Les États eux-mêmes, et leurs administrations, entendent prendre les devants en investissant fortement dans le métaverse, quitte à perdre totalement leur souveraineté.
Qu’est-ce que le Métaverse ?
Le métaverse est un sur-ensemble de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée et d’Internet. Ses tendances existent sous des formes que vous connaissez peut-être déjà, comme dans les jeux vidéo populaires comme Roblox ou Fortnite. Le terme a été inventé pour la première fois dans le roman de science-fiction « Snow Crash » de Neal Stephenson en 1992, où deux chauffeurs-livreurs parcourent le métaverse pour se sauver d’une dystopie capitaliste.
Bien que personne ne sache avec certitude à quoi ressemblera le métaverse, ses caractéristiques de base sont établies- il couvre les mondes physiques et virtuels, est centré sur une économie pleinement fonctionnelle et permet aux utilisateurs de voyager à travers ses différents «lieux» avec une relative facilité, en maintenant leurs biens achetés et leurs avatars.
Comme un parc à thème virtuel sans limites de taille et de créativité, les utilisateurs pourront se déplacer de manière transparente d’un endroit à l’autre avec des milliers d’autres personnes, toutes dans le même univers numérique.
Le monde virtuel du métaverse pourrait devenir sa propre industrie d’un billion de dollars. Un lieu de divertissement, de commerce et pour certains, même un lieu de travail.
JPMorgan entre dans le Métaverse
La plus grande banque américaine, JP Morgan, est devenue le premier « prêteur » du métaverse, ouvrant le salon Onyx à Decentraland. Decentraland est un monde virtuel basé sur la technologie blockchain. Le salon virtuel marque l’entrée du géant bancaire dans le métaverse.
« Il y a beaucoup d’intérêt de la part des clients pour en savoir plus sur le métaverse », a déclaré Christine Moy, responsable de la crypto et du métaverse chez J.P. Morgan, à CoinDesk par courriel.
J.P. Morgan aurait justifié ses nouvelles actions liées au métaverse par les prix – le prix moyen d’une parcelle de terrain virtuel avait doublé au cours du dernier semestre 2021, passant de 6 000 dollars en juin à 12 000 dollars en décembre.
L’adoption généralisée de Decentraland pourrait alimenter la hausse des prix des jetons métaverse. Les analystes ont une perspective haussière sur Decentraland, car le prix du jeton métaverse affiche des gains à deux chiffres.
La banque d’investissement américaine s’est montrée optimiste à l’égard du Metaverse, prévoyant un marché de 1 000 milliards de dollars dans un document récemment publié.
Intitulé « Opportunités dans le métaverse », JPMorgan parle des opportunités illimitées que présente le métaverse. Celles-ci vont de Microsoft créant des espaces de travail virtuels à des artistes musicaux organisant des concerts. En raison des opportunités, la banque voit tous les types et toutes les tailles d’entreprises entrer dans le métaverse.
Les gens de Goldman Sachs semblent aussi être d’accord, et parlent d’une « opportunité de marché de 8 000 milliards de dollars ».
Les GAFAM à l’affût
Aujourd’hui, le monopole des GAFAM sur la vie économique et numérique fait déjà de ces entreprises des quasi-États. Elles en ont en tout cas la puissance économique, qui commence déjà à s’étendre aux sphères politiques, financières et sociétales.
L’émergence du « métaverse » permettrait de relier alors tous ces domaines et donnerait le contrôle aux GAFAM sur les données professionnelles, sociales, privées, financières de nos vies.
C’est exactement ce qu’ambitionne Facebook, renommé META depuis la fin d’année 2021, dans sa présentation du virage pris par son entreprise, Mark Zuckerberg affirme très clairement vouloir créer un monde alternatif, parallèle, perpétuel, dans lequel les utilisateurs pourront évoluer, sociabiliser, travailler, s’amuser. Tout cela en utilisant des avatars et la réalité virtuelle.
