Coup de théâtre chez SCOR : l'ex-directeur de cabinet d'Edouard Philippe à Matignon, Benoit Ribadeau-Dumas, devait prendre la succession de Denis Kessler en 2022. Finalement, ce dernier va quitter ses fonctions de directeur général du groupe de réassurance en juin prochain pour être remplacé par Laurent Rousseau.
Lundi soir, le réassureur français a annoncé que son patron, Denis Kessler, céderait sa place de directeur général plus tôt que prévu, à la fin du mois de juin, et sera finalement remplacé en interne par Laurent Rousseau. Censé prendre les rênes de la société cotée en 2022, Benoît Ribadeau-Dumas, quitte soudainement le groupe.
1.Le recasage du “Diable de Matignon“
Jeune quinquagénaire, polytechnicien, énarque, major de la promotion Marc-Bloch (1997), l’hebdomadaire Le Point dessine dans une longue enquête, le portrait de Benoît Ribadeau-Dumas, le directeur de cabinet du Premier ministre Edouard Philippe (qu’il a connu à l’ENA), le “le techno le plus puissant de France”. Pas toujours aimé et affublé “d’une flopée de surnoms plus gracieux les uns que les autres. ‘Raspoutine’, ‘le dictateur’ – qui formerait avec le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, un ‘axe du mal’ –, voire… ‘le diable’“, un macroniste déclare : “Dans le quatuor qui gère la France, Macron-Kohler, Philippe-Ribadeau, il est en réalité le plus puissant car il a une vision panoramique du fonctionnement gouvernemental“.
2.Un recasage inattendu…
À partir de l’été 2020, cédant sa place à Matignon et déclinant la proposition de devenir ministre, Benoît Ribadeau-Dumas est d’abord pressenti pour devenir directeur général d’Engie. Il est, en décembre 2020, finalement nommé directeur général du réassureur Scor pour succéder à Denis Kessler. Si la succession de Denis Kessler, qui était depuis vingt ans aux manettes du groupe français côté (dont il restera président), était attendue, le choix de l’ancien directeur de cabinet d’Edouard Philippe à Matignon avait pris tout le monde de court.
3.Un recasage raté…
Le passage de relais à la direction générale de SCOR entre Denis Kessler et Benoît Ribadeau-Dumas, n’aura finalement pas lieu, a-t-on appris ce lundi 17 mai. En effet, le PDG du réassureur a décidé “d’être déchargé, pour des raisons personnelles, de ses fonctions de directeur général de Scor au terme de son mandat actuel, qui arrivera à échéance à l’assemblée générale du 30 juin 2021“, peut-on lire dans un communiqué. Or, “le conseil d’administration a constaté que les conditions n’étaient pas réunies pour que Benoît Ribadeau-Dumas, qui n’avait pas exercé préalablement de responsabilités dans le secteur de l’assurance ou de la réassurance avant de rejoindre le groupe, prenne les fonctions de directeur général de Scor dès juin 2021“. Benoît Ribadeau-Dumas ne remplit pas, effectivement, les exigences d’expérience dans le secteur posées par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) qui adoube les directeurs généraux des compagnies d’assurance et de réassurance.
Laurent Rousseau, directeur général adjoint de Scor Global P&C, président de Scor Europe et membre du comité exécutif du groupe, nommé à sa place, Benoît Ribadeau-Dumas ne pouvait que quitter le groupe qui l’avait accueilli le 1er janvier dernier. Les analystes saluent cette nomination, issue du sérail.
Quelques questions restent en suspens: qu’est-ce qui a motivé le départ surprise de Denis Kessler ? Le départ de Benoit Ribadeau-Dumas est-il du à des pressions politiques ? à des raisons économiques ? Laurent Rousseau est-il le candidat du Conseil d’administration ou du marché ?
Peut-être est-ce parce que les assureurs sont tout, sauf des fous suicidaires…
Qui sait…