Tempête en vue. La Cour des comptes européenne a demandé à la BCE de renforcer sa surveillance des banques de l’UE pour que le risque de crédit soit « bien géré et couvert » ! Mais, dans son rapport spécial rédigé sur les activités de la BCE, la Cour appelle cette dernière à « renforcer sa surveillance du risque de crédit des banques de l’Union Européenne afin de s’assurer qu’elles le gèrent correctement, en particulier lorsque des prêts ne sont pas remboursés ».

Son étude pointe notamment le fait que la BCE a insuffisamment durci les mesures prudentielles lorsque les banques laissaient persister des faiblesses dans leur gestion du risque de défaut. Les évaluations de ce risque et des systèmes de contrôle des banques seraient de bonne qualité. Cependant, ce qui ferait défaut, ce seraient les outils pour « s’assurer que les risques recensés sont intégralement couverts par des fonds propres supplémentaires ». Plus grossièrement, la méthode de calcul pour le montant des fonds propres ne garantirait pas une couverture appropriée des risques, ce qui revient à dire que les fameux « tests de résistance bancaire », ou « stress tests », ne sont pas jugés très sérieux, ni leurs résultats très fiables.
Voilà qui a de quoi rassurer les déposants à l’approche du gros krach que même Jacques-a-dit Attali a prédit.
Le chiffre de la semaine
2,31%, le taux d’inflation en Russie en glissement annuel
Selon les chiffres publiés par l’agence nationale de statistiques Rosstat, l’inflation a continué de ralentir en avril en Russie, et ce en dépit de la dizaine de trains de sanctions économiques internationales visant Moscou. En avril, la hausse des prix atteint ainsi 2,31% sur un an, contre 3,51% en mars sur un an (-33%). Des chiffres bien loin, en tout cas, des pics atteints dans la foulée du lancement de l’offensive militaire contre l’Ukraine en février 2022. Moscou a tenu le choc et a su s’adapter, comme elle le fait d’ailleurs depuis bientôt 10 ans.
Au demeurant, cette information masque un « effet de base », c’est-à-dire que les prix d’avril 2023 ont été comparés à ceux d’avril 2022, c’est-à-dire au moment où les effets, même maigres, des sanctions économiques européennes commençaient à se faire sentir, entraînant une nette remontée des prix (jusqu’à 17,8%) et un affaiblissement du rouble. Selon des prévisions faites mi-février 2023 par la Banque centrale de Russie, l’inflation devrait se situer « entre 5 et 7% » en fin d’année, le taux d’intérêt directeur se situant, lui, « entre 7 et 9% ». En France, notre niveau d’endettement public ne permet pas à la BCE d’aligner, et encore moins de dépasser, son principal taux directeur sur l’inflation, qui continue de sévir à près de 7% en zone euro. Même à genoux, Vladimir dépasse Bruno.
La déclaration de la semaine
« 34 métiers seront épargnés par ChatGPT. » Sam Altman, son créateur
Pendant ce temps-là, la chimérique IA, qui n’a rien d’intelligent et tout d’artificiel, fait planer sur le monde son ombre menaçante.
L’IA d’OpenAI, qui, toute open qu’elle prétend être, a refusé de rendre public son algorithme, est en passe de bouleverser l’ensemble des industries. Goldman Sachs estime ainsi que 300 millions d’emplois (c’est 10 fois plus dans un précédent rapport) sont menacés par l’intelligence artificielle ; de premières entreprises ont d’ailleurs déjà pris des mesures fortes face à cette innovation technologique : IBM, par exemple, travaille actuellement à remplacer 30% de ses 26 000 personnes (soit 7 800 employés) par ChatGPT pour optimiser ses coûts… Mais, il y a un mais.
