Subrepticement, Olivier Dussopt, ministre des comptes publics, vient d'annoncer la fin programmée du "quoiqu'il en coûte", poussé par le Fonds Monétaire International. Concrètement, en 2021, le gouvernement devrait juguler l'hémorragie de fonds publics qui zombifient nos entreprises et explose les comptes de l'Etat. Sauf que l'arrêt du chômage partiel risque de déstabiliser en profondeur une société française endormie par les promesses inconsidérées de ses dirigeants sur la possibilité de traverser la crise sans effort. Attention aux effets de bord qui risquent d'avoir un fort impact sur votre épargne.
Le très discret Olivier Dussopt, ministre des Comptes publics à peu près inconnu des Français, vient de faire une sortie qui aurait paru, dans la bouche de tout autre, absolument tonitruante :
On nous aurait menti ? L’Etat ne peut pas, en permanence, s’endetter pour payer les salaires des entreprises dont il ordonne l’arrêt d’activité ? Non… on n’y croit pas. On avait compris le contraire…
Dussopt et l’effet FMI
Au demeurant, cette petite phrase n’a surpris aucun de ceux qui suivent l’actualité. Dès lundi, le FMI publiait un rapport invitant la France à restreindre ses dépenses publiques. La réaction n’a pas tardé. Le jour même, Bruno Le Maire remettait la réforme des retraites sur le tapis, et le lendemain, Dussopt annonçait la fin prochaine du chômage partiel.
On ne sera au demeurant pas complètement dupe de ces prises de position : elles servent autant à calmer les créanciers qu’à annoncer de vraies mesures, et il y a souvent loin de la coupe aux lèvres. Il n’en demeure pas moins que, même si la volonté du gouvernement de tailler dans le vif est relative et ne doit pas être sur-estimée, l’angoisse monte et les mots qui fâchent sont prononcés.
La fin du chômage partiel, un moment douloureux
Le rapport du FMI n’a pas caché ses intentions : il faut arrêter la zombification de l’économie par des aides qui maintiennent vivantes des entreprises sans avenir. Chacun y lira ce qui l’arrange, mais, en substance, le moment de lâcher en rase campagne tous les artisans, commerçants, et autres travailleurs indépendants que l’Etat soutient à bout de bras est venu. Et l’une des premières mesures prises pour y arriver passe par l’interruption du chômage partiel, qui va contraindre à de nombreux licenciements.
Une casse sociale se prépare donc, qui aura des allures de gueule de bois pour beaucoup de Français. Shootés depuis plusieurs mois à l’illusion que l’Etat peut s’endetter sans avoir jamais à rembourser ses dettes, beaucoup de salariés vont brutalement découvrir qu’on leur a menti et que le moment est venu de passer à la moulinette de l’austérité budgétaire. Et cette moulinette devrait d’abord se traduire par des caravanes de chômeurs un peu partout dans nos villes et nos campagnes.
L’épargnant, victime expiatoire commode
On sait par coeur quels sont les réflexes de la gauche française, et particulièrement de la gauche syndiquée, lorsque le gouvernement annonce une réduction des dépenses publiques et un effort collectif pour rétablir les comptes publics : l’antienne du “il faut faire payer les riches” est immédiatement répétée à l’envi jusqu’à ce qu’épuisement s’en suive. Bien évidemment, personne ne sait exactement ce qu’est un “riche”, et personne ne s’occupe non plus de savoir si les vrais riches sont encore en France ou, depuis longtemps, à l’étranger.
L’essentiel est que ce soit “les autres” qui portent l’effort, c’est-à-dire ceux qui ont disposent de revenus supérieurs à la moyenne. On comprend rapidement qui sera visé dans cette bronca : les propriétaires immobiliers (surtout ceux qui disposent d’une résidence secondaire), les épargnants qui ont mis un peu d’argent sur un contrat d’assurance-vie, les possesseurs d’actifs financiers.
Il n’est pas acquis, face à la curée qui se prépare, que le Président puisse encore longtemps tenir sa promesse de ne pas augmenter les impôts, et les raisons de taxer les riches pour plaire à la masse s’imposeront d’elles-mêmes. Voilà un paramètre à bien réfléchir dans les semaines qui viennent dans toute stratégie patrimoniale.
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