À noter qu’Amazon n’est pas en reste, puisque depuis 2020 la société de Jeff Bezos a lancé son propre metaverse, avec sa propre économie intégrée, pour l’instant à travers un jeu vidéo sobrement baptisé New World. De même, Apple a déjà annoncé son propre projet de metaverse et la sortie d’un casque de réalité virtuelle à l’horizon 2022.
Notons, également, que le métaverse constitue un espace inédit de collecte de données et représente une potentielle menace face aux différentes règlementations de protection des données à caractère personnel. On parle donc possiblement d’une technologie capable de traiter à grande échelle des données biométriques considérées comme sensible au sens de l’article 9 du RGPD et dont le traitement est, pour le moment, particulièrement réglementé.
Le principe même du métaverse est d’être une cyber société réunissant des millions de personnes. Ce qui implique des infrastructures de réseau très importantes. De fait, les petites entreprises sont discriminées d’office sur ce marché, tandis que les plus grosses partent avec un coup d’avance, disposant déjà de moyens et d’équipes pour gérer un tel volume de données. En d’autres termes, le pouvoir déjà acquis par les GAFAM dans la version actuelle du web leur donne un temps d’avance considérable pour s’imposer dans la course au métaverse.
À moyen ou long terme, on peut anticiper le fait que les GAFAM feront en sorte de centraliser autant que possible le métaverse en créant leur propre version et en rachetant les concurrents.
De Google à Microsoft en passant par Facebook, tous les géants du numérique voient dans ce concept disruptif le nouvel eldorado des prochaines décennies et une formidable opportunité de gouverner « nos mondes virtuels ».
Le Métaverse, un enjeu de souveraineté
En Corée du Sud, le ministre des technologies de l’information se targue d’avoir réuni un consortium d’entreprises privées pour le développement du projet « Metaverse Alliance» en vue de développer son offre de services publics et de désengorger ses administrations grâce à la virtualisation de ses infrastructures municipales. Le projet « Metaverse Seoul », du gouvernement Sud-Coréen a pour vocation de faire de la capitale du pays la première ville dans le « metaverse » : les résidents de la ville virtuelle pourront visiter les rues, assister à des festivals, aller dans des commerces et acheter des objets virtuels, aller faire leurs démarches administratives dans les mairies de la capitale, etc., tout cela dans le Métaverse et dès 2022.
En Chine, même si les caméras à reconnaissance faciale et le crédit social sont désormais bien connus, le projet de la Banque populaire de Chine (PBoC) est de transposer cette surveillance dans les univers virtuels des métavers.
En France, dans son discours du 12 octobre 2021, Emmanuel Macron s’est dit vouloir « placer la France en tête de la production de contenus culturels et créatifs ». La Ministre de la Culture Roselyne Bachelot annonçant une enveloppe budgétaire de 200 millions d’euros pour investir dans « les expériences immersives et les technologies de rupture ».
Cependant un tel dispositif comme la métaverse poserait vraisemblablement un problème au regard de la Loi informatique et liberté et du RGPD, dans la mesure où des données à caractère personnel nécessitant le consentement préalable de la personne concernée seraient traitées par l’outil.
Espérons que la CNIL accordera toute son attention à un tel dispositif si ce dernier venait à voir le jour. Quid aussi de l’articulation du métaverse avec le futur règlement ePrivacy qui verra bientôt le jour ? Ou du Digital Services Act ? Des réglementations nationales ?
L’intérêt géopolitique derrière le développement du métaverse est nettement perceptible. Et ce n’est pas un hasard si Meta (Facebook) souhaite faire de l’Union Européenne le centre névralgique de ce monde virtuel, en annonçant la création de 10 000 postes sur 5 ans pour parvenir à cet objectif. On peut ainsi facilement imaginer cette tentative comme une prise de position de Meta dans le marché de notre vieux continent.
Dans une telle situation, si tout ou partie de l’activité humaine se déroulait dans le métaverse, l’État se trouverait dépossédé de la plupart de ses prérogatives : police, justice, émission de la monnaie, taxes, etc… Il disparaîtrait presque totalement face à des entreprises privées. Et pour cause, dès lors qu’un État est simplement la forme d’organisation prise par une société pour s’orienter et se gérer, il cesse d’exister si cette dernière choisit de s’organiser au travers du métaverse.
