Même sans Gilets Jaunes, le gouvernement a prévu une moindre réduction des déficits que prévu. Dans le cadre du « semestre européen », Bercy vient de produire ses prévisions macroéconomiques associées au programme de stabilité pour les années 2019 à 2022. Le haut Conseil des Finances Publiques les a examinées à la loupe, et en a conclu quelques mauvaises nouvelles, compte non tenu des mesures qui pourraient être annoncées pour sortir de la crise des Gilets Jaunes. Le HCFP insiste sur la nécessité de baisser les dépenses publiques.
Pour respecter le pacte de stabilité imposé par les accords de Maastricht, les États-membres doivent envoyer chaque année leurs prévisions macroéconomiques et leur trajectoire de dépenses publiques. L’an dernier, le Haut Conseil des Finances Publiques avait jugé le scénario du gouvernement trop optimiste. D’où une intéressante correction de tir par Bercy cette année.
Le gouvernement table désormais sur une progression du PIB limitée à 1,4% cette année – contre une croissance de 1,7% prévue dans le budget – et s’attend à ce que l’économie française conserve ce rythme en 2020, 2021 et 2022.
L’abaissement de la trajectoire de croissance jusqu’à la fin du quinquennat à 1,4% au lieu de 1,7% en dit long sur l’échec anticipé de la politique économique d’Emmanuel Macron, dont les proches du pouvoir reconnaissent eux-mêmes, désormais, qu’elle ne devrait pas produire de choc positif avant une certain nombre d’années. En soi, cet abaissement officiel des prévisions est un terrible aveu.
Surtout, les perspectives sur la baisse des déficits sont elles-mêmes revues à la baisse:
Le rétablissement des finances publiques serait toutefois plus lent que prévu à l’échelle du quinquennat, avec un déficit anticipé à 1,2% du PIB en 2022 et non plus à 0,3%, comme prévu à l’automne dernier au moment du début des travaux sur la loi de finances 2019.
Sur le fond, la politique d’Emmanuel Macron relève donc d’une marche au ralenti vers l’excédent primaire des comptes publics, loin du néo-libéralisme outrancier dénoncé par une part importante de l’opposition.
Comme le note le Haut Conseil des Finances Publiques cette année, la baisse effectifs des déficits (y compris pour atteindre un objectif dégradé par le gouvernement), supposera une vraie baisse des dépenses publiques.
Le Haut Conseil des finances publiques note que le Gouvernement a souhaité rendre plus crédible le scénario macroéconomique de moyen terme.
Il relève en revanche que pour des raisons tenant à la fois aux perspectives de croissance et au choix fait d’une baisse plus forte des prélèvements obligatoires, le nouveau programme de stabilité conduit, par rapport au précédent, à une réduction sensiblement moindre des déficits effectifs et structurels à l’horizon 2022 et en conséquence de la dette. Cette évolution rend d’autant plus nécessaire un strict respect des objectifs de dépense publique.
Voilà qui ne devrait pas simplifier la tâche du Président de la République.