Le président Saied semble bien décidé à appliquer aux islamistes d’Ennahdha le programme pas totalement « Charlie » mis au point par le Maréchal Sissi pour les Frères Musulmans égyptiens. Grosse émotion à Bruxelles !
En Turquie, où l’AKP d’Erdoğan (dont les Frères Musulmans ont fourni la colonne vertébrale idéologique) semble menacé par une coalition vaguement gauchisante de partis libéraux urbains, l’Occident fait mine de vouloir savonner la planche au Sultan vieillissant – c’est bien compréhensible, puisqu’il pense (ou feint de penser) qu’il pourrait hériter d’une Turquie verte et inclusive, scandinavisée dans son propre jus de baklava.
En Tunisie, en revanche, c’est plutôt de l’axe Le Caire – Ryad – Damas – Moscou que semble s’inspirer, dans son épuration des islamistes, un Kais Saied d’ores et déjà classé du mauvais côté de l’histoire par la bien-pensance occidentale.
Du coup, ces mêmes Frérots diabolisés à Istanboul redeviennent ici l’innocente brebis dont le martyre fera pleurer toutes les femmes blanches de Bruxelles – naturellement sans aucun rapport avec les relations que ces dernières pourraient entretenir avec le généreux Qatar, forteresse financière et médiatique de la Confrérie.
Ennahdha, cette CSU en babouches
Cette comparaison devrait aussi faire réfléchir les Frères Musulmans eux-mêmes. Bien utiles pour débarrasser l’Occident de régimes mal alignés ou de dirigeants tentés par les offres de la concurrence géopolitique, ils n’accèdent au pouvoir (comme en Turquie) que pour mieux devenir, à leur tour, la cible de l’ingénierie socio-politique d’un Occident dont le progressisme est le code génétique.
Comme leur programme de démocratie islamique reproduit, mutatis mutandis, la trajectoire de la démocratie chrétienne européenne, les Frérots, séduits par le discours d’Obama au Caire – qui prenait acte du fait que, dans le monde arabo-islamique, tout progrès réel de la démocratie se traduit par une islamisation des régimes –, feraient mieux de tirer les leçons du sort actuellement réservé, par le même Grand Frère occidental, à l’Allemagne de Kohl et de Merkel.
Quant à l’Italie, le legs de la démocratie chrétienne n’a pu y survivre que sous la forme d’un gouvernement des Frères (encore!) d’Italie, qui livre le pays à l’immigration de masse et ses ressources militaires au pianiste de Kiev. Si Saied devait un jour tomber, Ennahdha devrait donc se poser la question : auront-ils une Fatima Meloni à la hauteur de ce genre de casting ?