Le MEDEF de Geoffroy Roux de Bézieux a décidé de créer une cellule de conformité des mandats. Elle est confiée à un conseiller référendaire de la Cour des Comptes, ancien élève de Saint-Cyr et de l'École de Guerre. Ce recrutement confirme une fois de plus l'appétence du monde patronal pour la haute fonction publique, à un moment où celle-ci fait l'objet d'une réforme en profondeur.
Le MEDEF se dote d’une cellule un peu curieuse chargĂ©e officiellement de “l’animation et de la conformitĂ© des mandats”. Cette appellation d’un premier abord mystĂ©rieuse mĂ©ritera de prĂ©ciser ses contours avec le temps. Mais le profil de celui qui dĂ©tient ce poste en crĂ©ation en suggère long sur les intentions du prĂ©sident.Â
La conformité des mandats, un sujet vieux comme le CNPF
On oublie trop souvent que le MEDEF n’est pas issu d’une logique de solidaritĂ© patronale, mais de la volontĂ© du gĂ©nĂ©ral De Gaulle, qui avait besoin, en 1945, d’une organisation fiable pour contrebalancer le poids de la CGT dans ce qui a fait le modèle social français d’après-guerre : le paritarisme de gestion. Rapidement en effet, le champ social français s’est couvert d’une myriade de structures “paritaires” administrĂ©es par des mandataires dĂ©signĂ©s par les organisations syndicales reprĂ©sentatives, qu’elles soient patronales ou salariales.Â
Ă€ ce titre, le MEDEF doit dĂ©signer des dizaines de milliers de reprĂ©sentants patronaux dans des conseils d’administration parfois très obscurs qui quadrillent le territoire. Cette masse d’intĂ©rĂŞts et d’organismes soulève de vraies difficultĂ©s, tant il est complexe de maĂ®triser “politiquement” une Ă©tendue aussi vastes de sujets… et de profils, dont certains ont parfois l’intention ou la tentation de reprĂ©senter plusieurs intĂ©rĂŞts en mĂŞme temps, dont le leur ou celui de leur fĂ©dĂ©ration.Â
Compte tenu des problèmes pĂ©riodiques posĂ©s par ces questions de mandats, que nous avons Ă©voquĂ©s rĂ©cemment, il n’est pas absurde que le MEDEF se prĂ©occupe (enfin!) de donner un peu de cohĂ©sion Ă la dĂ©signation de ses mandataires.Â
Un profil très militaire pour reprendre en main ce dossier en déshérence ?
Après une dĂ©shĂ©rence de plusieurs annĂ©es, Geoffroy Roux de BĂ©zieux semble avoir voulu taper un grand coup en confiant cette cellule d’animation des mandats Ă un ancien de l’Ă©cole de guerre et de Saint-Cyr, Patrice Huiban. L’intĂ©ressĂ© a effectuĂ© un passage de 6 ans Ă la Cour des Comptes entre sa carrière militaire et ces fonctions nouvelles qui intègrent une dimension de “mise en conformitĂ©”. Mettre des mandats en conformitĂ©… quelle Ă©trange expression !
On notera que le sire Huiban, Ă sa sortie d’Ă©cole, a effectuĂ© quelques missions pĂ©rilleuses oĂą l’on a toujours maille Ă partir avec la direction des renseignements militaires et autres services de renseignement. En tant qu’officier affectĂ© aux transmissions, il a servi en Afghanistan et dans la cellule de crise de CĂ´te-d’Ivoire.Â
Un spĂ©cialiste des explosifs et du renseignement recrutĂ© pour s’occuper d’une poudrière, en quelque sorte. Ses compĂ©tences seront sans doute très nĂ©cessaire, mais il n’est pas sĂ»r que le profil de l’intĂ©ressĂ© amĂ©liore le lien de confiance entre le terrain et l’avenue Bosquet.Â