Juan Branco est l'un des personnages centraux de l'affaire Griveaux. Cet avocat réputé d'extrême gauche a habilement surfé sur la vague Gilets Jaunes et a dénoncé à tout va le "système". Sauf que... petit à petit et en creux, c'est un personnage trouble qui se dessine, aux relations ambiguës avec les élites parisiennes.

Juan Branco se prĂ©sente volontiers comme un Savonarole, ami du pauvre et de l’orphelin et embarquĂ© dans une lutte Ă mort contre le système capitaliste Ă©litaire français, dont il souhaite la perte. Sa proximitĂ© avec la France Insoumise le place Ă l’extrĂŞme gauche de l’Ă©chiquier. Mais plusieurs Ă©lĂ©ments ne concordent guère avec cette vision simpliste d’un rĂ©volutionnaire incontestablement brillant, mais peut-ĂŞtre moins entier que le personnage ne cherche Ă la faire croire.Â
Branco, ce pur produit des élites parisiennes
NĂ© en 1989, Branco n’est pas issu de la classe ouvrière, loin de lĂ . Fils d’un artiste reconnu, il a fait sa scolaritĂ© Ă la prestigieuse (et coĂ»teuse) École Alsacienne, Ă Paris, oĂą il a frĂ©quentĂ© Gabriel Attal, le sous-ministre de l’Éducation. Il a Ă©galement “commis” l’École Normale SupĂ©rieure et Sciences-Po Paris.Â
Dans ce parcours d’Ă©lite, très loin du fils d’ouvrier qui s’extrait de l’usine, Branco a attirĂ© l’attention de ce qui fait ou a fait le gratin parisien : Richard Descoings, Dominique de Villepin, Jean-Luc MĂ©lenchon,… entre autres. Un journaliste de l’Obs soutiendra qu’il a par ailleurs proposĂ© Ă Xavier Niel de devenir le prĂ©cepteur de ses enfants.Â
VoilĂ donc qui se dessine le portrait d’un jeune homme bien nĂ© attirĂ© par la lumière, le prestige, l’argent, la notoriĂ©tĂ©, quoi qu’il prĂ´ne l’exact contraire.Â
Un train de vie fastueux
Devenu avocat, avec un cabinet installĂ© rue de Rennes, lĂ oĂą le mètre carrĂ© est le plus cher Ă Paris, on apprend par le fruit du hasard que le mĂŞme Branco occupe un somptueux appartement dans le non-moins somptueux 6è arrondissement, c’est-Ă -dire non loin de son cabinet. C’est lĂ qu’il donne une fĂŞte de Nouvel An, comme le rapporte le Journal du Dimanche, oĂą la situation dĂ©gĂ©nère avec le dĂ©sormais cĂ©lèbre “artiste” russe Pavlenski :
Quoi qu’il en soit, pour le Réveillon dans cet immense appartement du très chic 6e arrondissement de Paris, la foule enivrée est hétéroclite. S’y croisent un ingénieur des mines, un prof à Normale Sup’, des jeunes gens bien-nés, des militants d’extrême gauche, certains de la mouvance autonome. Piotr Pavlenski, lui, est venu avec sa petite amie du moment, une brune de 27 ans, étudiante en droit. Vers une heure du matin, l’éditeur de Juan Branco rejoint ce petit monde accompagné d'une dizaine de copains. Les groupes se mélangent. On discute, on trinque, bref "on s’amuse", résume un participant. "Tout s’est bien passé jusqu’à deux heures", complète un autre. A ce moment, les nouveaux venus sont dans la cuisine, dans une ambiance "apaisée". L’un d’entre eux est en grande discussion avec Piotr Pavlenski. D’après plusieurs témoins, le Russe se met soudain "hors de lui" après une phrase lâchée par son interlocuteur, qu’il saisit soudainement au col. Très vite, Pavlenski lui assène un coup à la figure. Une bagarre s’engage et ce dernier se fait éclater une bouteille de champagne sur le crâne.
Pas sĂ»r que tous les Gilets Jaunes aient bien compris avec quel monde Juan Branco frayait, ni quel type de soirĂ©e hype il organisait. Toujours est-il que, ce soir-lĂ , Pavlenski blesse dangereusement plusieurs participants Ă la soirĂ©e et ouvre un nouveau dossier judiciaire… qui le rattrape aujourd’hui.Â
Les questions soulevĂ©es par le “standing” de Juan Branco
Outre que ce cĂ´tĂ© golden boy de Branco pose de sĂ©rieuses questions sur la sincĂ©ritĂ© de son engagement, il ne serait pas inintĂ©ressant de savoir d’oĂą l’intĂ©ressĂ© tient ces moyens en apparence importants. RĂ©sultent-ils seulement de son activitĂ© d’avocat pĂ©naliste ? Mais cette spĂ©cialitĂ© n’est pas rĂ©putĂ©e pour ses gains pharamineux. Proviennent-ils d’un hĂ©ritage familial ? Mais, dans ce cas, l’avocat Branco gagnerait Ă faire un peu de transparence sur son confort de fils Ă papa qui dĂ©nonce les privilèges.Â
Ou alors proviennent-ils d’une autre source ?Â