La presse oligarchique de ces derniers jours semble bien décidée à nous amener à associer deux refrains certes contemporains, mais dont l’accouplement ne va pourtant pas de soi : « prise de parole » (retardée) et remaniement. Or – même à supposer que cette association soit fondée en raison – en se demandant qui Macron va/doit remanier, et comment, pose-t-on vraiment la bonne question ?
Car la vraie nouvelle, c’est bien celle qu’on aperçoit derrière ce locutus interruptus (prise de parole retardée) que la Macronie semble vouloir ajouter au Kama Soutra : le lamentable dégonflage de la baudruche des « 100 jours ». Car – au contraire du fameux remaniement, qui n’est qu’une rumeur savamment entretenue pour amuser le jobard – la prise de parole du Président « autour du 14 juillet » est une annonce qui a bel bien été faite.
Oui – mais faite par un pouvoir qui avait aussi annoncé qu’il n’y aurait pas de « passe sanitaire », etc.. C’est pourquoi, finalement, l’association du creux de la « prise de parole » avec le vide du « remaniement » n’est pas si illégitime que ça : qu’il « prenne la parole » pour nous l’annoncer, ou prévienne les intéressés par SMS selon la méthodologie Von der Leyen, le remaniement agité sera, de toute façon, un non-événement.
Remaniera bien qui remaniera le dernier
Cette conséquence de l’« hyperprésidence » (dont Macron – soyons justes – est loin de porter toute la responsabilité : il ne fait que marcher sur les pas à talons compensés de Sarko…), elle vient d’être relevée par un politicien vétéran aussi peu suspect d’extrême-droiture que… Jean-Louis Debré : « Les Français n’ont rien à fiche des changements de ministres. D’ailleurs, on n’en connaît que quatre ou cinq. »
Debré conseille donc à Macron de recourir plutôt, suivant l’exemple du Général, à la dissolution ou au référendum.
Ancien président du Conseil constitutionnel, Debré est bien obligé de faire semblant de croire que la Ve République aurait encore un avenir. Le simple fait que la personnalité de tous les membres de l’exécutif situés sous l’échelon présidentiel soit devenue indifférente suffit pourtant à démontrer que le mari de Brigitte a réussi à pousser cette République jusqu’au bout de la logique vicieuse dont elle est issue, et qu’il vaut donc mieux passer aux conseils de Tonton Schwartz : remanier Macron !
Les 100 jours peuvent facilement déboucher sur un Waterloo…
Bien sûr, Macron doit cesser de se considérer comme un ange trans-céleste et revenir sur terre comme un humain sage et charismatique. Après cinq ans de période d’essai, a-t-il besoin de 100 jours pour sauter?