La France s’effondre, mais ils ne pensent qu’à Matignon

Les mauvaises nouvelles se succèdent pour la France et pour Emmanuel Macron. Sur la scène intérieure, les émeutes ont ruiné tous les efforts présidentiels d’apaisement, après une campagne des retraites particulièrement désastreuse en termes de cohésion nationale. Sur la scène internationale, les déboires en Afrique et en Ukraine soulignent les faiblesses de la stratégie macronienne, et l’effacement progressif de la France. D’un point de vue économique, les perspectives de croissance sont mauvaises, et la compétitivité du pays est en baisse. Mais, malgré ce bilan désastreux, personne ne se préoccupe réellement de l’état du pays. Ce qui compte, c’est le remaniement (ou pas) du gouvernement, et le changement (ou pas) de Premier Ministre. Plus que jamais, la caste ne s’intéresse qu’à elle-même.

Donc, Élisabeth Borne, stop ou encore ? C’est la seule question qui occupe les allées du pouvoir, alors que tout s’effondre autour de nous.

Le naufrage très symbolique d’Ariane 6

Personne n’a jugé utile de rappeler, ni de souligner, que si l’Europe se retrouve désormais sans lanceur de satellites, c’est largement à cause de loupés d’Arianespace, entreprise française dirigée par un homme-lige d’Emmanuel Macron : Stéphane Israël. Le cartel de la presse subventionnée n’aime pas se fâcher avec les lieutenants du pouvoir. Mais enfin, il y a bien un problème lorsque “l’Europe” est en panne du fait des proches nommés par le Président.

Mais, de nos jours, que la France pose ce genre de problème intéresse-t-il encore quelqu’un ? Quoi ? L’intérêt général ? Le rayonnement européen ? Le rayonnement français en Europe ? La prospérité ? La concurrence internationale ?

Tout cela est passé de mode et n’intéresse plus guère que ceux qui y croient : les complotistes, les “sans-dents”, les “rien”.

Les gens sérieux ne s’intéressent plus qu’au jeu de chaise musicale autour de Matignon et de quelques ministères.

Le bouillon de la croissance

Au passage, les prévisions de croissance données par la Banque de France sont à l’unisson de cet énorme loupé d’Arianespace. Au deuxième trimestre, l’enquête de conjoncture indique une croissance de 0,1% ! Donc, l’incompétent Bruno Le Maire nous avait annoncé, en 2020, au moment du “quoiqu’il en coûte”, que le redressement du pays serait exemplaire. Trois ans plus tard, la production industrielle n’a pas retrouvé son niveau de 2019, mais la croissance est proche, proche, proche, de la récession.

On nous aurait donc menti ?

Dans tous les cas, vu la difficulté du temps, on aurait pu imaginer une équipe gouvernementale concentrée sur le redressement du pays. Et puis finalement, rien…

Ils ont autre chose à faire : se disputer les postes.

La sérénade du remaniement gouvernemental

Donc, comme si souvent, la seule chose qui occupe le microcosme parisien, ce sont les interminables pronostics sur le remaniement : aura-t-il lieu ? qui remplacera qui ? et Untel a des informations fiables… et Telautre a entendu dire hier à l’Élysée que… etc.

Ces murmures de courtisans, agrémentés de coups de téléphone en catimini au son de “Ne le dis à personne, mais c’est sûr comme du béton, à Matignon, ce sera…”, peuvent occuper des jours, et même des semaines entières, toutes affaires cessantes. Et, on le voit depuis environ une quinzaine de jours, c’est à ce sport-là que le microcosme se consacre en ce moment, paralysant toute forme d’action ou de vision pour la France.

La Cour caquète, s’occupe comme elle peut, et les affaires du pays passent au second plan. Il faut dire que, entre la guerre en Ukraine, la crise économique et les émeutes, on voit mal ce qui pourrait passer avant le jeu des pronostics.

La blague de Matignon

Donc, si vous n’avez pas eu le temps de suivre les dernières péripéties, je vous mets au parfum.

Premier point : Élisabeth Borne est, on le sait, sur un siège éjectable, mais Emmanuel Macron n’arrive pas à se décider. Avant les émeutes, il était probablement décidé à remplacer Borne par Darmanin. Mais Darmanin n’est pas parvenu à trouver une majorité pour sa loi immigration, contrairement à ses promesses, et Borne fait preuve d’une vraie capacité de résistance. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, ne dirait pas non au poste.

Finalement, tout le monde (Macron lui-même sans doute) est dans le brouillard.

La blague de Bercy

Parallèlement, le maintien de Bruno Le Maire à Bercy semble être discuté. Macron reprocherait-il à son ministre sa parfaite incompétence ? Pas du tout, ce genre de détail anecdotique ne pose de problème à personne dans le monde des amateurs. C’est plutôt sa capacité à faire de l’ombre à Macron en 2027, en cas de troisième candidature du Président, qui poserait problème. Donc, une inconnue pèse sur le destin du ministre.

Mais, là encore, rien de sûr…

La blague de la rue de Grenelle

De son côté, le destin du diaphane et wokiste Pap Ndiaye semble scellé. Personne ne tient vraiment à le défendre. Mais son poste sera-t-il occupé par Édouard Philippe, qui sort un livre sur l’éducation en septembre ? Macron, sur suggestion de Ferrand, aurait proposé ce scénario à l’intéressé, dans l’idée de l’envoyer dans les cordes avant 2027. Mais, fine mouche, Édouard Philippe a senti le coup venir et a décliné l’offre.

De ce fait, les candidatures affluent pour remplacer l’insipide woke.

D’autres, bien entendu, rêvent également de maroquins en tous genres. L’hypothèse la plus probable est que, lassé de tant de nœuds au cerveau, Macron ne fasse rien. Mais tout ce petit monde aura trouvé de quoi divertir son ennui. Voilà qui sent l’Ancien Régime.