La diète méditerranéenne modernisée, l’alliée de votre santé cardiovasculaire – par Nelly Fouks

Cardiologue et chercheur à l’'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), le Dr Michel de Lorgeril s’oppose à la doxa régnante qui accuse le cholestérol d’être à l’origine de tous les accidents cardiaques type infarctus ou AVC.

Dr Michel de Lorgeril.Crédit :Nicolas Abraham

Pour lui, le mode de vie trop sédentaire et surtout un régime riche en graisses animales comme le beurre et la crème figurent parmi les principaux coupables.

Vous avez été l’un des premiers, sinon le premier à innocenter le cholestérol en France . Pourquoi ?

Le cholestérol joue un rôle très important dans l’organisme. Il faut donc cesser de le diaboliser, pour l’innocenter et même le réhabiliter. C’est une substance physiologique absolument indispensable à notre santé. Tellement indispensable que seuls les animaux et plus particulièrement les humains en ont et qu’il n’existe aucun système de dégradation biologique le concernant. Les lipides en général dont le cholestérol ne fait pas partie, participent à toutes sortes de métabolismes, se transforment, donnent de l’énergie avant d’être détruits, tout comme l’urée, l’acide urique, le glucose. Le cholestérol est totalement différent. Cette substance que l’organisme ne veut surtout pas détruire, est, en autre, à l’origine des hormones sexuelles, mais aussi du cortisol, l’hormone du stress. Si les premières sont, à l’évidence, indispensables à la reproduction et à la survie de l’espèce, le cortisol l’est aussi, car c’est lui qui permet de réagir (et de s’enfuir) face à un prédateur ou d’avoir les réflexes nécessaires pour capturer la proie qui vous nourrira. Il a été effectivement innocenté en tout cas par nos équipes, car il n’est absolument pas impliqué dans les maladies cardio-vasculaires.

Comment êtes-vous arrivé à cette conclusion ?

Plusieurs équipes sont arrivées à cette conclusion par différentes voies. De notre côté, c’est simplement en travaillant sur une cohorte de centaines de patients que j’ai suivie avec mes équipes quand je travaillais à Lyon. J’ai mené une grande étude sur les personnes qui avaient survécu à un infarctus en comparant celles qui suivaient un régime hypocholestérolémiant et celles qui suivaient la diète méditerranéenne modernisée. Nous avons montré que la diminution du cholestérol avec un régime ne diminuait pas le risque cardio-vasculaire, tandis que la diète méditerranéenne diminuait de 70 % le risque de complications. Pour le dire autrement, un régime anticholestérol comporte donc 70 % de risques supplémentaires de faire un infarctus que la diète méditerranéenne. Ces résultats nous ont montré que le régime hypocholestérolémiant est une fausse piste pour prévenir les crises cardiaques et les AVC

Vous semblez assez opposé aux statines ? Pourquoi ? Quels sont les effets de ces médicaments sur l’organisme et pourquoi faut-il les éviter ?

Ce fut un combat assez compliqué, car il nous a fallu du temps pour comprendre que les données fournies par l’industrie pharmaceutique sur ces médicaments étaient biaisées, car Big Pharma refuse de donner l’accès à ses véritables données scientifiques. Les statines sont effectivement efficaces pour faire baisser sérieusement le taux de cholestérol. Mais elles provoquent toutes sortes d’effets adverses que les patients décrivent très bien. Elles sont toxiques pour le cerveau, pour les reins, provoquent le diabète, calcifient les artères. Tout cela est parfaitement décrit dans des publications scientifiques, mais c’est un peu comme avec les vaccins covid, les études existent, mais les autorités sanitaires font comme si elles n’existaient pas. Sur les statines, on ne peut pas parler de censure à proprement parler comme avec les vaccins et les traitements précoces antiCOVID , mais l’industrie, les académiciens, les universitaires et autres personnalités qu’elle sponsorise entretiennent une espèce de myopie. Tous ces gens publient des articles pro statines à côté desquels des scientifiques écrivent des études dont les conclusions complètement opposées sont volontairement ignorées. C’est tellement gros, tellement invraisemblable qu’on n’arrivait pas à y croire. Il a fallu du temps pour admettre que vos meilleurs amis sont soit tellement naïfs, soit ils ne voient pas la manipulation, soit ils participent au mensonge. Ce fut pour moi une période très difficile. Je ne compte plus ceux avec qui je travaillais qui se sont fâchés avec moi, car ils me prenaient pour un fou et moi-même, je commençais à me demander si je ne l’étais pas. Mais dans le monde entier, d’autres chercheurs faisaient les mêmes constatations que nos équipes et nous avons fini par nous trouver et échanger entre nous. Aujourd’hui, les statines ne sont plus une priorité pour l’industrie et la supercherie mise en place il y a 30 ans, commencent à se voir. Mais il ne faut pas trop en parler et surtout le faire savoir. Le parallèle avec les vaccins est très intéressant. Lorsqu’il y a effervescence autour d’un produit, la censure est systématique. C’est ainsi que j’ai été invité à donner des conférences par un éditeur suisse qui les diffusait sur YouTube pour attirer une clientèle et vendre un document. Dès que le mot cholestérol ou statines était prononcé, comme aujourd’hui le mot vaccin, la vidéo était immédiatement censurée. Ce qui se passe sur le plan scientifique et médical est véritablement monstrueux, car on arrive à faire croire des idioties dangereuses à des médecins. En 2005, une période très douloureuse pour moi, j’avais du mal à réaliser ce qui m’arrivait. Aujourd’hui, mes éditeurs suisses, pragmatiques, ont contourné la censure en créant une chaîne dédiée nécessitant abonnement et donc paiement comme le font aujourd’hui ceux qui témoignent des effets secondaires ou des dangers des vaccins.

