L’info de la semaine
Casser le thermomètre.
Une fois n’est pas coutume : commençons par une petite devinette ! Quel est le point commun entre une pandémie, une récession et l’inflation ? Eh bien Biden, faute de pouvoir faire montre de sa légendaire efficacité dans ces trois domaines, a décidé de changer la définition (ou le mode de calcul) de ces trois termes ! Concrètement, après avoir abaissé le seuil pandémique (via l’OMS) et charcuté la définition de l’entrée en récession économique (pour y échapper, en apparence bien sûr), voilà que les Etats-Unis ont modifié ce 10 février leur calcul de l’indice des prix. Comme on s’en doute, le but de ce tripatouillage (il n’y a pas d’autre mot) est de faire baisser artificiellement l’inflation, sous prétexte d’un « effet de substitution », c’est-à-dire d’un changement de la pondération des produits du panier de référence. Si par exemple, les Américains remplacent leurs pâtes complètes, trop chères, par des pâtes, disons, à la farine de grillon, moins chères, le poids des premières va fondre au bénéfice des secondes. Pas sûr néanmoins que la ménagère texane ou louisianaise sente une grande différence en passant à la caisse de son cash & carry.

D’ailleurs, cela fait au moins trente ans que grandit l’écart entre les statistiques officielles de l’inflation et la réalité. Des sondages récurrents montrent que le grand public, à raison, a bien compris que l’inflation « ressentie » (et payée cash) est bien supérieure à l’officielle. En France, l’INSEE ne manque pas non plus d’imagination, comme nous vous l’expliquons dans notre mensuel Finance & Tic : ses pondérations sont grotesques, comme celle, accrochez-vous bien, qu’il alloue à votre budget logement (6 %, alors que c’est plutôt 35%) ; la liste des prix de référence de son panier est tenue secrète, etc. Impossible donc d’auditer sérieusement sa démarche méthodologique pour mettre au jour de possibles manipulations.
Icing on the cake : l’INSEE ajuste les prix réels par des « effets innovation / qualité ». En pratique, sous prétexte, par exemple, que la puissance des processeurs augmente, la valeur des PC a été divisée par 20 : les ordinateurs ne coûtent donc plus qu’une cinquantaine d’euros dans le monde féerique de l’INSEE, dont je veux bien les coordonnées GPS, et la ménagère texane avec moi…
Le chiffre de la semaine
150%, la hausse des importations chinoises d’or en janvier par rapport à décembre
Les importations nettes d’or de la Chine via Hong Kong en décembre ont bondi d’environ 150% par rapport au mois précédent ! La Chine continue donc d’accumuler de l’or à un rythme soutenu. La Banque populaire de Chine (pBoC) a en effet annoncé un nouvel achat d’or de 15 tonnes en janvier, soit la troisième augmentation mensuelle consécutive. Cela fait suite aux 32 tonnes d’or acquises en novembre, première des hausses officielles depuis septembre 2019, et aux 30 tonnes achetées en décembre, soit près de 80 tonnes en un trimestre, pour la bagatelle d’environ 5 Mds €.
Les réserves d’or officielles de la Chine atteignent donc désormais 65,12 millions d’onces fin janvier (un peu plus de 2 000 tonnes), en hausse de 480 000 onces par rapport à la fin du mois de décembre 2022, selon les données de l’Administration nationale des changes publiées mardi 7 février. Les réserves de change de la Chine culminent donc à 3 184,5 Mds $ fin janvier, soit une hausse de 1,82% par rapport au mois précédent. Toutes ces données sont cependant à prendre avec des pincettes, car les statistiques chinoises ne sont pas réputées pour leur fiabilité ni leur transparence, et des fondeurs suisses, qui ne travaillent presque plus que pour l’Empire du Milieu, estiment le stock chinois réel au double voire au triple, ce qui laisse présager, dans le cadre du nouveau Bretton Woods dont nous vous parlions samedi dernier, un adossement, tôt ou tard, du renminbi à la valeur refuge par excellence.
