La nomination de Pierre Moscovici Ă la tĂŞte de la Cour des Comptes, mercredi prochain, fait couler beaucoup d’encre et tue dĂ©finitivement tout espoir, pour Emmanuel Macron, de faire croire Ă sa sincĂ©ritĂ© lorsqu’il parle du monde d’après. L’ancien commissaire europĂ©en illustre en effet tout ce que l’ancien monde peut avoir de moisi et de rance. Voici quelques rappels sur qui est vraiment Pierre Moscovici.Â
Pierre Moscovici est connu comme un soutien (d’une loyautĂ©Â Ă gĂ©omĂ©trie variable) de François Hollande, mais avant lui de Dominique Strauss-Kahn, et encore avant de Jacques Delors. Cette seule Ă©numĂ©ration tient lieu Ă la fois de fiche gĂ©nĂ©alogique et d’illustration de la capacitĂ© de la gauche Ă la loyautĂ©. Pour ceux qui ne connaĂ®traient pas l’impĂ©trant Moscovici, voici quelques repères factuels qui permettent de remettre les choses au carrĂ©.
Moscocivici, le roi des fainéants selon la presse allemande
Si certains Français avaient des doutes sur l’image que la nomination (le “reclassement” devrions-nous dire) de Moscovici pouvait produire, un petit rappel d’un article bien senti du Handelsblatt de 2017 permet de mettre les choses au clair. Car Pierre Moscovici, commissaire europĂ©en, a brillamment illustrĂ© toutes les qualitĂ©s prisĂ©es chez un Ă©narque dans la France du dĂ©but du XXIè siècle, et honnies ailleurs : paresse, vanitĂ©, suffisance, incompĂ©tence.Â
Nous citons ci-contre les propos du magazine allemand pour illustrer la fossĂ© qui sĂ©pare la perception française du personnage et la vision internationale que nos voisins “sĂ©rieux” peuvent en avoir. Le papier du Handelsblatt, dès le chapeau, ne mâche pas ses mots : “Inattentif, ignorant, indiffĂ©rent: le commissaire Ă©conomique de l’UE, Pierre Moscovici, fait l’objet de chuchotements Ă Bruxelles depuis des annĂ©es – dans un sens nĂ©gatif. Cependant, cela ne nuit pas Ă ses ambitions professionnelles.”
Il semblerait en effet que l’aristocrate Moscovici (de noblesse rĂ©cente, nous en convenons) n’ait jamais eu besoin de s’intĂ©resser Ă son job pour percevoir son salaire. La question est Ă©videmment de savoir d’oĂą vient cette inĂ©galitĂ© de traitement qui permet Ă certains de gagner, en un mois, au mois une annĂ©e de SMIC sans aucune motivation, quand d’autres ont besoin de multiplier les preuves de leur intĂ©rĂŞt pour leur travail et de leur engagement pour gagner des salaires modestes. Sur ce point, les interprĂ©tations sont ouvertes. Mais une chose est sĂ»re : ce n’est visiblement pas la compĂ©tence de Moscovici qui explique sa nomination comme commissaire europĂ©en aux affaires Ă©conomiques. Durant tout son passage Ă Bercy, Moscovici se rĂ©vèlera incapable de redresser les comptes publics en faisant passer le dĂ©ficit sous la barre des 3% Ă laquelle le peuple français s’est engagĂ© lors du referendum sur le traitĂ© de Maastricht.Â
Unaufmerksam, unwissend, desinteressiert: EU-Wirtschaftskommissar Pierre Moscovici sorgt seit Jahren in Brüssel für Gesprächsstoff – in negativem Sinne. Seinen Karriereambitionen ist das jedoch nicht abträglich.
Moscovici, le fils Ă papa Ă l’Ă©tat presqu’aussi pur que RaphaĂ«l Glucksmann
L’un des secrets qui expliquent que Pierre Moscovici ait pu rĂ©aliser une brillante carrière dans le capitalisme de connivence français tient Ă ses origines familiales. Moscovici vient d’une famille communautaire de gauche, d’Europe Orientale, qui a prospĂ©rĂ© après-guerre sur les sentiers de la psychanalyse et du pack intellectuel grâce auquel on paraissait intelligent en 1970. Il est de notoriĂ©tĂ© publique que Pierre Moscovici avait des parents qui avaient un nom avant lui : Serge Moscovici, son père, fut l’un des thĂ©oriciens de l’Ă©cologie politique, Marie Bromberg, psychanalyste, fut l’une des figures de la profession. Qu’on le veuille ou non, voilĂ qui vaut brevet de compĂ©tence dans une France vĂ©rolĂ©e par l’esprit de caste et la culpabilitĂ© d’après-guerre.
