TF1 a diffusé une longue interview d'Édouard Philippe sur la crise du coronavirus. L'exercice, encadré par Gilles Bouleau et une équipe triée sur le volet, a donné l'occasion au Premier Ministre de livrer un numéro de communication sur le mode de l'humilité et du doute qui tranche avec la "pédagogie" verbeuse du Président. Mais la chaîne a soigneusement évité les questions embarrassantes.
TF1 n’a rien à envier au service public. L’interview d’Édouard Philippe avait tout pour permettre au chef du gouvernement de rassurer les ouailles, tous ces Français que le détenteur du pouvoir exécutif a présenté comme des gens indisciplinés et un peu immatures qui ont besoin d’être mis sous pression pour ne pas se relâcher face au confinement. Dans cet ensemble, qui tranchait avec l’exercice plus incisif de France 2 à la même heure, aucun détail n’a été laissé au hasard.
TF1 permet à Édouard Philippe de jouer aux modestes
Le coronavirus angoisse beaucoup les Français, autant qu’il nourrit en eux un vif ressentiment contre un gouvernement qui ne les a pas préparés à la crise, et qui n’a tout simplement pas préparé la crise. Jour après jour, les révélations se succèdent sur la gestion cataclysmique d’une épidémie pourtant prévisible depuis le mois de janvier. L’enquête publiée par Mediapart a permis d’étayer le sentiment que le gouvernement et les hauts fonctionnaires qui le servent ont gaspillé de précieuses semaines dans l’anticipation des événements.
Pour Édouard Philippe, il devient donc indispensable de recoller les morceaux d’un vase dangereusement cassé en amenant dans les esprits un autre story-telling que celui qui tourne désormais en boucle sur les réseaux sociaux.
Pour y parvenir, Édouard Philippe a eu droit à près de deux heures de réponses qui lui ont permis de nuancer l’image d’arrogance et de moralisation hautaine qu’imprime Emmanuel Macron quand il prend la parole. À de nombreuses reprises, le Premier Ministre a confié qu’il n’avait pas de réponses aux questions posées, et que la période qui s’annonce serait dure.
Cet exercice de modestie permet un atterrissage progressif du gouvernement au milieu d’une population interloquée par le naufrage de la gestion de crise et par l’incapacité du gouvernement à la reconnaître.
Une complaisance qui sera retenue contre la chaîne
Une question se pose dans cet exercice : arrive-t-il trop tard et est-il encore temps de colmater les brèches ? Gilles Bouleau n’aura en tout cas ménagé ni son temps ni sa peine pour y parvenir.
Par exemple, sur la question désormais explosive du port du masque pour se protéger de la contamination, le présentateur a bien pris garde de ne pas porter la contradiction à son interlocuteur. On sait désormais que l’État a tardé à commander des masques en nombre suffisant, et qu’il s’est montré incapable de les commander en urgence. Face à la pénurie (qui explique 1.200 collaborateurs de l’AP-HP soient, semble-t-il, contaminés), le gouvernement a fait contre mauvaise fortune bon coeur en expliquant que le masque n’était pas utile pour freiner l’épidémie.
Lorsqu’Édouard Philippe a dû répondre à la question posée sur le nombre de masques, Bouleau a soigneusement évité de lui demander de réagir à l’enquête de Mediapart, et il a évité de le taquiner sur le mensonge évident sur le sujet. Bien entendu, les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui imposent le port du masque à l’ensemble de la population.
À une autre question sur le fait que les élites avaient accès aux tests interdits à la population, Édouard Philippe a esquivé en mode énarque qui t’embrouille, et Gilles Bouleau l’a remercié d’avoir répondu clairement. Ce petit jeu de connivence peut-il encore berner une opinion qui s’informe désormais sur les réseaux sociaux ?
Même en Chine, le pouvoir communiste n’ose plus pratiquer de cette façon, ce qui classe la France à un rang proche de la Corée du Nord en termes de soumission des médias.
C’est ce qui embarrasse dans cette émission. Il y a deux mois, elle aurait pu passer pour un exercice d’humilité appréciable. Aujourd’hui, elle ressemble à une prise de conscience trop tardive qui intervient à contre-temps. Dans l’esprit des Français qui s’informent sur les réseaux sociaux, les sujets traités par Philippe étaient déjà dépassés.
Vous êtes exposé au coronavirus du fait de l’inaction de l’État (pas de masques, de protections, de tests, de médicament, etc.) ?
Laissez votre témoignage détaillé sur le groupe Facebook #RendezVousAuProcès. Et préparez une action de groupe avec nous.
Non seulement l’exercice est d’une tournure intellectuelle incroyablement avachie, mais en plus on prend les français vraiment pour des cons, il n’y a pas d’autre mot. Pire encore, on met sur le plateau des “experts” (Lacombe et consorts) chargés de seconder la parole divine et de surcroît, lorsque l’émission est finie, les complices de ces experts poursuivent leur travail de sape, puisqu’il a été interdit, par esprit de soumission, d’évoquer notamment les préconisations médicales de l’IHU MARSEILLE qui sont désormais adoptées dans la majorité des pays suite aux publications d’essais randomisés par la Chine et les US.
Il faut remonter à l’affaire Fillon pour voir de quelle manière absolument méthodique les télés, radios, journaux sont acteurs de cette vaste panurgie médiatique. Il y a moins d’une semaine, tout le monde parlait de ce traitement en essayant de démonter Raoult. N’arrivant pas à leurs fins, quelques jours après, c’est le silence, seuls les réseaux sociaux sont encore actifs sur le sujet, comme si désormais il était évident que le sujet n’avait plus lieu d’être.
Quid de nos anciens qui meurent dans les EPHAD et dont on commence à distiller seulement les chiffres, tout cela pour faire correspondre la mortalité avec la fameuse courbe aplatie que nous présenté le ministre de la santé. Comme si dans un pays comme le nôtre il était impossible de faire remonter les infos via les ARS où même par les services de police ou de gendarmerie !
C’est tout simplement scandaleux, et tous ceux qui parlent de démocratie et de liberté de la presse feraient mieux de se laver la bouche avant de raconter des âneries pareilles.
Je suis révolté devant tant de mensonges, de veulerie, à un point que je pensais jamais connaitre.
Je tiens le gouvernement pour responsable.
Nous ne sommes plus en démocratie.