Le MEDEF s’exprime peu sur les Gilets Jaunes, alors que les états-majors des grandes entreprises parisiennes exècrent et méprisent majoritairement ce mouvement. Cette discrétion tient toutefois à des facteurs tout à fait internes…
S’il ne tenait qu’à Geoffroy Roux de Bézieux et à quelques autres, la condamnation des Gilets Jaunes par le MEDEF irait bon train. Ce mouvement populaire n’a pas bonne presse auprès des managers et des financiers qui font le MEDEF. Dans les critiques qui fusent, la remise en cause des élites et l’offensive contre Macron pèse lourd.
Les adhérents du MEDEF en majorité favorables au mouvement?
Tout le problème tient à la rupture qui se vérifie au MEDEF comme ailleurs, entre les grands états-majors parisiens et l’esprit dominant en province. Si beaucoup d’entrepreneurs sont exaspérés par les blocages, les pertes de chiffre d’affaires et certaines revendications « sociales », il n’en reste pas moins que la contestation des élites parisiennes fait des heureux, ou recueille en tout cas un soutien certain parmi les chefs d’entreprise moyennes ou intermédiaires.
Dans l’atmosphère de concurrence entre le MEDEF et la CPME pour représenter les entreprises, une condamnation trop brutale des Gilets Jaunes pourrait donc être très maladroite et nourrir des velléités de changer de crémerie. Ce petit point n’est pas sans intérêt, dans la mesure où il témoigne de la profondeur de la fracture qui agite le pays aujourd’hui.
Le rétablissement de l’ISF constituera sans doute un sujet sensible, capable de retourner une partie des patrons contre le mouvement. En attendant, les critiques contre la verticalité parisienne nourrissent de nombreuses sympathies en province.