Par la voix de l’un de ses fondateurs (le second n’étant autre que… Musk !), OpenAI a fait l’effort d’évaluer l’impact de ChatGPT sur le monde du travail. Elle a ainsi dressé une liste de 34 métiers qui ne seront jamais impactés par l’intelligence artificielle. Ces métiers ont en commun de nécessiter des compétences humaines auxquelles l’IA ne pourra se substituer, comme la dextérité manuelle, la créativité, le bon sens, la conscience d’autrui ou encore le sens du relationnel. Parmi eux, on retrouve des plombiers, des cuisiniers, des coiffeurs, des abatteurs, des aide-soignants ou encore des mécaniciens. Pas sûr, encore une fois, que Macron ait bien choisi son moment pour réformer la voie professionnelle.
L’actif de la semaine
Le rôle de l’or dans la dédollarisation
Faisant écho à une récente interview d’Edouard Husson et aux nombreux articles de Finance & Tic sur les métaux précieux, notre dossier N°23, à paraître le 28/05 prochain, explorera le rôle historique joué par la « relique barbare » tout au long du XXe siècle, et en particulier de la fin du XIXe (étalon or, gold standard) aux années 1920 (étalon de change or, gold exchange standard) : la valeur refuge par excellence depuis 5000 ans, seul actif qui n’est au passif d’aucun agent économique, peut-elle être amenée à rejouer un rôle prééminent au sein du système monétaire international, plus d’un demi-siècle après l’interruption unilatérale, à l’initiative du Président Nixon, de la convertibilité du dollar américain en or ?
Les ambitieuses acquisitions mensuelles de lingots par de nombreuses banques centrales des BRICS laissent-elles présager un retour en grâce de l’or pour solder les balances commerciales entre partenaires à l’heure de la dédollarisation et de la multipolarisation du monde ? L’or y suffirait-il ou faudrait-il convoquer d’autres métaux précieux, à l’instar de l’argent, pour ainsi (re)donner vie à un « bimétallisme post-moderne » ?
Retrouvez tous nos dossiers bimensuels de sécession patrimoniale en cliquant sur « Dossiers téléchargeables » :
- le N°1 sur les différentes classes d’actifs anti-stagflation ;
- le N°2 sur l’or-investissement ;
- le N°3 sur les métaux blancs ;
- le N°4 sur les matières premières ;
- le N°5 sur l’art-investissement ;
- le N°6 sur le non coté (PME-PMI) ;
- le N°7 sur les devises étrangères ;
- le N°8 sur les actions françaises ;
- le N°9 sur les cryptoactifs ;
- le N°10 sur les obligations souveraines étrangères ;
- le N°11 sur l’assurance-vie ;
- le N°12 sur l’entreposage physique de l’or ;
- le N°13 sur la nature-investissement (vignoble, forêt, bétail) ;
- un hors-série faisant la rétrospective des dossiers 2022 ;
- le N°14 sur les SCPI ;
- le N°15 sur la pierre et l’immobilier alternatif ;
- le N°16 sur la défiscalisation immobilière ;
- le N°17 sur la débancarisation en cryptos ;
- le N°18 sur la gestion en bon père de famille et l’optimisation successorale ;
- le N°19 sur le désendettement et l’épargne bancaire ;
- le N°20 sur l’opportunité d’acheter des actions Air Liquide ;
- le N°21 sur la fiscalité des cryptos ;
- le N°22 sur les actions en bourse (mode d’emploi).
Le dossier N°23, à paraître le 28/05, traitera de l’or d’un point de vue tant financier qu’historique et géopolitique, notamment dans le contexte de son retour en grâce à la faveur de l’accélération de la dédollarisation provoquée par l’intervention russe en Ukraine et la menace de l’extension de la guerre.
« compétences humaines auxquelles l’IA ne pourra se substituer, comme la dextérité manuelle, la créativité, le bon sens, la conscience d’autrui ou encore le sens du relationnel »
C’est bon chui paré. ✋ Sur une échelle de 10 relationnel j’ai 3, sinon que des 8 et des 9. Par ici les bons jobs. 🔛
Les compétences humaines des abatteurs (créativité, bon sens, conscience d’autrui, sens du relationnel…) sont indispensables à l’oligarchie occidentale et très appréciées, elle va les épargner.
Au delà de leur irremplaçable dextérité, l’IA ne ressentant rien, ce serait dommage de les remplacer. Que serait la vie d’un oligarque sans ces petits plaisirs du quotidien…