La médecine française vit une grande période de malaise. D’un côté, les déserts médicaux posent la question de la démographie des praticiens et de leur capacité à répondre aux attentes grandissantes des Français, notamment en matière de prévention. De l’autre côté, le Monde vient de révéler les sommes qu’une entreprise agro-alimentaire comme Coca-Cola consacre aux “relations” avec les professions médicales en France, notamment avec les influenceurs.
La question des déserts médicaux et de l’insuffisance des moyens accordés à la médecine en France est au cœur des préoccupations, reprises notamment par la loi hôpital d’Agnès Buzyn. Parallèlement à cette image à la fois puriste et misérabiliste du service public de la santé, il existe une autre réalité: des conflits d’intérêt manifestes cultivés par certains médecins, notamment au sein de l’hôpital public, qui nouent des relations malsaines avec des entreprises privées.
Le Monde vient d’en apporter une nouvelle démonstration. En examinant les documents finalement transmis par Coca-Cola à Foodwatch, le quotidien a montré que, sur une période commençant en 2010, l’entreprise américaine a dépensé 8 millions d’euros en France pour “convaincre” plusieurs médecins de banaliser ou de relativiser la consommation de soda.
Parmi la liste de noms publiée, on trouve notamment un célèbre nutritionniste et cardiologue de l’hôpital Georges-Pompidou. On s’étonnera que ces sommités médicales aient cautionné des absurdités médicales, dangereuses pour la santé, comme la balance énergétique, qui prétend qu’il est possible de compenser la consommation de sucre par du sport quotidien.
Démonstration est en tout cas faite que la profession médicale est une terre de mission pour les contrôles déontologiques en France. La médecine française est loin d’être ce paradis de pureté qu’on nous décrit souvent.