La mise en place de "Borne II" laisse un curieux sentiment d'irréel. Nous avons un gouvernement en apesanteur. Non seulement parce qu'il est constitué de poids légers mais parce que l'on se dit que le radeau macronien est bien frêle pour affronter les tempêtes à venir.
En politique, ce n’est jamais bon de s’exposer d’emblée à la dérision. En général, cela présage de lendemains qui déchantent.
Comment prendre au sérieux “Borne II” quand “Borne I” a été inconsistant et s’est soldé par une absence de majorité aux élections législatives?
La liste du gouvernement laisse songeur. Le n°2, c’est Bruno Le Maire, l’homme qui a fait 2% aux primaires de la droite en 2017; qui nous racontait naguère que l’année 2021 était comme une “trente et unième glorieuse” dans l’histoire de notre pays; et qui voulait faire une “guerre économique totale à la Russie en mars dernier”. Je n’en dirai pas plus car je pense être partial: quand nous habitions le même couloir rue d’Ulm, ce cher camarade invitait à boire le thé, après le dîner. Et il se couchait à 22h. Il n’était pas vraiment en orbite pour devenir un Clemenceau ou un Churchill…..
Le problème, c’est que BLM n’est pas le seul “capitaine de pédalo” de l’équipe, pour reprendre une formule célèbre de notre Robespierrot. On prête à Gérald Darmanin un tempérament un peu plus incontrôlable qu’à Bruno Le Maire; et sa réputation a failli lui jouer des tours; mais enfin, qui croit sérieusement que Darmanin ferait le poids en cas d’agitation prolongée sur l’ensemble du territoire?
Qui imagine Pap N’Diaye prenant par les cornes le taureau de l’Education Nationale? Qui penserait qu’Eric Dupond-Moretti peut faire subir à notre appareil judiciaire la transformation dont il a besoin? Peut-être est-il injuste de douter des capacités de Madame Colonna en pleine tourmente diplomatique européenne; ou de sétonner que le ministre des Armées ne vienne qu’en sixième position du gouvernement alors que Jupiter ne cesse de tonner contre Vladimir – avec qui il croyait être à tu et à toi jusqu’à récemment. Mais on n’imagine pas une seconde une rencontre Lecornu – Choïgou.
Allez, relevons la plus grosse des incongruités: le retour de Marlène Schiappa? Non! Olivier Véran au “renouveau démocratique”. Le technocrate de la médecine, l’homme qui médica-ment comme il respire en matière de politique sanitaire ! Au Renouveau démocratique et au porte-parolat! C’est aussi incongru que si l’on avait confié à Che Guevara un ministère des entreprises.
Ces tempêtes qui grondent
On peut rire, pour l’instant, de Borne II. Je ne suis pas sûr, au passage que les soignants suspendus prennent avec bonne humeur la perspective de voir la tronche de Véran tous les soirs dans la petite lucarne. Mais surtout, le sentiment qui s’impose rapidement quand on parcourt la liste, c’est celui de voir l’équipage mal outillé d’un radeau qui pourrait rapidement être envoyé par le fond quand la mer se déchaînera.
Car elle commence déjà à gronder.
+ Mario Draghi a dû écourter sa présence au sommet de’ l’OTAN car les manifestations appelant à sa démission se multiplient en Italie;
+ devant l’augmentation du prix de l’essence, les routiers britanniques ont entamé un mouvement intitulé “Go slow”.
+ un mouvement de protestation des paysans néerlandais devient maintenant une paralysie de tout le pays.
+ le gouvernement Biden est au plus bas dans les sondages et l’on prévoit un changement de majorité aux élections de mi-mandat en novembre.
Aux Etats-Unis comme en Europe, l’inflation est à 8%.
Les pieds nickelés du Great Reset
Evidemment, on m’objectera qu’avec des poids légers comme Castaner, Macron a bien réussi à casser violemment le mouvement des Gilets Jaunes. Les instruments d’un nouveau confinement, pour raisons médicales – ou environnementales ? – sont sans doute prêts. Nous parlons régulièrement dans nos colonnes des étapes du “Great Reset”.
Mais il va survenir un moment où le décalage entre les plans de réorganisation du monde et les compétences de ceux qui gouvernent va devenir trop important. Surtout avec le rôle de retour au réel que joue la guerre d’Ukraine.
Voilà pourquoi le gouvernement Borne II, sans majorité absolue à l’Assemblée, peut être qualifié de “gouvernement en apesanteur”.
Oui le radeau nous méduse. En parlant de retour au réel, cela fait un long moment que nous l’attendons, plusieurs décennies. En roulant une dette qui augmente et gonfle, c’est peut-être un moyen de faire une bulle qui n’éclate pas d’élections en élections. Elle écrase le réel qui sourd. Il semble que le retour au réel ne puisse venir que de l’Est, de l’Orient salutaire d’une certaine manière, exogène, quasi-surnaturel.
Une nana qui écrit des trucs cochons, des violeurs, des types qui font des concours de longueur de flingues avec Poutine, voilà la fine équipe de Tchoupi. Ça va tabasser du poney.
Moi j’adore Castaner, “il me manqueeeee” (cf Christophe Elveque), chaque fois qu’il l’ouvrait tu saivais qu’ un paquet d’humouristes allaient s’éclater derrière….
Ceci étant, quelle peut bien être l’importance de la personnalité de ces pauvres zozo? On sait bien qu’un gouvernement “FRANÇAIS ” ne peut plus être grand chose d’autre qu’une parodie. L’essentiel est maintenant définitivement ailleurs; à la commission européenne dont il n’y a plus qu’a décliner les directives pour les moindres peccadilles ou au palais du gouverneur (à l’Élysée) de cette province européenne qui fut jadis une nation . En fait, d’un strict point de vue fonctionnel, on pourrait probablement déjà les remplacer par des potiches ou par des chèvres qui gambaderait sur les pelouses du chateau à la manière des moutons de la reine Marie Antoinette jadis: si le chef de cabinet du premier ministre a été nommé par le château il en est probablement de même pour les ministres et, à cette aune, il serait mieux de publier directement la liste des chefs de cabinet: les dits ministres n’étant plus que des chargés de communication