Alors que la liste de Nathalie Loiseau a du plomb dans l’aile, avec un premier sondage qui indique que le RN est parvenu à lui ravir la première place, Emmanuel Macron semble ne se faire que peu d’illusions sur l’issue du scrutin. Après un deuxième tour des présidentielles où il avait écrasé Marine Le Pen, les élections européennes pourraient jouer la revanche, dans un paysage politique dévasté: LR est relégué à 15%, et les autres challengers seraient peu ou prou sous la barre des 10%. Pour Emmanuel Macron, ce scrutin se traduirait donc par une nouvelle étape dans un chemin de croix de plus en plus éprouvant.
L’ambiance n’est pas au beau fixe à l’Élysée et on peut se demander dans quelle mesure elle n’est pas nourrie par l’indécision régulière du Président de la République. On retiendra qu’à l’issue du conseil des ministres de mardi, le Président a reproché à ses ministres l’ambiance « colonie de vacances » du séminaire gouvernemental de lundi. Il a surtout exprimé ses craintes, semble-t-il, d’une contreperformance de la liste En Marche aux Européennes. Si le président lisait plus régulièrement le Courrier des Stratèges, il aurait su les dangers de la candidature Loiseau bien plus tôt.
Il semblerait que Macron parie désormais sur la défaite de sa liste aux élections. Il a annoncé tout de go qu’un remaniement ministériel interviendrait dans cette hypothèse, laissant planer un doute sur l’identité des partants. Là encore, si le président nous lisait plus régulièrement, il aurait vu tout l’intérêt de remanier son gouvernement pendant le Grand Débat, à un moment où il fallait donner un nouveau souffle à une équipe prématurément usée jusqu’à la corde.
Macron restera probablement dans l’histoire comme un président qui aura montré que l’indécision n’attend pas le nombre des années. Son retard systématique dans les bonnes décisions lui jouera un tour.
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