Le déficit de la sécurité sociale est, paraît-il, en forte décrue. Les medias mainstream ont abondamment relayé cette information connue depuis longtemps en la présentant comme rassurante. Autant de bienveillance vis-à-vis d’une situation qui est en réalité un échec étonne et pose question sur le soutien discret que la presse apporte au gouvernement.
Les chiffres sont incontestables, et d’ailleurs non contestés. En 2018, le déficit de l’assurance maladie est de 600 millions €. Le déficit du Fonds de Solidarité Vieillesse est de 1,8 milliards €. Les branches famille et accidents du travail sont en excédent. Cette situation est bien connue.
Les medias mainstream face à la sécurité sociale
Tout est dans la présentation de cette information.
Pour Le Monde: “Le déficit de la Sécurité sociale au plus bas depuis 2001”. Pour les Échos: “Forte décrue du déficit de la Sécurité sociale en 2018”.
À lire ses titres, on devrait donc se féliciter d’une situation suggérée comme une grande victoire de la gestion publique des affaires par l’équipe au pouvoir.
La vraie vie du déficit de la sécurité sociale
Cette unanimité de la presse mainstream à relayer cette vision optimiste des choses pose quand même question. Faut-il rappeler ici qu’en septembre 2016, Marisol Touraine avait donné une interview aux Échos où elle annonçait le retour à l’équilibre pour 2017! Finalement, le déficit pour 2017 s’est élevé à 5 milliards €.
Sans grande ambition sur le sujet, Gérald Darmanin et Agnès Buzyn ont annoncé pour leur part et à leur arrivée au pouvoir que l’équilibre serait atteint en 2020. Or, il ne le sera pas, compte tenu des mesures que le gouvernement annonce notamment sur les retraites pour sortir de la crise des Gilets Jaunes.
La vraie information à tirer de la conférence de presse tenue hier par la ministre Buzyn n’est donc pas que le déficit diminue, mais que la France a renoncé à atteindre l’équilibre des comptes de la sécurité sociale. Nuance!
Accessoirement, il n’était pas inutile de signaler que les chiffres de 2018, moins pires que prévu, mais moins bon que promis depuis des années, ont été obtenus avec des remèdes de cheval. En particulier, la stagnation de la dépense hospitalière crée de graves déséquilibres dans la gestion du système qui ont obligé la ministre à débloquer 300 millions € en urgence.