Domplus publie un nouveau baromètre sur les « galères » et les difficultés des Français qui complète, à trois semaines d’intervalle, la première opération que nous avions déjà évoquée. Les résultats confirment les premières remontées : la peur domine les Français. Mais pas la peur du virus : plutôt la peur des lendemains qui ne chantent pas que la peur de la réanimation !
La peur économique au coeur des Français
Contrairement aux idées répandues par la presse subventionnée, le sentiment dominant des Français n’est pas la peur du virus… mais la peur face à la crise, aux licenciements et aux lendemains qui déchantent. Comme l’indique l’étude, les difficultés professionnelles sont mentionnées comme la première source de « galère » en France, devant la gestion du budget, puis l’organisation quotidienne. La santé et le bien-être viennent en dernier.
Il est vrai que, pour les retraités, cet ordre est un peu différent. Ceux-ci ont d’abord des inquiétudes quant à l’organisation quotidienne, et ils placent leur santé et leur bien-être en second.
Mais, dans tous les cas, la peur du virus n’apparaît comme prioritaire dans aucun segment de la population.
Une peur mal appréciée politiquement ?
Cette priorité accordée aux questions d’avenir et d’organisation, aux questions de déconfinement au fond, ont été manifestement mal appréhendées par le gouvernement. Une grande partie de la communication politique s’est focalisée sur les questions de santé et de virus, quand, au fond, dans les préoccupations quotidiennes, ces sujets-là intéressaient moins les Français que les problèmes d’emploi et de sécurité économique.
On peut s’étonner d’ailleurs que, en dehors du chômage partiel, qui est une affaire ponctuelle, le gouvernement n’ait pratiquement pas abordé avec les Français ces questions d’avenir. De fait, l’absence de communication politique rassurante a laissé prospérer les idées romantiques sur le « monde d’après », sans que rien n’émerge vraiment.
Et si les français voulaient revenir au monde d’avant ?
L’intérêt de la quantification des affects dominants est évidemment de mettre des valeurs et des volumes sur des impressions diffuses que personne ne peut jamais vraiment discuter. Mais les résultats du baromètre permettent d’argumenter une conviction déjà dégagée les semaines précédentes : les grandes tirades romantiques sur le monde d’après où le capitalisme céderait la place à une économie décroissante, fondée sur le bonheur et la jouissance ne font certainement pas l’unanimité dans l’opinion. Et il serait erroné de croire que ces aspirations très élitaires sont partagées par l’ensemble des Français.
Fallait-il confiner autant ?
Quand on lit l’ensemble du baromètre, la question cruciale de la sensibilité des Français à l’importance du confinement est posée. Incontestablement, comme l’ensemble des pays européens, la France avait besoin de confiner pour limiter l’engorgement de ses lits de réanimation. Mais sommes-nous sûrs que le gouvernement n’en a pas fait trop en pratiquement un confinement somme toute assez dur (notamment en interdisant l’accès aux plages), alors que les Français se sont montrés plutôt disciplinés et plutôt confiants face à la maladie ?
Il n’est pas impossible que l’opinion ait pu entendre, majoritairement, un discours favorable à une préservation de l’activité économique, quitte à réduire l’efficacité du confinement. Malheureusement, le gouvernement ne s’est pas tourné vers cette voie.
À la lecture des résultats fournis par Domplus, la question fondamentale du choix entre confinement et « immunité collective » reste en tout cas entière, et rien n’exclut qu’une part substantielle de la population française n’ait préféré une stratégie d’ouverture et de prise de risque pour mieux préserver l’activité.
Des lendemains qui s’annoncent difficiles
Très vraisemblablement, le déconfinement va ouvrir une ère délicate pour le gouvernement. Dans une large mesure, les craintes concernant l’avenir de l’emploi et l’organisation quotidienne ne sont guère « adressées » aujourd’hui, et une part importante des Français peut avoir le sentiment que les pouvoirs publics n’ont pas perçu les vraies attentes de l’opinion.
Il faudra faire attention à ce que ce défaut d’écoute ne se transforme pas en sujet de colère.