Les statines sont-elles déconseillées même après un premier infarctus ?

Evidemment oui. Les recommander dans ces conditions est un raisonnement stupide. Les statines sont dangereuses avant l’infarctus comme après un premier, un deuxième ou un troisième. L’infarctus obéit toujours au même processus à savoir un caillot qui se forme dans une artère. Le cholestérol ne joue aucun rôle dans la formation du caillot et les statines pas davantage pour l’éviter. Aujourd’hui pour se positionner sur le marché des maladies cardio-vasculaires face aux critiques de plus en plus nombreuses contre ces médicaments, l’industrie admet qu’elles ne sont peut-être pas utiles pour empêcher un premier infarctus, mais affirme qu’elles sont indispensables après un premier ou un deuxième. C’est une façon d’essayer de sauver le marché avec de nouvelles indications comme le post infarctus, le diabète, l’hypercholestérolémie familiale. Mais avec des collègues, nous avons publié des articles démontrant que ces trois nouvelles indications étaient aussi fausses que les autres.

Si le cholestérol est innocent, qu’est-ce que la plaque d’athérome, comment se forme-t-elle et pourquoi et quel est son rôle dans l’infarctus ?

L’athérome n’existe pas. Il faut parler d’athérosclérose. Ne faites pas comme les cardiologues traditionnels qui oublient la sclérose. C’est un problème, car le mot athérosclérose a été inventé par des pathologistes pratiquant des autopsies à la fin du 19e et début 20e siècle. C’est un mot fabriqué à partir d’athérome (mou ou gruau) et sclérose qui évoque quelque chose de dur. Curieusement, beaucoup de conventionnels oublient la partie « sclérose » et ne gardent que la partie « athérome». C’est une erreur. Une plaque d’ athérosclérose se caractérise surtout par sa dureté et se manifeste cliniquement surtout à cause de cette dureté. Lors d’autopsies dans les années 50, les chercheurs ont trouvé dans ces plaques des structures proches de celles des fibromes utérins, des structures dures. Ce sont donc des tumeurs bénignes formées à partir de cellules musculaires lisses qui constituent la paroi de l’artère. Ces petites tumeurs sont en fait des cicatrices. Ces plaques sont provoquées par des perturbations de flux sanguin qui viennent blesser l’artère un peu comme une petite coupure. Lorsque cela se produit sur la peau, un caillot s’installe sur la coupure pour la boucher et arrêter le saignement, puis arrive la cicatrice, provoquée par la fabrication de nouvelles cellules indispensables à la réparation. Une fois la coupure réparée, il arrive que la cicatrice soit hypertrophique et se développe comme une sorte de tumeur. L’artère connaît exactement les mêmes mécanismes. Lorsqu’elle n’est pas en très bonne santé, lors du processus de cicatrisation, au lieu de revenir à un état normal, la cicatrice prend l’aspect d’une plaque (d’athérosclérose) qui est en fait une tumeur bénigne. Parfois, il s’en développe plusieurs dans la même artère ce qui peut diminuer la lumière de l’artère, mais sans présenter de danger, car l’artère adapte son diamètre à nos besoins. Par contre, lors de la croissance d’une tumeur, les cellules peuvent manquer d’oxygène, car les petits vaisseaux qui l’alimentent sont souvent insuffisants. La partie centrale de la plaque se nécrose et les ennuis commencent, car qui dit nécrose dit système immunitaire stimulé. Le système de nettoyage provoque une ulcération de la plaque vers la lumière de l’artère ce qui provoque la formation d’un caillot. En général tout se passe bien, mais