Quand le fils Moscovici entre en politique chez les trotskystes, il bĂ©nĂ©ficie donc de la mĂŞme aura que le fils Gluscksmann, curieusement, et de cette mĂŞme capacitĂ© Ă jouer aux chevaliers gauchistes tout en bĂ©nĂ©ficiant d’un solide hĂ©ritage socio-culturel dont il se servira toute sa vie pour faire carrière.Â
On lira quelques intĂ©ressantes considĂ©rations de Moscovici sur ses origines familiales dans un portrait que le Journal du Dimanche lui a consacrĂ©.Â
Les affinités idéologiques de Pierre Moscovici
Ancien Ă©lève de la promotion Louise Michel, de l’ÉNA (comme Guillaume PĂ©py ou Philippe Bas), Pierre Moscovici sort Ă la Cour des Comptes (comme François Hollande deux ans avant lui). Selon Marie-Dominique Lelièvre, il a dĂ©jĂ entamĂ©, alors, son rapprochement avec le Parti Socialiste, sous l’influence de Dominique Strauss-Kahn. En 1988, il rejoint le cabinet de Lionel Jospin Ă l’Éducation Nationale.
Vingt ans plus tard, on retrouvera Moscovici dans l’Ă©curie de Strauss-Kahn, avant qu’il ne rallie François Hollande. Sa proximitĂ© avec ce dernier n’est toutefois pas surprenante. En 1991, Moscovici, qui avait rejoint Hollande dans le mouvement “TĂ©moins” crĂ©Ă© par Jacques Delors, avait mĂŞme signĂ© une tribune avec le futur prĂ©sident de la RĂ©publique pour dĂ©noncer la politique trop libĂ©rale et trop europĂ©enne de Pierre BĂ©rĂ©govoy…Â
Historiquement, donc, Pierre Moscovici est un partisan de la dĂ©pense publique, du dĂ©ficit, du laxisme budgĂ©taire. L’ensemble de ces qualitĂ©s connues de longue date explique la suite de son oeuvre, et notamment le naufrage budgĂ©taire français sous François Hollande. Il paraĂ®t donc tout indiquĂ© pour diriger la Cour des Comptes…
Nous pensons qu’il faut un budget pour la zone euro, qui soit notre première défense commune face au reflux de la croissance. A mes yeux, ce budget aurait vocation à financer un socle de financement de l’indemnisation chômage en zone euro. Il permettrait ainsi d’exprimer une solidarité entre les membres de la zone euro et de donner une réalité à l’Europe sociale, tout en étant un outil puissant de stabilisation macroéconomique, première réponse à un ralentissement de l’activité.
Non, Moscovici n’est pas franc-maçon
Un mythe tenace fait de Moscovici un franc-maçon qui ferait carrière grâce Ă la fraternitĂ© gĂ©omĂ©trique. S’il est Ă©vident que Pierre Moscovici est l’homme d’un système, aucune preuve n’a Ă©tabli Ă ce jour son appartenance Ă la franc-maçonnerie.Â
On relira ici l’article très documentĂ© du Point sur le sujet. Si François Hollande Ă©tait entourĂ© de nombreux francs-maçons, il est peu probable que Pierre Moscovici en ait fait partie.Â
En revanche, deux ou trois points de son curriculum vitae sont souvent oubliĂ©s, alors qu’ils expliquent une partie des “facilitĂ©s” que Pierre Moscovici a eues pour faire carrière sans beaucoup travailler. Premier point : en 1996, Pierre Moscovici a bĂ©nĂ©ficiĂ© du programme des “young leaders” par lequel les États-Unis tissent un rĂ©seau d’influence en France. D’autre part, Pierre Moscovici fut jusqu’en 2012 vice-prĂ©sident du Cercle de l’Industrie, crĂ©Ă© en 1993 par Dominique Strauss-Kahn et Raymond LĂ©vy.Â
Ce lobby (encore actif Ă l’AssemblĂ©e Nationale) a permis Ă Moscovici de nouer des contacts prĂ©cieux avec l’ensemble du capitalisme français. Cette influence discrète est Ă ne pas nĂ©gliger dans la comprĂ©hension de son parcours.Â
Mais quelle dette Macron acquitte-t-il ?
Dans tous les cas, placer Pierre Moscovici Ă la tĂŞte de la Cour des Comptes est un choix qui ne peut que nuire Ă l’image de cette institution. Mauvais gestionnaire, adepte paresseux du dĂ©ficit budgĂ©taire, Moscovici est la caricature de cette Ă©lite Ă©narchique qui adore le pouvoir mais abhorre la discipline. Pour Emmanuel Macron, cette dĂ©cision a en tout cas un coĂ»t d’image important…
Le plus vraisemblable est que, sous le quinquennat de François Hollande jusqu’aujourd’hui, Pierre Moscovici ait garanti Ă la France une vĂ©ritable indulgence dans l’examen de sa politique budgĂ©taire Ă Bruxelles. Depuis 2012, la Commission ferme Ă©trangement les yeux sur les Ă©carts budgĂ©taires français (quoiqu’en disent les pourfendeurs du “libĂ©ralisme”). Il est plausible que cette indulgence doive beaucoup Ă Moscovici, qui n’aura pas manquĂ© de s’assurer un fromage pour son retour.Â
Ceci est hypothĂ©tique, bien entendu…
Une provocation que la nomination de ce profiteur invĂ©tĂ©rĂ© du système pour se gaver d’argent public en ciblant les fonctions de la rĂ©publique offrant les meilleurs privilèges. Une insulte et un affront Ă l’intelligence et aux valeurs humanistes des citoyens.
