Mercredi dernier, Agnès Buzyn a présenté son projet de loi au Conseil des Ministres. Il devrait modifier l’organisation des hôpitaux sur le territoire en France. Certains changements marqueront les déserts médicaux français. Ce texte sera à suivre dans les semaines à venir…
Le projet de loi Buzyn comporte divers volets déjà évoqués auprès du grand public, comme la suppression du numerus clausus pour les médecins. La réforme de la carte hospitalière qu’il comporte devrait prendre une tonalité particulière en cette crise des “Gilets Jaunes”.
L’organisation des hôpitaux va changer
Le projet de loi Buzyn est connu depuis le début du mois de janvier. Mais sa présentation en Conseil des Ministres donne l’occasion de mieux percevoir la sensibilité d’un aspect particulier: la réorganisation territoriale des hôpitaux. Ainsi, 500 hôpitaux locaux seront transformés en “hôpitaux de proximité”. Cet habillage marketing mettra ainsi un terme relatif à un mouvement de suppression massive des structures hospitalières en France.
Rien n’indique toutefois que la fermeture des maternités ne continuera pas. Selon des chiffres officieux, le nombre de maternité aurait été divisé par trois en quarante ans en France. Il en resterait à peine 500 aujourd’hui, contre plus de 800 il y a encore vingt ans.
Les fermetures de maternité attise un sentiment d’abandon par les pouvoirs publics dans les zones rurales.
La question des hôpitaux locaux se pose depuis au moins trente ans, je me souviens avoir fait une mission sur équipements de santé et aménagement du territoire il y a environ 25 ans, rapport resté dans une armoire.
On ne sait pas raisonner dans ce pays organiser les réseaux de prévention et de soin : quelques expériences d’aménagement existent, par exemple depuis longtemps pour les maternités, certaines régions ont organisé l’orientation des parturientes selon le niveau de risque de la grossesse, avec un travail en réseau entre sages-femmes et médecins généralistes libéraux, cliniques privées, CRHU. Il est ridicule et dangereux d’accoucher dans la maternité d’un CHU qui fait plus de 3000 accouchements par an, l’accouchement standart est trop médicalisé, le risque d’attraper une maladie nosocomiale est accru etc. Mais on ne peut pas non plus conserver en étant de marche sécurisé des maternités en dessous de je crois 300 ou 500 accouchements par an : le coût de la garde des obstétriciens, sages-femmes, anesthésistes 24h sur 24 est trop élevé et de plus le risque d’avoir des personnels qui “perdent la main” est grand. Alors ? eh bien ne peut on pas accoucher dans un hôpital ou clinique de taille moyenne, qui envoie des consultations pré-natales avancées dans les hôpitaux locaux ou les maisons médicales et retourner soit dans cet hôpital local soit chez soi le lendemain de l’accouchement ? ne peut on pas envisager en zone rurale l’envoi d’un “camion tout équipé en réa etc. ” en cas de pépin pour un accouchement à domicile ou à l’hôpital local avec une sage femme libérale ? En général, on peut découpler les activités faites à l’hôpital de consultations des soins nécessitant une hospitalisation etc.
On constate seulement que beaucoup de régions françaises ont su s’organiser en réseau avec des moyens bien inférieurs aux parisiens, mais que les parisiennes continuent de choisir leur lieu d’accouchement selon les disponibilités et selon leur vision de la chose, sans qu’aucune organisation en réseau entre médecine de ville, cliniques, et maternité de l’APHP soit organisée.