il arrive que le caillot prolifère, car le système sanguin anti coagulant fonctionne mal. Un gros caillot obstructif peut se former au niveau de l’ulcération et c’est l’infarctus. Mais ce n’est pas une fatalité. On peut passer toute sa vie avec des plaques d’athérosclérose qui ne s’ulcèrent jamais et ne donnent jamais d’infarctus. Quand le cardiologue, surtout quand il n’y a pas de symptômes, prescrit des examens des artères qui mettent en évidence l’existence de plaques, on entre dans la maladie alors même qu’on n’est pas forcément malade, c’est-à-dire symptomatique (angine de poitrine) . Il existe d’autres processus d’ulcération. En effet, la petite circulation qui irrigue le centre de la petite tumeur est soumise à des traumatismes mécaniques puisque toutes les secondes, les battements du cœur envoient une pulsion sanguine dans l’artère. Les petites artères tumorales (qui sont dans la plaque/tumeur) peuvent exploser ce qui occasionne de petites hémorragies à l’intérieur de la tumeur. Le système immunitaire est encore stimulé et si l’artère n’est pas en bonne santé, le système de nettoyage risque de provoquer une ulcération attirant un caillot qui peut proliférer et boucher l’artère. C’est à nouveau l’infarctus. C’est ce qui se passe dans les artères coronaires qui sont musculaires. Dans les artères cérébrales, qui sont élastiques, elles se dilatent lorsqu’un caillot se forme au niveau d’une plaque. Le danger alors, n’est pas que l’artère se bouche, mais que le caillot se détache et soit envoyé vers le cerveau [c’est l’embolie cérébrale, principale cause des AVC]. Le médecin conventionnel ne comprend pas très bien tout ça, mais il a appris que pour empêcher ce genre de complication, il faut donner des médicaments anticaillot ou des antiplaquettaires et là, sans le moindre doute possible, ce sont des médicaments extraordinairement efficaces pour empêcher les infarctus et AVC. En résumé, le mécanisme de formation de la plaque commence par une petite blessure, une cicatrice, une réparation, une hypertrophie, le système immunitaire qui nettoie le cœur de la plaque, éventuellement une ulcération à la lumière de l’artère. C’est un mécanisme très compliqué qui nécessite une bonne connaissance du système immunitaire pour comprendre comment une plaque peut donner naissance à un caillot. Un médecin conventionnel préfère souvent s’en tenir à accuser le cholestérol.

Donc, plutôt que de prescrire des statines, il faudrait donner des anticoagul ants ?

Oui, dans la mesure où ce sont les caillots qui provoquent AVC et infarctus, la prescription d’anticoagulants ou des antiplaquettaires, selon la pathologie, me semble indispensable chez les personnes qui ont tendance à l’hypercoagulation ou chez des patients dont le dysfonctionnement cardiovasculaire risque de provoquer la formation de caillots et des embolies cérébrales comme la fibrillation auriculaire, par exemple.

Existe-t-il des signes d’alerte à ne pas négliger pour éviter l’infarctus ?

Si vous souffrez de douleurs dans la poitrine, que vous avez des palpitations ou vous vous essoufflez en montant un étage, tous ces symptômes comme tous les symptômes cardio-vasculaires peuvent annoncer une catastrophe clinique et il faut consulter. C’est certainement le signe d’un caillot présent dans une artère. Mais un taux de cholestérol sanguin élevé et la présence de plaques décelées au coroscanner sans aucun symptôme, ne doivent pas obligatoirement inquiéter.

Qu’est-ce que l’hypercoagulation et comment savoir si on en souffre ?

