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Elles ne sont pas les seules concernées. Les droites de la plupart des pays occidentaux sont mal à l’aise sur la question de la guerre d’Ukraine. Je ne connais que la Pologneet les Pays Baltes, d’un côté, où l’on soit de manière univoque anti-russe quand on est à droite. Et la Hongrie, où Viktor Orban et son parti assume une position de neutralité dans le conflit. Partout ailleurs, les droites sont divisées. Le problème se pose particulièrement en France, parce que les droites sont loin du pouvoir depuis dix ans, n ‘ont pas gagné une élection présidentielle depuis quinze ans, et sont enfermées dans un débat stratégique et identitaire qui n’est jamais formulé jusqu’au bout. C’est pourquoi il m’a semble intéressant de relever les cinq non-dits – qui débouchent sur un silence gêné et mauvais pour le pays.
Cela m’était raconté hier par un spécialiste des questions stratégiques, qui a une vision très équilibrée sur le conflit ukrainien, et qui sortait d’un séminaire avec des patrons français. Même s’il s’attendait à des objections sur le point de vue qu’il défend – la nécessité d’une grande prudence pour notre pays et celle d’une médiation européenne – il a été surpris par ce qu’il appelle “l’OTANisation des esprits”.
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Edouard Husson est directeur de la rédaction. Ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, agrégé et docteur en histoire, professeur des universités, ancien vice-chancelier des universités de Paris. Spécialiste de l'Allemagne.
© 2023 Le Courrier des Stratèges
il n’y a pas de droite politique en France, juste des sensibilités différentes (en apparence) de socialisme
On peut faire des comparaisons entre la France et la Russie en matière de politique étrangère et considérer ainsi dans les deux cas l’alliance avec des pays musulmans comme opportune. En revanche, sur le plan intérieur, le rapport à l’Islam n’est absolument pas comparable, tant la France et la Russie ont des stuctures différentes. La France est un Etat-nation, pas la Russie.
Et puis notre guerre de Tchétchènie n’a pas encore éclaté.
Je me demande si il ne reste pas dans les consciences russes un message implicite des guerres de Tchétchènie et du Daghestan, et qui serait une menace en suspens : si vous autres Musulmans (du Caucase, mais la menace devient diffuse pour le coup) vous dėconnez encore une fois comme ça, cette fois-ci nous vous ferons disparaître de l’Histoire, il n’y aura pas de troisième chance.
Ce qui est clair en tout cas c’est que la loyauté de Kadyrov est aussi le résultat d’une mise au pas impitoyable par Moscou.
N’importe quoi.
Contrairement à la Fédération de Russie multiethnique, il n’y a pas de nation musulmane en France ni d’analogie pertinente.
De plus et surtout, il n’a jamais été question en Russie de menacer les musulmans d’éradication. La guerre de Tchétchénie a été menée contre un mouvement indépendantiste terroriste, certainement pas contre les musulmans.
Je n’ai pas parlé d’un projet documentė présent et visant les populations musulmanes de Russie. Je pense au souvenir d’événements traumatiques, qui restent dans les consciences et mettrait une pression sur les Musulmans qui l’ouvriraient trop contre
les Slaves, la population majoritaire qui a fait ce pays, y compris par des guerres de conquéte et de soumission forcée au 19eme siècle.
Il y a un exemple historique particulièrement féroce, et méconnu, qui a mon avis est resté dans les esprits : l’opération Tchetchevitsa (1944).
N’idėalisons pas trop le caractère multi-ėthnique de la Fédération de Russie. Il n’y a pas si longtemps, une douzaine d’années, des ratonnades tuaient encore à Moscou (en 2009 plusieurs dizaines de personnes) et Saint Petersbourg. Et un meurtre comme celui de la petite Lola se terminerait en Russie plus probablement en corrida pour la coupable et ses proches qu’en rassemblement bougies & peluches.
« Il y a deux gauches en France, dont l’une s’appelle par convention “la droite”. »
Maurice Druon
J’aimerais bien que la droite commence déjà par cesser de reprendre les mots-stigmates utilisés par la gauche pour mettre la droite sur la défensive : ça serait bien d’arrêter de nous cacher derrière le punching-ball Philippe Pétain et de se tirer dessus en employant le mot Pétainisme pour signifier esprit de soumission.
Ce genre de réflexe sémantique montre qu’à peu près toute la droite demeure encore conditionnée à jouer en défense, alors qu’elle voudrait passer à l’attaque !
Il serait temps qu’elle se désintoxique de la guerre psychologique où elle s’est faite écraser par BHL et consors. Il serait temps d’extirper les mines incapacitantes qu’ils ont planté dans les cerveaux.
La défaite de 1940 fait encore mal mais je n’ai pas honte de Philippe Pétain et je n’ai pas honte de Rethondes, où Hitler s’est fait blouser. De Gaulle a joué sa partition, le beau rôle ; sans l’Armistice le héros du film France Libérée n’aurait pas eu son armée, c’est à dire l’armée d’Afrique remontée par Weygand. Sans Rethondes De Gaulle eût été le Général d’une armée mexicaine coincé à Londres.
