La chute imminente de Bakhmout n’est que le prologue d’une campagne 2023 dramatique, mais pas nécessairement décisive pour les Russes et les Ukrainiens. Si le Kremlin conserve l’initiative, il devra choisir entre plusieurs options plus ou moins risquées. Petite tentative de prospective opérationnelle.
On entend beaucoup de sottises à propos de Bakhmout qui serait, prétendument, un nouveau Verdun. Bien sûr certains éléments peuvent évoquer le choc de 1916 : L’acharnement mis par les deux parties à jeter sans cesse de nouvelles unités d’infanterie dans la fournaise, le discours ukrainien affirmant que cette résistance vise à saigner l’armée russe pour la vaincre, la longueur de la bataille enfin. Mais la comparaison s’arrête là. D’une part parce que cette bataille est essentiellement urbaine, alors que Français et Allemands se sont affrontés dans les forêts des coteaux de la Meuse. D’autre part parce que, fort heureusement, le chiffre des pertes n’est pas comparable. Enfin parce que si les Allemands avaient vaincu à Verdun, la France aurait sans doute été proche de la défaite. Ce ne sera pas le cas de l’Ukraine après Bakhmout.
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Discours réaliste
Bakhmout est juste un « moulin à café » ou les ukrainiens se fond « moudre »…
la persistance de Zélinsky à ne pas s’en retirer donne presque l’impression qu’il travaille pour les russes…
et pour les Russes c’est une excellente raison de ne pas l’éliminer…
J’attire votre attention sur cette analyse de Big Serge qui pourrait expliquer l’attentisme russe.
https://reseauinternational.net/guerre-russo-ukrainienne-loffensive-de-schrodinger/
En quelques mots, sa thèse est la suivante :
l’armée russe a très longtemps manqué de fantassins, en raison de l’impossibilité d’envoyer les conscrits au front. C’est la raison pour laquelle l’essentiel des assauts est mené par des forces professionnelles organisées depuis longtemps en vue de la projection, unités des oblasts de Donetsk et Lougansk, Wagner, Tchétchènes, parachutistes, fusiliers marins.
L’arrivée des mobilisés et des volontaires a permis pour une partie de supprimer toutes les brèches potentielles du front, mais pour la majorité ils sont affectés à de grandes unités en cours de création. Et cela prend du temps, car cela coïncide avec une réorganisation par divisions à la place de la précédente organisation par brigades.
Comme vous le faites remarquer, la piètre qualité des officiers supérieurs et généraux n’aide pas. Erwan Castel dénonce fréquemment l’héritage de bureaucratie, de passivité et d’immobilisme qui paralyse souvent l’état-major russe. Mais Poutine essaye de dynamiser tout cela, aidé par les coups de gueule de Prigojin et de Kadyrov…
C’est ce qu’explique le colonel Jacques Baud dans une conférence en trois parties :
https://www.youtube.com/watch?v=CMiiovvEpj0
https://www.youtube.com/watch?v=mt9XlRSQf2s&ab_channel=DialogueFranco-Russe
https://www.youtube.com/watch?v=74kuC0rBVcg&ab_channel=DialogueFranco-Russe
Encore un commentaire disparu.
« Côté russe, on n’a cessé également de promettre un grand coup » ? Je n’ai pas entendu ça .. Où sont les déclarations de l’état major russe ? Ce sont les spéculations des experts il me semble
C’est aussi ce que je pense. Cette grande opération est attendue avec espoir par tous les pro-Russes, avec crainte par tous les pro-Ukrainiens, mais les officiels russes se sont bien gardés de s’engager à quoi que ce soit.
Je me suis mal exprimé en effet. J’aurais dû parler des « médias russes ».
C’est tout l’art d’un bon stratège, comme d’un joueur d’échecs : être illisible par l’adversaire, qui passe son temps et ses moyens à parer des coups…qui ne viennent pas.
Les drones et les satellites rendant les surprises impossibles dans le domaine visible, on peut s’attendre à des surprises (ou des tentatives) dans le domaine invisible (cyber, NBC, manipulation de l’information, etc.).
La mobilisation a surtout permis de boucher les trous, pas de faire de grandes offensives et pour quel objectif d’ailleurs ? Ce ne sont pas tant les Russes qui sont pressés par le temps. Leur économie a parfaitement résisté. Ils ont des pertes bien moins importantes que l’OTAN (j’ose) bien qu’en attaque sur une défense construite et fortifiée de longue date.
Aller trop vite, c’est aussi prendre le risque d’arriver à un cessez-le-feu avec une armée ukrainienne presque intacte. Quand cette guerre sera terminée, l’Ukraine ne sera plus un problème et il en va de même de beaucoup de pays de l’UE qui ont perdu des années de munition comme leurs réserves en matériels (n’en ayant déjà pas beaucoup) et subissent le contre coup de la perte d’énergie bon marché.
Sans parler du crédit des pays occidentaux dans le reste du monde qui s’étiole à grande vitesse. Pourquoi donc se presser ?