On ne souffre pas d’hypercoagulation. Ce n’est pas une maladie, mais une caractéristique physiologique que l’on peut déceler par une analyse sanguine. Prenons un autre exemple. Le fait d’avoir un système immunitaire hyperactif (très utile, par exemple, lorsqu’il nettoie l’intérieur de la plaque des restes d’hémorragie ou de nécrose cellulaire) n’est pas une maladie non plus même si, dans un tout autre contexte, cela peut donner des complications comme les maladies auto-immunes. Cela dit, la prédisposition à l’hypercoagulation ou une hyperréactivité plaquettaire peuvent être un avantage, car la coagulation intervient pour réparer les blessures. Lorsque les chasseurs cueilleurs traquaient des bêtes sauvages, qu’ils étaient attaqués par des tribus ennemies, il était important pour eux de cicatriser très vite afin de guérir rapidement et de pouvoir à nouveau défendre leur famille et la nourrir. Elle permettait également aux femmes qui étaient quasiment tout le temps enceintes de sortir plus rapidement des suites d’accouchement et de retourner plus vite à la cueillette et au travail. Mais à ces époques anciennes, avec des conditions d’existence périlleuses, l’espérance de vie ne dépassait pas 30 ans. Evidemment, de nos jours, cette hypercoagulation est beaucoup moins utile pour la survie et, chez des personnes vieillissantes, elle risque de provoquer des accidents cardiovasculaires.

L’aspirine peut-elle éviter la formation de plaque d’athérosclérose et de caillot ?

L’aspirine est un très bon médicament antiplaquettaire, mais seulement dans certaines conditions. Par exemple, comme je l’ai démontré, elle est inefficace chez les transplantés cardiaques. Chez d’autres patients, par exemple après stenting, elle peut empêcher la formation des caillots dans les stents et agit également un peu sur la plaque d’athérosclérose. Quand une tumeur bénigne se développe, il y a des substances appelées facteurs de croissance qui favorisent la prolifération cellulaire utile à la cicatrisation et la réparation. Le premier facteur de croissance découvert aux USA est une substance plaquettaire, le PDGF. Si vous inhibez les plaquettes avec de l’aspirine, vous diminuez la production de PDGF. C’était en tout cas l’idée des chercheurs qui dans les années 70 décrivaient les plaques d’athérosclérose. Pour eux, les plaquettes étaient les grandes responsables et le PDGF était la substance principale dans la formation de la plaque d’athérosclérose. C’est sur cette base que j’ai commencé à travailler en recherche et me suis donc intéressé aux plaquettes. Ce mécanisme a été parfaitement démontré dans les années 70 et curieusement, il a été totalement oublié. Un des facteurs favorisant de cet oubli est peut-être que les travaux menés dans ce domaine ont été financés par l’industrie du tabac pour détourner l’attention des dangers du tabac sur le cancer du poumon. Sachez qu’il existe un deuxième facteur de croissance qui favorise le développement des tumeurs, bénignes ou malignes. Il s’agit de l’insuline et c’est ce qui explique la relation entre diabète et maladies cardio-vasculaires. La première phase du diabète de type 2 se caractérise par la résistance à l’insuline. Il en résulte une sécrétion accrue d’insuline qui favorise la formation de la plaque d’athérosclérose.

Qu’est-ce que le régime méditerranéen ? Quelle différence avec le régime Crétois ?

Le régime crétois a été décrit par les Américains parce que la 6e flotte de leur marine après la 2e guerre mondiale avait des bases en Crète alors que la famine régnait. Les Américains ont envoyé des nutritionnistes qui se sont aussi intéressés à la façon dont les Crétois se nourrissaient traditionnellement. Ils ont constaté aussi que les Crétois ne faisaient pas d’infarctus. De tous les pays qu’ils ont étudiés à l’époque (Finlande, Pays-Bas, USA, Japon, Italie…), les Crétois étaient les mieux protégés par leurs habitudes alimentaires comme d’ailleurs, tout le bassin méditerranéen. Dans cette région, la matière grasse utilisée est l’huile d’olive. Mais alors qu’elle entre dans 40 % de la ration énergétique des Crétois, elle n’est que de 30 % dans celle des Siciliens. Ce qui prouve que ce n’est pas la ration énergique sous forme de matière grasse qui constitue un facteur de risque, mais la qualité de cette matière grasse. Nous avons donc appelé diète méditerranéenne (plutôt que régime crétois) le régime que nous proposons à nos patients.

Vous avez ajouté de l’huile colza ?

Oui, au terme d’une phase très importante de notre travail à Lyon. Car après avoir prouvé que le régime méditerranéen protège, il fallait le faire accepter à des gens qui ne supportaient pas l’huile d’olive. Donc il fallait un substitut. On a cherché l’huile qui ressemblait le plus à l’huile d’olive par sa composition. C’est le colza, une huile très riche en acide gras monoinsaturés (acide oléique) comme l’huile d’olive, mais qui contient également des oméga-3. Les patients qui ne supportaient pas l’huile d’olive pouvaient prendre de l’huile de colza. Les deux huiles présentent des avantages et des inconvénients et dans notre diète méditerranéenne, nous proposons d’associer les 2. Pour que les patients adhèrent aux conseils nutritionnels, il faut être bienveillant et leur expliquer qu’il n’y a aucun poison dans l’alimentation même le beurre, l’huile de palme pour peu que ces produits soient consommés de façon vraiment épisodique.

