Les grèves “sauvages” à répétition qui paralysent la SNCF, particulièrement à Montparnasse, illustrent la dégradation du climat au sein de l’entreprise, 10 ans après la désignation de Guillaume Pépy à la présidence du groupe. La transformation de l’établissement public en entreprise, et la prochaine ouverture à la concurrence modifient en profondeur le climat de la “vieille dame”, où l’exigence de rentabilité irrite au plus haut point les syndicats revendicatifs. La gestion de l’entreprise avec l’UNSA et la CFDT constitue un point de rupture important.
La SNCF est paralysée par des grèves sauvages qui arrivent à un moment clé de l’histoire de l’entreprise. D’une part, les premières embauches hors statut doivent commencer à partir du 1er janvier 2020. Elles matérialiseront la fin d’une époque et ouvriront une nouvelle ère où l’entreprise préparera activement son ouverture à la concurrence. D’autre part, les objectifs financiers obligent à de nombreuses modifications qui bouleversent l’organisation et la culture de l’entreprise.
Ces transformations coïncident avec le départ de Guillaume Pépy, figure de proue de l’entreprise et tête de réseau bien connue de l’énarchie parisienne. Il est difficile de ne pas s’interroger sur la capacité de l’intéressé à piloter harmonieusement la révolution nécessaire à la SNCF. Après des années d’immobilisme, marquées par des accidents terribles comme celui de Brétigny, ou par une stratégie du tout-TGV qui est sévèrement critiquée de toutes parts, Pépy était-il armé pour entamer la révolution de la relation client indispensable au succès en situation de concurrence?
Dans les faits, l’entreprise semble aujourd’hui essentiellement pilotée par une relation privilégiée avec la CFDT et l’UNSA, ce qui exaspère les autres syndicats. On trouvera dans les textes de la CGT Cheminots des remarques acides sur le coup de main que la CFDT et l’UNSA apportent à la direction dans la renégociation des 35 heures en interne, et dans la modernisation de l’entreprise.
Guillaume Pépy retrouve là un réflexe qu’avait eu François Hollande : celui de réduire le dialogue social à deux organisations (l’équipe Hollande ne consultait que la CFDT et le MEDEF). En son temps, cette stratégie avait condamné Hollande à des mouvements durs contre la loi El-Khomri. A la SNCF, les mêmes causes produisent les mêmes effets. On inclura dans le parallèle l’inclination nouvelle des salariés épuisés localement par certains rythmes de travail (c’est le cas au technicentre de Montparnasse) pour l’action directe, hors syndicats, qui pose des problèmes de grève sauvage.
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