La Faillite des Elites est le dernier ouvrage de Michel Maffesoli et Hélène Strohl, habitués de ces colonnes. C’est un petit livre (Editions du Cerf, collection Politique Lexio, 229 pages, 8 euros) indispensable pour dédramatiser et mieux déchiffrer notre époque. Nous recommandons de consommer sans modération ce texte abordable qui regarde avec les yeux maffesoliens les grandes évolutions de notre temps.
La faillite des élites est au cœur des réflexions de notre temps, surtout en France où un décalage grandissant sépare les élites qui s’imaginent mondialisées et le reste de l’entité nationale confrontée à une société en plein bouleversement. Entre ces deux ordres sociaux, des différences de fond posent des problèmes dont on sent bien qu’ils sont lourds d’une colère sourde.
La faillite des élites, un ouvrage à lire
L’intérêt de l’ouvrage de Maffesoli et Strohl est de replacer cette crise des élites françaises dans le contexte plus général de l’évolution “communautaire” de la société. Comme leur ouvrage l’explique avec brio et dans un style plaisant, pour ainsi dire gourmand, l’Occident met en effet un terme, progressivement, à l’illusion rationaliste qui domine la culture des élites depuis plusieurs siècles, et retrouve une forme de verve affinitaire qui explose grâce aux réseaux sociaux.
Car l’affinitaire, le “tribal”, pour reprendre les termes habituels de Maffesoli, s’impose peu à peu comme le principe d’une organisation horizontale de notre société, structurée en communautés qui se choisissent. Face à ce mouvement de fond, nos élites, gavées de rationalisme, de pensée critique, sont manifestement dépassées par les pulsions nouvelles de la société.
Accompagner l’affinitaire ou le combattre?
Le lecteur retiendra, au fil des pages qui se présentent comme une flânerie intellectuelle, le débat de fond qui s’ouvre en conclusion : faut-il ou non accompagner l’émergence de ce communautarisme d’un nouveau genre que la société affinitaire fait émerger ? Les élites doivent-elles ou non le combattre ? Et comment le “gérer” au mieux pour qu’il apporte l’ensemble de ses externalités positives.
L’ouvrage de Maffesoli et Strohl donne ici de belles pistes de réflexion, sans rien fermer. Il est vrai que ce débat ne fait que commencer, et que nous sommes bien loin de pouvoir le clore.