Zemmour a eu beaucoup de courage sur ce sujet, même si il n’a pas tout juste.
Plus que d’esprit de soumission, Pétain est devenu davantage synonyme de collaboration avec l’occupant et sa politique d’extermination, et ce n’est pas être de gauche que de le souligner.
Instruisez vous davantage sur la politique concernant la population juive pendant l’occupation allemande, et sur la composition de la haute administration du gouvernement de Vichy aussi. Cf l’historien franco-israélien Simon Epstein notamment.
Je comprends votre argumentation. Mais je pense que vous sous-estimez totalement le caractère corrosif pour le moral du pays de l’armistice de 1940. Si la France n’agit pas, ne se bat pas, elle n’existe plus. De Gaulle a reconstruit la souveraineté et la légitimité de l’Etat dans des conditions inouïes. Il n’avait pas un Biden gâteux en face de lui mais Franklin Roosevelt, l’un des plus brillants présidents américains, un des plus pervers aussi. Et Churchill était un intermittent du soutien. De Gaulle a fait des prouesses. Mais dès la fin 1945, les partis ont repris leur petite cuisine. Et les pétainistes sont devenus pro-Américains, par habitude de se soumettre. Ensuite, la Providence a bien voulu que le Général pût à nouveau gouverner la France pendant dix ans. Mais à peine était-il parti que les petites affaires, les soumissions, les compromis reprenaient.
Merci pour votre réponse.
Je suis d’accord avec vous au sujet de Roosevelt (et Giscard aussi je suppose).
Sur le retour de De Gaulle Il y aurait tant à dire. Les témoignages de Camus, de Debré, le départ précoce de ce dernier, la duperie des accords d’Évian… De Gaulle a tout lâché. Aurait-il voulu que, par le sang de tous ces Français trahis (ces “gens pas très intéressants”, les Pieds Noirs) ces tragédies créent une coupure sans retour
? et protégent ainsi a France du spectre de Colombey-les-deux-mosquées ? en plus de nous débarrasser sans délai du boulet financier colonial. Vraiment ? Mais alors quid de l’application des accords d’Évian ? Et le privilège migratoire laissé aux Algériens ? Dinguerie !
Sur les années 39/45 je serais curieux de lire quelque part une recension des livres écrits ces dernières années par Jacques Boncompain (qui s’est plongé dans ce sujet suite à sa lecture en fonds d’archives des dossiers d’épuration des gens de lettres (c’est un grand spécialiste du droit d’auteur)). Je ne sais pas si ses livres sur Pétain et De Gaulle apportent ou non des éléments nouveaux (ou a minima une reprise et remise en perspective stimulantes de sources déjà connues mais désormais négligées, voire occultées désormais). En tout cas je trouve que le silence qui a entouré la publication de ces livres est anormal. Les faire publier a déjà été extrêmement difficile dit-il.
Quoiqu’il en soit je ne trouverais pas sain pour le pays que De Gaulle devint un Totem politique et mémoriel (on est je crois fortement engagés sur cette pente) ni non plus que Pétain fut figé en son opposé, un Tabou politique et mémoriel.
Et je crois par exemple qu’il faut interroger la responsabilité historique de De Gaulle dans la division présente du pays.
Nico69 a raison de rappeler “la mise au pas impitoyable” de Moscou, laquelle s’inscrit dans le type d’équilibre propre au modèle politico-religieux séculaire de ce pays. Ce modèle admet plusieurs communautés religieuses, mais impose une centralité ferme du pouvoir russe et orthodoxe, réaffirmée aussi avec la reconstruction de la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou. C’est un système qui remonte au règne d’Ivan III. L’autocratie associée à l’Eglise orthodoxe s’y accompagne d’un principe de subsidiarité à la romaine. L’Etat russe est en fait historiquement un Etat moscovite, le pouvoir d’une cité qui domine les communautés du territoire russe sans les absorber dans une entité politique indivisible. Le centralisme russe procède ainsi d’une autre logique que le centralisme jacobin français. Il faut le rappeller, les relations de pouvoir en Russie doivent beaucoup à la géographie (immensité du territoire) et au fait que ce pays apparut d’abord dans l’histoire comme une “terre de cités” dépourvue de centre, une constellation de cités fortifiées indépendantes. Il y a un peuple russe, mais pas vraiment de nation russe. Si l’on peut dire qu’aujourd’hui, la “démocratie parlementaire” ne s’acclimate en Russie que d’une manière formelle, à la surface en quelque sorte, une autre forme de démocratie, imperceptible à nos yeux occidentaux, existe en profondeur et permet cette coexistence relative des communautés religieuses. Il me semble évident qu’une telle coexistence ne soit pas transposable en France, pays où l’essor de l’Etat-nation au XVIIe siècle est allé de pair avec la décision d’interdire les communautés protestantes (Révocation de l’édit de Nantes).