La seule question qui se pose encore aujourd’hui est donc de savoir si les mondes virtuels où vivront nos enfants seront encore sous le contrôle des États. Comment protéger les citoyens face à des Etats susceptibles d’utiliser les technologies du métaverse pour exercer un contrôle sur leur population ?
A l’heure du crédit social chinois ou de l’émergence des monnaies numériques, cette question de la vie privée des citoyens devrait questionner tous les acteurs de nos démocraties.
Sans action puissante des décideurs politiques, sans prise de conscience immédiate de l’opinion publique, les États risquent donc d’être davantage phagocytés par les intérêts privés. Les États doivent réagir pour ne pas disparaitre dans le monde de demain.
La Banque J.P Morgan fait bien de filer dans le monde virtuel, parce que dans l’autre, c’est plié!
March’ra pas. Ça va faire le buzz comme Second Life au début, où on nous a bien expliqué qu’on était des cons à pas y être, et puis ça va péricliter une fois que l’effet nouveauté sera passé et que les gens se seront rendus compte qu’ils sont dans un monde archi surveillé où rien n’est permis donc pas fun (non tu ne peux pas éclater ton petit camarade avec une batte cloutée).
Ça se transformera en un Zoom avec VR, seules les grosses boites feront leurs réunions inutiles là-dessus.
S’ils avaient voulu rendre les gens accros il y aurait fallu que la violence et le sexe dégradant soient disponibles, liberté totale, mais vu la culture woke qui est à l’origine de ça, ça n’arrivera pas (et c’est tant mieux puisque ça fera capoter le truc).
Après il est possible que ce machin dure un peu à cause de la volonté des puissants de nous matrixer, mais la contrainte fera reculer les gens. On aura toujours bien entendu la minorité d’abrutis (ceux qui portent le masque seuls en voiture par exemple) qui se feront un devoir de faire tourner le truc mais ça sera chiant à mourir.
Une fois réveillés les gens retourneront à la terre.
Exactement, et d’ailleurs, le machin du taré qui rigole à chaque fois qu’il perd un œil perd du pognon à la vitesse d’une citerne crevée – tant mieux, comme ça, ça fera également sauter JP Morgan et quelques autres boîtes de voyous, ce qui ne sera vraiment pas une perte 🙂
J’ai bien peur qu’au contraire les gens adhèreront à fond, dans un besoin d’évasion qui les mènera dans un monde « parallèle » qui ne sera en fait que le reflet du leur, mais en plus coloré. Et les jeunes sont friands de ces mondes virtuels, tellement technologiques et donc branchés ! Est-ce un monde de lobotomisés qui nous attend ? Et tout ça pour quoi ? Pour faire du fric, toujours plus de fric.
Bref ce Métaverse me fait froid dans le dos.
“Il y a beaucoup d’intérêt de la part des clients pour en savoir plus sur le métaverse”…
Des clients virtuels?
Le virtuel et le « no limit » vont fatalement s’écraser sur le mur du réel. La cupidité ans limites se heurtera à la révolte des peuples. Ce n’est qu’une question de temps.
Effrayant !!!
C’est par certains côtés (techniquement) interessant. Mais c’est aussi la création du peuple des Zombies, une forme d’Apocalypse au sens que lui donne René Girard dans « achever Clausewitz» et qui consacrera définitivement le triomphe des barbares sur ces zombies .
C’est la consécration de l’ubris (démesure) de l’occident.
Quitte à quitter la froide réalité je préfère la drogue. C’est beaucoup plus agréable.
A moins que ce machin puisse réellement stimuler les sens, c’est à dire créer des sensations physiques identiques à la réalité, personne n’y restera bien longtemps à part quelques personnes en difficultés psychiques, comme les ados qui restent dans leurs jeux vidéos pour échapper à leur réalité morose.
Espérons qu’ils ne puissent aller jusque là. Sinon effectivement on aura droit à Matrix.