La crise a coûté 1,5 milliard € à Axa, conformément aux prévisions du groupe publiées au printemps. Cette somme colossale correspond à la moitié des résultats prévus… et au volume que l’assureur entendait distribuer de façon complémentaire à ses actionnaires. Par prudence, ce deuxième versement est suspendu. Mais le champion français évite le pire et résiste plutôt bien à une crise très dure.
Le 6 août, Axa a publié ses résultats semestriels. L’entreprise a souffert de la crise et considère que l’addition du coronavirus s’élève à 1,5 milliard, dont 1,2 en couverture de sinistres. Ce faisant, le résultat est diminué de moitié. Mais le groupe limite les dégâts et semble résister à la crise. Les analystes s’en félicitent.
Les résultats d’Axa plombés de moitié
Axa a publié ses résultats semestriels. Ils montrent un net repli dû au coronavirus. Le résultat brut est de 1,9 milliard, et le résultat net de 1,4 milliard €. Celui-ci est en repli de 39% par rapport à l’an dernier. C’est à la fois beaucoup et plutôt rassurant. La baisse est en effet conforme aux prévisions, et préserve une solidité financière rassurante pour les assurés.
Axa souligne que les indemnisations dues au coronavirus et aux effets du confinement s’élèvent à 1,2 milliard. En quelques mois seulement, ça fait beaucoup…
Les pertes sur les marchés financiers ressortissent à 300 millions €. Là encore, les conséquences des tabacs boursiers auraient pu se révéler bien pires.
Le géant français de l’assurance peut donc se targuer d’encaisser une crise violente avec de vrais éléments de solidité. Mais pas au point de continuer ses distributions de dividendes : alors que l’Assemblée générale avait entériné un versement complémentaire de dividende à l’automne, le groupe y renonce finalement. Prudence oblige.
Le conseil d'administration d'Axa, lors de sa réunion du 5 août 2020, a décidé de ne pas proposer aux actionnaires de procéder à une distribution exceptionnelle de réserves au quatrième trimestre 2020
Axa, officiel Tweet
La solvabilité d’Axa conforme aux objectifs
Le régulateur se félicitera d’apprendre que le ratio de solvabilité d’Axa se maintient à 180. Comme nous l’avions indiqué en juin, il a baissé de 20 points sous l’effet du coronavirus. Mais il se maintient au-dessus de la ligne de flottaison définie par le plan Ambition 2020. Celui-ci avait défini un plancher à 170.
En l’état, Axa peut donc se targuer de résister plutôt bien à la crise, même si le management de l’entreprise a annoncé qu’il renonçait à deux objectifs initiaux : un résultat opérationnel par action en hausse de 3% à 7% en moyenne par an, ainsi qu’une rentabilité courante des capitaux propres comprises entre 12% et 14% en raison de la crise économique et sanitaire.
On parlera ici de dégâts limités, qui valident la réorientation stratégique de ces dernières années, qui consistait à remettre l’assurance au coeur de l’activité du groupe.
Axa évite le pire sur les pertes d’exploitation des restaurateurs
Parallèlement à ces nouvelles financières qui ne sont pas au fond si mauvaises qu’on ne le craignait, Axa a globalement rétabli sa situation juridique sur le fond des pertes d’exploitation dans le secteur du tourisme, et singulièrement dans le secteur de la restauration. Après la décision “Manigold” qui a condamné l’assureur à payer, plusieurs autres affaires ont donné lieu à des décisions contrastées. L’une d’elles mérite une attention particulière : à Toulouse, très symboliquement, le chef bien connu Michel Sarran a été débouté de son recours sur le contrat standard d’Axa. Celui-ci prévoit explicitement une exclusion de garantie en cas de fermetures collectives sur décision administrative.
Cette décision judiciaire apporte un peu de sérénité à l’assureur qui fait ainsi valider une position qu’il tient depuis plusieurs mois maintenant. Et fait retomber une pression montée un peu partout, notamment sous l’impulsion de certains syndicats patronaux de la restauration.
"L'impact du Covid-19 est en ligne avec notre estimation communiquée préalablement. L'activité d'assurance dommages des entreprises est la plus affectée, notamment chez AXA XL. Le reste du Groupe a bien résisté, l'impact du Covid-19 étant en grande partie compensé par la baisse de la sinistralité en assurance automobile ainsi que par la croissance en santé et en gestion d'actifs"
Thomas Buberl Tweet
L’achat de XL était-il judicieux ?
Les observateurs ont évidemment relevé avec malice que l’essentiel des pertes subies par Axa durant ce semestre provenait de sa nouvelle filiale Axa XL, rachetée 15 milliards en 2018.
Perdre plus d’un milliard en trois mois sur une affaire rachetée à un prix de 12,5 milliards, deux ans auparavant, cela fait évidemment un peu tache dans le paysage. Dans cette affaire, c’est la stratégie imprimée par Thomas Buberl, successeur d’Henri de Castries, qui est interrogée.
Désormais, Axa avance sous la pression des analystes qui s’interrogent sur le bénéfice que l’assureur tirera finalement de cette opération. XL Group est spécialisé dans le risque industriel. C’est un poids lourd mondial, et Axa doit démontrer que le jeu en valait la chandelle.
Buberl va devoir réussir l’intégration de cette acquisition désormais à haut risque.
Des cessions à prévoir
Pour renflouer ses comptes, Axa réfléchit désormais à sa stratégie de cession. La rumeur court selon laquelle Axa Singapour serait à vendre. En revanche, sa filiale Axa Life Europe ne serait plus à vendre. On sent bien que la crise redistribue profondément les cartes et que les stratégies à long terme seront impactées.
Pour l’instant, le marché reste toutefois positif en demeurant majoritairement sur des positions d’achat avec un pronostic de valorisation des cours.
Ne pas s’inquiéter pour AXA, qui a refusé pratiquement toutes le indemnités de perte d’exploitation de ses assurés.
Mais on n’en attendait pas moins, AXA n’est qu”une holding de BlackRock