Deux élections régionales ont lieu dimanche 14 mars en Allemagne. Au moment où la CDU de Madame Merkel, est en difficulté du fait du "scandales des masques" et du retard de la vaccination, c'est l'identité du prochain chancelier allemand que l'on devrait découvrir à l'issue de ces deux élections tests.
Dimanche 14 mars donnera le coup d’envoi de la « super-année électorale » que va connaître l’Allemagne en 2021. Deux élections régionales ont lieu ce jour-là, en Rhénanie-Palatinat et en Bade-Wurttemberg. Quatre autres suivront dans les prochains mois: élections régionales de Saxe-Anhalt, de Mecklembourg-Poméranie, élections au Sénat de Berlin et, point culminant, les élections législatives du 26 septembre 2021 au cours desquelles sera choisi le successeur de Madame Merkel.
La vieille Allemagne de l’Ouest continue à peser pour 80% de la démographie du pays. Et la prospérité du pays se joue selon un axe qui va de Cologne à Munich, en passant par Francfort et Stuttgart, partie essentielle de la dorsale du capitalisme européen (la « banane bleue » qui va de Londres à Milan). Autant dire que ce qui joue dimanche aura valeur de sondage grandeur nature avant les élections générales de septembre.
En Bade-Wurttemberg, les Verts s'affirment depuis dix ans comme un partenaire acceptable pour le patronat allemand
En Bade-Wurttemberg, bastion de l’industrie automobile (Daimler, Porsche), les chrétiens-démocrates de la CDU espéraient reprendre la première place aux Verts, parti de l’actuel ministre-président, Winfried Kretschmann. En septembre dernier, les deux partis étaient à égalité dans les sondages, autour de 30%; mais la crise sanitaire sans fin use à petit feu les chrétiens-démocrates de la chancelière Merkel; et ceci d’autant plus que des députés CDU et CSU ont été obligés de démissionner du Bundestag pour avoir touché des commissions sur les approvisionnements de masques. Bien entendu, ce n’est pas seulement la faiblesse du parti d’Angela Merkel qui fait la force des Verts en Bade-Wurttemberg. Au pouvoir depuis dix ans, Winfried Kretschmann a su trouver un équilibre entre les revendications environnementales de son parti et les attentes de l’industrie allemande. Sa réélection apporterait la confirmation que les Verts peuvent être un partenaire sérieux de la CDU également à Berlin, à l’issue des élections fédérales de septembre.
Le match Laschet-Söder devrait se dénouer dimanche soir
Le 14 mars pourrait être un dimanche sombre pour la CDU, si le parti arrivait aussi deuxième en Rhénanie-Palatinat – autrefois le fief du chancelier Helmut Kohl. Les sondages donnent une légère avance au sociaux-démocrates (les deux partis sont autour de 30%). Et les retards dans l’approvisionnement en vaccins, autant que le scandale des masques, pourrait confirmer les pronostics.
Une défaite de la CDU dans les deux Länder pourrait faire une victime: le nouveau président du parti, Armin Laschet (ministre-président de Rhénanie-Westphalie), verrait ses chances d’être chancelier s’amenuiser au profit de son rival, Markus Söder, de la CSU, le parti qui porte les couleurs de la démocratie chrétienne en Bavière. S’il est certain que l’alliance CDU/CSU remportera les élections de septembre 2021, la question est celle de l’avance qu’elle aura sur les Verts et les sociaux-démocrates. Cette avance était de 13 points sur les Verts et 18 sur le SPD il il y a quelques semaines; elle a fondu à respectivement 10 et 15 points. Le principal danger pour la CDU est de perdre des voix sur sa droite, au profit de l’’AfD conservatrice. C’est pourquoi Markus Söder, ministre-président bavarois, jugé plus conservateur que Laschet, et actuellement plus populaire dans les sondages d’opinion pour succéder à Madame Merkel, a toutes les chances de voir sa position confortée dimanche soir.