En principe, la majorité absolue est acquis au groupe LREM à l’Assemblée Nationale. Mais… sur la loi anti-casseurs, En Marche a dû s’appuyer sur les Républicains pour l’atteindre face à la défection massive des siens. Au total, de sont 50 abstentions et 16 absents dans les rangs qui ont fragilisé un texte jugé liberticide.
La loi anti-casseurs aura fait couler beaucoup d’encre, et nourri beaucoup de débats, y compris parmi les marcheurs. Déjà à la source d’une « fronde » lors de son adoption en première lecture, ce texte vient de donner l’occasion d’une nouvelle défaillance inquiétante au sein de la majorité.
On rappellera que son article 2 pose un problème particulier. Il autorise en effet les autorités administratives à restreindre la liberté de manifester sans saisine préalable de l’autorité judiciaire. Cette innovation juridique, dans un contexte où la France a fait l’objet de nombreux critiques internationales et intérieures sur sa stratégie de maintien de l’ordre, n’est pas de nature à améliorer notre image internationale.
La majorité absolue n’est plus…
En seconde lecture, les députés avaient à se prononcer définitivement sur cette mesure contestée. Alors que les analystes s’attendaient à une vingtaine d’abstentions parmi les marcheurs, ce chiffre a été trois fois plus important: 66 voix ont manqué au gouvernement pour faire adopter le texte. Sans le renfort des républicains, qui ont permis une adoption par 387 voix contre 92, Macron échouait à faire adopter cette mesure.
Voilà un signal supplémentaire de l’orléanisation que nous évoquons régulièrement.
De dangereuses abstentions qui devraient faire réfléchir…
Comble de malchance pour Emmanuel Macron, la vague d’abstentions n’a pas rassemblé que les députés les plus à gauche. Elle a aussi émané de ténors modérés et crédibles de la majorité.
Ainsi, le député Hugues Renson, ex-chiraquien élu dans le XVè arrondissement de Paris, n’a pas apporté sa voix à l’adoption du texte. Barbara Pompili, ex-écologiste de Picardie, compagne d’infortune de François de Rugy sous le mandat de François Hollande, n’a pas non plus voté le texte. Elle est tout de même présidente de commission. La contagion a même touché Laurianne Rossi, députée des Hauts-de-Seine sud (Malakoff), accessoirement questeure de l’Assemblée.
15 abstentionnistes ont par ailleurs publié un communiqué de presse pour expliquer leur défection.
La crise des Gilets Jaunes n’en a donc pas fini de « ravager » la majorité et de faire apparaître un fossé entre la gauche et la droite des marcheurs. Incontestablement, cet élément doit faire réfléchir Emmanuel Macron sur la meilleure manière de rebondir après le Grand Débat.
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