La réforme des retraites est désormais l’Arlésienne du gouvernement. Même si le projet de loi adopté avant le confinement semble pour l’instant abandonné, Emmanuel Macron et son équipe aiment à annoncer son prochain retour. Mais, pour l’instant, ils ne dévoilent rien de leurs intentions. Voici, dans les grandes lignes, ce silence cache.
Mais pourquoi le gouvernement ne dévoile-t-il pas ses intentions sur la réforme des retraites telle qu’il entend la mener d’ici à 2022 (puisque le Président de la République et le ministre ad hoc ont répété cet été que cette réforme serait menée à bien) ? Ce silence est embarrassant s’agissant d’une réforme essentielle pour le quinquennat, et pour le pays lui-même, à qui elle a déjà coûté beaucoup d’énergie.
Il n’est pas inutile de reprendre ici les données du problème pour comprendre dans quel labyrinthe le gouvernement est obligé d’avancer.
La réforme des retraites là où elle en est
Pour bien comprendre la difficulté de ce dossier, il faut avoir en tête les évolutions des dernières semaines. Dans le courant de l’été, Jean Castex a convoqué en urgence les partenaires sociaux pour remettre le sujet sur la table. Et… lors de sa rencontre en urgence avec eux (quelques heures avant le sommet européen qui devait statuer sur les emprunts mutualisés dont la France pourrait bénéficier), il a finalement annoncé que le sujet n’était pas urgent, qu’il fallait un diagnostic du conseil d’orientation des retraites, et que tout cela serait discuté début 2021.
Ce report, que nous avions anticipé dès le mois d’avril, correspond à un mouvement de balancier assez simple. Redisons-le, la France agace ses partenaires parce qu’elle consacre 14% de son PIB aux retraites, un véritable record par rapport à eux. Ces partenaires sont assez peu disposés à s’endetter pour financer ce qu’il considère être un luxe très égoïste.
Un temps, Macron a songé échanger un accord européen contre une promesse de réforme urgente des retraites, ce qui explique la convocation en urgence des partenaires sociaux par Castex. Mais le cours de la négociation a changé, et il est devenu politiquement acceptable d’afficher au niveau européen une réforme plus tardive.
"On a un engagement avec les Français, de transformation de notre système de retraites pour en faire quelque chose de plus juste, de plus solidaire"
Laurent Pietraszewski, 31 août 2020 Tweet
Les comptes sociaux partent en capilotade
Il faut dire qu’une réforme en urgence des retraites pose un problème de fond : la crise frappe, mais n’en est qu’à ses débuts. Anticiper ce que sera l’atterrissage des régimes dans les prochains mois relève donc plus de la cartomancie que de la prévision économique.
Pour l’instant, le déficit en fin d’année est annoncé à 30 milliards €, soit, bon an mal an, 10% des dépenses annuelles. Nous maintenons notre conviction que la baisse des rentes sera équivalente à ce montant l’an prochain. Mais il est un peu tôt pour savoir…
Il est possible que l’atterrissage final soit plus douloureux. Il est possible qu’il le soit moins. C’est l’objet du diagnostic commandé au COR, qui est un moyen commode de faire patienter tout le monde jusqu’à la fin de l’année. Pendant ce temps, tout le temps à les yeux rivés sur les comptes des URSSAF.
Dans tous les cas, la France ne pourra revendiquer 40 milliards de ses partenaires pour financer 30 milliards de déficit des retraites sans réagir.
Une réforme essentiellement paramétrique
Sur le fond, les termes de la réforme qui sera menée sont déjà connus. Alors que Macron a prévu une réforme “systémique” qui ne produit d’effet financier qu’à long terme, il devra se rallier à une réforme paramétrique avec des effets rapides. Or, pour dégager ces effets, les recettes sont parfaitement connues. La plus simple à faire admettre politiquement est l’allongement de la durée de cotisation par le relèvement immédiat de l’âge de départ. Seule cette décision dégage immédiatement de la liquidité pour les régimes.
Les autres mesures sont politiquement plus indigestes : hausse des cotisations, baisse des pensions. On mesure l’effet explosif de cette solution, pourtant inévitable.
"je suis là pour faire cette transformation du système de retraites, donc oui, elle se fera avant la fin du quinquennat"
Laurent Pietraszewski Tweet
Pourquoi la baisse des pensions est inévitable
Dans la pratique, avec une baisse durable de recettes de 10%, la baisse des pensions à même hauteur est inévitable. On imagine mal que tout le monde en France se serre la ceinture, sauf les retraités (et les fonctionnaires). Il faudra donc bien annoncer la douloureuse, même sous une forme amoindrie ou enjolivée.
Pour ce faire, le gouvernement aura besoin de dramatiser la situation et de mettre en scène le risque de disparition de la retraite par répartition si la réforme n’est pas décidée… et adoptée prestement.
Les formes prises par cette réforme peuvent être multiples : gel des pensions pendant cinq ans, relèvement de la CSG, plafonnement des retraites complémentaires. L’arsenal est large et sera affiné au cours de l’automne. Il est très vraisemblable que la mouture finale de la réforme conjugue un mixte entre mesures de gel, relèvement des contributions et baisses concrètes des retraites les plus élevées.
Le mixte final très prévisible de la réforme de 2021
On mesure immédiatement la difficulté politique de l’exercice, et ceux qui auraient du mal à le faire peuvent relire les expressions rageuses des retraités au moment du relèvement de la CSG pour comprendre que ce dossier sera de toute façon compliqué à régler.
Pour laisser le moins de plumes possibles, le gouvernement sera tenté de faire un choix à l’eau tiède comme d’habitude. Celui-ci combinera plusieurs mesures impopulaires dont la conjugaison est supposée atténuer les effets.
En contrepartie des baisses d’impôts sur la production, les entreprises devront supporter une hausse de quelques milliards des cotisations retraites. Cette mesure contracyclique servira à justifier un relèvement de l’âge de départ à la retraite (sans doute à 65 ans immédiatement et à 67 ans dans les cinq ans à venir) et un effort pour les retraités, qui consistera en une forme de décote temporaire des pensions en cours de liquidation. Les retraités actuels au-dessus d’un certain niveau de pension seront mis à contribution.
L’ensemble sera vraisemblablement bouclé par une hausse de la fiscalité de l’assurance-vie, et son alignement sur le droit commun des successions.
La couleuvre sera douloureuse. Mais il n’est pas sûr que, au début de 2021, la France ait vraiment le choix…
Et je pense à certains élus qui s’indignent de la baisse des retraites du nouveau système. Mais Regard sur la retraite du secteur privé durant 62 ans qui n’a fait que baisser et que l’on m’a adressé = cliquez pour lire la suite :
https://developpement-mental-semantique.com/regard-sur-la-retraite-du-secteur-prive-durant-62-ans-que-lon-ma-adresse/
Tin l’assurance vie alignée sur le successions!! Ça m’arrange pas. Les plus values donc. Avec ou sans effet rétroactif par rapport à la date de création du compte? Parce que sinon il y a rupture de contrat, non??
C’est pourtant simple, il suffit de faire payer des cotisations retraite aux retraités, ainsi ceux qui bénéficieront d’une longue retraite auront effectivement contribué plus que ceux qui n’auront eu droit qu’à une courte retraite. En plus, les retraités n’ont pas eu de baisse de rémunération pourchômage technique, c’est lemoment idéal pour annoncer ce complément de cotisation sans baisser la retraite nominale (c’est du provisoire qui pourra durer/croître autant que l’espérance de vie. C.Q.F.T