La déclaration de la semaine
« L’inflation va continuer au moins pendant les six premiers mois de l’année »,
Michel-Edouard Leclerc
Michel-Edouard Leclerc, le patron des magasins E. Leclerc, estime que 2023 pourrait être une année tout aussi difficile que 2022. Dans une interview donnée au très macronisant Journal du Dimanche le week-end dernier, il estime ainsi que « l’inflation va continuer au moins pendant les six premiers mois de l’année et pourrait atteindre un pic entre avril et juin 2023 ». Un pic ou un mur ?
Pour justifier ses estimations, celui qui, en 2021, voulait fermer ses portes aux non injectés, a d’abord pointé du doigt la hausse moyenne des prix alimentaires dans la distribution (+12% en 2022, n’en déplaise à l’INSEE), que plusieurs des enseignes les moins chères, comme Leclerc ou Lidl, qui avaient négocié un étalement des hausses, n’ont pas fini de les répercuter sur leurs prix. En voilà donc un autre qui a l’INSEE dans le collimateur : « Ils se sont plantés l’an dernier sur leurs prévisions en 2022. Eux raisonnent sur des indices macroéconomiques pour permettre une comparaison européenne. Mais ce sont des indices trop généraux pour refléter les prix du quotidien payés par les consommateurs ». Michel-Edouard va finir par attirer dans ses linéaires les Texanes et les Louisianaises.
L’actif de la semaine
L’incroyable potentiel de l’or…
C’est officiel : les banques centrales du monde entier ont acheté 1 136 tonnes d’or en 2022. Il s’agit de la plus grande quantité achetée par les banques centrales depuis… 55 ans et elle est supérieure de 152% aux 450 tonnes qu’elles avaient achetées en 2021. L’or a ainsi connu en 2022 la deuxième plus forte demande annuelle de l’histoire depuis 1950, alimentée par une forte demande sur les deux derniers trimestres de 2022. Les données du World Gold Council ont d’ailleurs montré que la plupart des achats d’or l’an passé provenaient des marchés émergents, avec la banque centrale de Turquie en tête (record de 542 tonnes, soit 47% des achats mondiaux des banquiers centraux !).
D’autres pays ont considérablement augmenté leurs réserves d’or en 2022, notamment la Chine (on vient de le voir), mais aussi l’Inde, le Qatar, les Émirats arabes unis, ou encore l’Égypte et l’Irak et ce, pendant que nous continuions, nous cigales françaises, à dilapider l’argent que nous n’avons plus. Il faudra bien un jour l’expliquer à la caste : si l’on casse le thermomètre, c’est du mercure qui roule et non de l’or massif.
Retrouvez tous nos dossiers bimensuels de sécession patrimoniale en cliquant sur « Dossiers téléchargeables » :
- le N°1 sur les différentes classes d’actifs anti-stagflation ;
- le N°2 sur l’or-investissement ;
- le N°3 sur les métaux blancs ;
- le N°4 sur les matières premières ;
- le N°5 sur l’art-investissement ;
- le N°6 sur le non coté (PME-PMI) ;
- le N°7 sur les devises étrangères ;
- le N°8 sur les actions françaises ;
- le N°9 sur les cryptoactifs ;
- le N°10 sur les obligations souveraines étrangères ;
- le N°11 sur l’assurance-vie ;
- le N°12 sur l’entreposage physique de l’or ;
- le N°13 sur la nature-investissement (vignoble, forêt, bétail) ;
- un hors-série faisant la rétrospective des dossiers 2022 ;
- le N°14 sur les SCPI ;
- le N°15 sur la pierre et l’immobilier alternatif.
Le dossier 16, à paraître le 19/2, traitera des dispositifs fiscaux dans l’immobilier.
Livre « la femme au foyer ». Sixième édition programme du 16 août 1941. Page 16.
Budget :
Nourriture 60%
Loyer et impôts 6%
Éclairage et chauffage 7%
…..
Voilà où l’Insee a trouvé les 6% du loyer .