Comme toujours, la difficile lecture des chiffres du chômage incite à la prudence. Les différentes catégories de demandeurs d’emplois qui se mélangent dans les statistiques produisent en effet des effets parfois extrêmement trompeurs sur la réalité. Le dernier bulletin publié par la DARES sur le premier trimestre 2019 n’échappe pas à cette ambiguïté. Pour le lire, nous sélectionnons ici une méthode simple: nous étudions les entrées trimestrielles dans le dispositif et nous les comparons aux sorties.
Les statistiques du chômage produites par la DARES (et par l’UNEDIC) sont toujours délicates à interpréter. Pour mieux les comprendre, nous préconisons de comparer les flux d’entrées mensuelles ou trimestrielles et les flux de sortie. Ces données en valeur absolue sont, de notre point de vue, plus parlantes que les soldes en hausse ou en baisse présentés d’ordinaire par la presse.
Le premier graphique ci-dessous indique les flux d’entrées trimestriels:
Comme on le voit, sans atteindre les niveaux record de 2016, les entrées trimestrielles dans le dispositif sont reparties à la hausse et flirtent à nouveau avec les 540.000 nouveaux chômeurs par trimestre. On ne trouve donc pas ici d’indice marquant d’une amélioration durable de la situation sur le marché de l’emploi. Rappelons que les 500.000 entrées trimestrielles apparaissent désormais comme un étiage.
S’agissant des sorties, la situation n’est guère meilleure:
Si les sorties du dispositif sont orientées à la hausse (ce qui permet d’afficher une baisse globale du chômage), elles n’ont pas retrouvé les pics de 2016. C’est peut-être ce chiffre qui pose le plus de problèmes à la majorité actuelle. Aucune des mesures de simplification du droit du travail adoptées depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir n’a permis de faciliter les recrutements au point de dépasser les records atteints par Manuel Valls en son temps.
De notre point de vue, ces chiffres sont trop ténus et opaques pour dégager une quelconque ligne claire sur la situation du chômage en France.