Ça partait bien. Je regrette votre allusion aux ✌️valeurs humanistes des citoyens.✌️Pourquoi subitement ce préchi-précha socialo mediatoc?
N estce pas Charles Gave qui dit que nous sommes gouvernĂ©s par des ânes…
Macron a tout de meme un souci d entourage et de choix de personnes
Pensons
Bennala
Grivaux
Buzyn
De rugy
Hulot
Le Maire
vous me faites bien rire. SI quelqu’un tenait la route dans ce pays, cela se saurait !!!!! la France est LE pays le plus mal gĂ©rĂ©, avec la ponction publique la plus importante et la plus nulle : nous en avons vu encore le cas dans cette maladie !!!!!
macron se protège un peu plus (il en aura besoin ….) avec ce vaniteux, incompĂ©tent.
Il ne dĂ©pare pas dans l’Ă©curie macron !!
Beurk!!!! Assez d’énarchie!!!!! Et de leurs copains !!!
Celui là est un des plus mauvais.. L’illusion Macron, comme attendu, finit par éclater.
ce n’est pas une illusion : Mr Macron est mauvais en tout. Seul problème : qui pour le remplacer ??? P E R S O N N E !!!!
Serge Moscovici Ă©tait un très grand intellectuel français. Emigrant en France depuis la Roumanie, dès qu’il comprit que les cadres de la Garde de fer Ă©taient devenus les cadres du parti communiste, il fit ses Ă©tudes tout en travaillant et je trouve que votre article ne lui rend pas l’hommage qu’il mĂ©rite. Son engagement politique a toujours Ă©tĂ© assis sur de très solides rĂ©flexions et il est d’abord le crĂ©ateur de la psychologie sociale en France. Esprit libre et rigoureux, cultivĂ© et original, Serge Moscovici appartenait certes au cercle des “intellectuels de gauche” de l’après guerre (Sartre, Touraine etc.), mais sa rĂ©flexion est bien plus profonde. Il n’ a jamais revendiquĂ© le statut “d’intellectuel engagĂ©” (c’est un bon weberien qui ne mĂŞlait pas le savant et le politique), son histoire l’a heureusement prĂ©muni de la tentation de compagnon de route des communistes et son engagement Ă©cologiste est bien plus profond que l’Ă©pithète d’Ă©cologiste politique dont vous le qualifiez. Il faut lire ses livres, notamment ses souvenirs (Chronique des annĂ©es Ă©garĂ©es) La Machine Ă faire des dieux, Psychologie des minoritĂ©s actives . …). Intellectuel reconnu internationalement Serge Moscovici reprĂ©sente une Ă©poque rĂ©volue, celle oĂą l’intelligence et la culture, l’originalitĂ© de la pensĂ©e n’Ă©taient pas Ă©touffĂ©s par la bureaucratie universitaire, les pseudo Ă©valuations etc. Pierre Moscovici a toujours Ă©tĂ© très attachĂ© Ă son père et c’est vrai qu’il a Ă©tĂ© liĂ© par lui Ă Jospin, mais le traiter de fils Ă papa, c’est tout juste mĂ©connaĂ®tre ce qu’Ă©tait son père !
Si vous voulez en savoir plus sur ce qu’il se passe dans l’UE sous les yeux de Moscovici, un audit de la Cour des Comptes europĂ©enne de 2017 met en Ă©vidence un acte de piraterie sur le commerce intra-communautaire commis par un Ă©tat membre (UJ) depuis 2011. La Commission constate.
(mieux Ă lire sur un ordi car il met un peu de temps Ă charger).
https://julienfontaine.com/2020/05/07/uk-importations-fraude-douane-tva-ue/
“Les valeurs dĂ©clarĂ©es Ă l’importation au UK, sur la base de fausses factures, Ă©taient minorĂ©es de plus de 10 fois, entraĂ®nant un manque Ă gagner important pour la perception tant des droits de douane que de la TVA dans les Etats Membres destinataires des marchandises. Octopus II a donc permis de confirmer que les fraudes Ă la valeur Ă©taient principalement commises au Royaume-Uni et se prolongeaient par le non-paiement de la TVA dans les pays de destination. (OLAF, dĂ©c. 2017).”
Le UK a pris 2,7 milliards € de compensation Ă payer Ă l’UE (il ne paieront jamais).
2,7 milliards € sur 4,7% de droits de douane d’un marchandise de valeur sous-dĂ©clarĂ©e x10 qui se prolonge par la fraude Ă la TVA en B2C laissent imaginer les dĂ©gâts sur les entreprises europĂ©ennes dont la Commission se fout ouvertement en conclusion du rapport.
Ce marché commun n’est-il pas plus un espace de dumping féroce qu’un marché « harmonieux et normalisé » tel qu’on nous l’a vendu et qu’on continu de nous le vendre ?