Quels sont les aliments à éviter et ceux à privilégier ?

C’est une question trop vaste. Parmi les matières grasses, il faut privilégier les huiles d’olive et de colza. Toutes les autres matières grasses ne sont pas des poisons lorsqu’on les utilise en toutes petites doses de façon occasionnelle, mais il ne faut surtout pas les utiliser de façon habituelle.

En règle générale, l’alimentation méditerranéenne contient beaucoup de céréales de bonne qualité (pas comme les blés modernes de nos boulangeries), de légumineuses, de fruits et légumes frais de saison, mais aussi des herbes aromatiques, des oléagineux (comme les noix et les amandes), des œufs, du poisson et un peu de viande.

Est-il quand même possible de manger de la charcuterie et des fromages ?

Tout dépend des charcuteries. Il existe d’excellentes charcuteries italiennes comme le jambon de Parme, malheureusement assez onéreux. Mais le jambon/beurre quotidien du parisien est à proscrire. En ce qui concerne les fromages, les Méditerranéens en sont les plus grands consommateurs, mais ils mangent surtout des fromages de brebis et de chèvre. Les fromages de vache comme le parmesan, sont fabriqués à partir du lait de vaches qui vivent dans les montagnes. Le processus de fermentation est particulièrement intéressant. Nous avons constaté que dans les populations occidentales, la consommation de fromages fermentés n’est pas toxique. Les grandes études menées aux USA, montrent très clairement que le lait, la crème, le beurre sont associés à une augmentation du risque cardiovasculaire, mais pas le fromage. Je recommande surtout les fromages fabriqués à partir du lait d’alpage, car l’herbe est d’une qualité exceptionnelle en nutriments notamment en polyphénols et pendant les 4 mois où les vaches sont en altitude, elles donnent un lait vraiment excellent sur le plan nutritionnel. Mais là encore le prix est très souvent un frein. Et pour être vraiment efficace, ce régime doit être associé à une activité physique régulière et la pratique du yoga ou de la méditation [surtout en cas de souffrance familiale ou professionnelle] .

Comment ce régime agit-il sur l’organisme ?

C’est compliqué, et on ne sait pas très bien. La nutrition est une science neuve. Les premiers professeurs de nutrition dans les facultés de médecine en France sont apparus à la fin des années 90 et au début du 21e siècle. Et même maintenant, la nutrition est encore très peu enseignée. Le raisonnement du nutritionniste moyen en France c’est d’assimiler le nutriment à un médicament. De ce fait, les laboratoires conçoivent de nombreux compléments nutritionnels, mais la nutrition n’est pas la pharmacologie. Ce n’est pas un nutriment ou un aliment en particulier qui joue vraiment un rôle protecteur, mais les habitudes alimentaires globales et le mode de vie en général. C’est pourquoi le modèle méditerranéen est vraiment le modèle de référence. Cette semaine, dans un journal américain, une étude qui avait suivi des patients pendant des années, mettait les vertus de la diète méditerranéenne à l’honneur. C’est vraiment l’équilibre alimentaire et le mode de vie adéquat qui protègent et il faut les suivre toute sa vie.

En résumé, en adoptant le régime méditerranéen, en pratiquant une activité physique régulière [et en prenant des anticoagulants ou des antiplaquettaires lorsqu’on a une prédisposition à l’hypercoagulation], on peut éviter les crises cardiaques et les AVC ?

En fait, chaque individu est un cas particulier et, pour aider chacun d’entre nous, les soignants (surtout les médecins) doivent adopter la médecine de précision, la médecine du futur, que je décris dans le livre « Comment échapper à l’infarctus et l’AVC ». Cette médecine est « précise » parce qu’elle analyse « précisément » chaque individu – son mode de vie, ses conditions d’existence, son arbre généalogique, ses symptômes spécifiques, et les principaux paramètres biologiques marqueurs du risque (évidemment pas le cholestérol) – et aide cet individu à corriger (neutraliser) ce qui, chez lui « précisément », peut conduire à l’infarctus et/ou l’AVC. C’est le contraire d’une médecine systématique fonctionnant sur des algorithmes prédéfinis.

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