Une gelée d’avril a atteint 30% des bourgeons de certains vignobles. Sans attendre le bilan définitif, quelques élus en appellent à l’État et donc à l’argent des contribuables. À tous les niveaux, en France se développe le réflexe « collectivisation des pertes » nourri par le clientélisme.
Il a gelé début avril après le week-end de Pâques. Fortement, à plusieurs reprises : -8°C notamment dans le Sancerrois et -5°C dans la Nièvre.
La Voix du Sancerrois nous apprend que le président du conseil départemental et le sénateur de la Nièvre ont pris leurs plus belles plumes pour solliciter le Premier ministre :
« La Nièvre vient de traverser un grave épisode de gel, qui a durement touché les appellations viticoles de pouilly-fumé, des coteaux-du-giennois, des cotes-de-la-charité et de coteaux-de-tannay, dans notre département.
Les températures y sont descendues jusqu’à -5 °C et les vignerons n’ont pu empêcher les dommages à leurs vignes, malgré les dispositifs (bougies, éoliennes…) mis en oeuvre […] Il nous semble opportun de vous inciter à faire intervenir au plus vite les services de l’État pour procéder à l’évaluation des dégâts, pour mettre en oeuvre les outils collectifs prévus, avant de faire procéder rapidement aux indemnisations, et même d’aller au-delà en imaginant des solutions d’accompagnement financier nouvelles ».
Bougies stop-gel dans les vignes
Les vignerons ne sont pas les seuls atteints et le gel printanier s’est abattu sur plusieurs régions causant aussi de graves dommages aux arboriculteurs. Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie a annoncé le 8 avril la mise en œuvre du régime de calamité agricole.
Revenons aux viticulteurs.
- Les dégâts ne peuvent être réellement chiffré car les taux de bourgeons gelés ne reflètent pas les taux de récoltes perdues. Les bourgeons ne sont pas tous sortis et en temps normal une partie est supprimée lors des opérations d’ébourgeonnage.
- Il existe des assurances contre le gel.
- Les années 2018, 2019 et même 2020 ont été exceptionnelles et ont permis des réserves de trésorerie pour beaucoup même si la commercialisation du vin souffre de la fermeture des restaurants
Que les viticulteurs et leurs élus représentant saisissent l’occasion pour demander la suppression des absurdes impôts de production, nés dans l’esprit de fonctionnaires n’ayant jamais rien produit d’autre que des Cerfas, semblerait judicieux.
Que les viticulteurs et leurs élus représentant cherchent à mutualiser les pertes à la moindre anicroche est scandaleux. Le Président du conseil général de la Nièvre, Alain Lassus, et son sénateur, Patrice Joly, devraient être au fait de l’état calamiteux des finances publiques de ce pays et arrêter de tout réclamer à l’État.
On croit lire du Frédéric Bastiat :
Les cent mille bouches de la presse et de la tribune lui crient à la fois :
« Organisez le travail et les travailleurs.
Extirpez l’égoïsme.
Réprimez l’insolence et la tyrannie du capital.
Faites des expériences sur le fumier et sur les œufs.
Sillonnez le pays de chemins de fer.
Irriguez les plaines.
Boisez les montagnes.
Fondez des fermes-modèles.
Fondez des ateliers harmoniques.
Colonisez l’Algérie.
Allaitez les enfants.
Instruisez la jeunesse.
Secourez la vieillesse.
Envoyez dans les campagnes les habitants des villes.
Pondérez les profits de toutes les industries.
Prêtez de l’argent, et sans intérêt, à ceux qui en désirent.
Affranchissez l’Italie, la Pologne et la Hongrie.
Élevez et perfectionnez le cheval de selle.
Encouragez l’art, formez-nous des musiciens et des danseuses.
Prohibez le commerce et, du même coup, créez une marine marchande.
Découvrez la vérité et jetez dans nos têtes un grain de raison. L’État a pour mission d’éclairer, de développer, d’agrandir, de fortifier, de spiritualiser et de sanctifier l’âme des peuples. * »
— « Eh ! Messieurs, un peu de patience, répond l’État, d’un air piteux.
« J’essaierai de vous satisfaire, mais pour cela il me faut quelques ressources. J’ai préparé des projets concernant cinq ou six impôts tout nouveaux et les plus bénins du monde. Vous verrez quel plaisir on a à les payer. »
Mais alors un grand cri s’élève : « Haro ! haro ! le beau mérite de faire quelque chose avec des ressources ! Il ne vaudrait pas la peine de s’appeler l’État.
Frédéric Bastiat, L’État, 1848
Le personnel politique de la France des territoires (pour reprendre la terminologie désormais consacrée par la langue de bois) est-il devenu si irresponsable ? Ceux qui entendent profiter des libéralités de notre État ruiné réalisent-ils que l’argent sera pris de force aux contribuables ?