Les assureurs ont commis un gros loupé de communication depuis le début du confinement. Le silence qu’ils ont observé durant les premières semaines de la pandémie, et le refus sec opposé aux mouvements patronaux de couvrir les pertes d’exploitation les ont placés au centre des attaques. Patrons, élus et président de la République viennent de se succéder pour imposer un tribut d’un milliard à la profession. Et ce n’est probablement qu’un début.
Les assureurs sont désormais dans l’oeil du cyclone. Après avoir opposé un refus sec et laconique aux mouvements patronaux qui demandaient l’indemnisation au moins partielle des pertes d’exploitation dues au confinement, ils font face à une violente campagne de critiques qui devraient les cornériser pour un bon moment.
Les assureurs directement visés par le président de la République
Dans sa quatrième adresse à la Nation en quelques jours, le président de la République a annoncé hier soir un déconfinement le 11 mai, et une mise sous surveillance des assureurs dans leur participation à l’effort collectif. Aucune autre profession n’a eu droit à ce traitement de faveur. Cette solitude des assureurs dans la mise au pilori donne une bonne mesure du revers politique subi. Il est loin le temps où quelques députés issus de compagnies d’assurance se félicitaient des 200 millions arrachés par Bercy à un carré d’assureurs revêches conduits par une Florence Lustman peu au fait de ce qu’est la politique.
Contrairement à ce qu’elle pouvait imaginer, être ancienne élève de l’École Polytechnique et avoir des amis à Bercy ne suffit pas à légitimer un comportement élitiste…
Les hôteliers tirent à boulets rouges sur les assureurs lâcheurs
Alors que Florence Lustman est restée sourde aux sollicitations des fédérations ou syndicats impactés par le confinement, la moutarde est violemment montée au nez de certains. On retiendra par exemple ce communiqué de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, l’UMIH, dont le président Roland Héguy, a signé cette citation explosive :
« Prévenir, accompagner et soutenir dans un monde marqué par l’incertitude, c’est la mission de l’assureur, qui protège au quotidien et prépare l’avenir », cette première phrase du rapport 2018 de la fédération française de l’Assurance honorerait les assureurs s’ils la mettaient réellement en application. Nos chefs d’entreprise cotisent chaque mois auprès de leur assurance pour pouvoir être soutenus en cas de coup dur. Nous nous estimons lâchés par les assureurs. Nous n’entendons donc pas relâcher notre mobilisation car pendant que la fédération française de l’Assurance parle d’argent, nous, nous parlons d’emplois, d’hommes et de femmes et d’entreprises qui participent à l’attractivité de leur territoire et de notre pays. »
Le ton était donné, et la semaine se terminait en fanfare pour les assureurs…
Retailleau exhorte Macron à secouer les assurances
Au demeurant, la grogne est devenue si assourdissante que les élus ont commencé à s’en mêler. Bruno Retailleau, qui structure l’opposition au Sénat, est intervenu directement dans les medias, hier matin, pour dire tout le mal qu’il pensait du manque d’empathie des assureurs.
“S’il n’y a pas un geste supplémentaire des assurances, alors il faudra sans doute aller au-delà avec des mesures coercitives.”
Les assureurs découvrent donc tout le danger qu’il y a à ne pas remiser le mépris et l’arrogance dont ils sont si souvent capables de faire preuve vis-à-vis des gens qui les contredisent. La communication abrupte et sans recul des premiers jours, où un directeur de la FFA était commis pour expliquer sur les réseaux sociaux que rien ne bougerait est en train d’être payée cash.
La politique n’est pas un sport de salon.
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