Poutine joint une fois de plus sa voix à celle de Macron, pour saluer « l’héritage » de celle qui « prophétisait » un éclatement de l’URSS à partir de son Sud musulman et caucasien.
« Démembrer la Russie » : ce projet aujourd’hui porté exclusivement par certains excités balto-polonais (mais combattu avec clarté aussi bien par Macron que par Kissinger) a bel et bien existé dans le passé : à l’époque de la Russie impériale, c’est l’un des objectifs hauts du Grand Jeu britannique, et l’establishment néo-con de la Guerre froide le réactive contre l’URSS.
Sa mise en œuvre, au cours des dernières décennies de l’URSS, a pris la forme, d’une part, d’infiltrations chargées de stimuler les appétits de séparatisme ethnique au sein du ventre mou méridional (républiques centre-asiatiques et du Caucase) de l’Empire russo-soviétique ; d’autre part, la forme des « prophéties » de la soviétologue française (d’origine géorgienne) Hélène Carrère d’Encausse, récemment décédée.
La prophétie a certes fait pshit : c’est finalement l’échec du projet communiste et le chauvinisme slave qui sont venus à bout de l’URSS, abolie par l’accord de Bialovèse (entre RSS de Russie, Biélorussie et Ukraine), sans demander leur avis aux Kazakhs, Arméniens et autres Tadjiks, dont les pays sont d’ailleurs redevenus des Etats-clients de la Russie aussitôt que cette dernière a renoué (sous Poutine) avec sa trajectoire impériale.
Trajectoire impériale, ou mondialiste ?
Sans manquer de respect à la défunte (à l’Est, ça ne se fait pas), un Igor Strelkov, s’il officiait au Kremlin, aurait probablement profité de l’occasion pour constater le score : Russie « impériale » – Hélène Carrère d’Encausse : 1 – 0.
Mais Igor Strelkov est en prison, et celui qui l’a embastillé, depuis le Kremlin, « espère que ‘l’héritage’ d’Hélène Carrère d’Encausse aidera à améliorer les relations Russie-France ».
Russie-France, ou Russie-Davos ? Difficile, en effet, de ne pas rapprocher ce « geste de bonne volonté » du syndic de l’oligarchie russe de tous les gestes – à commencer par la mise en œuvre scrupuleuse du Great Reset en Russie – tendant à préparer un retour en douceur de Moscou/Saint-Pétersbourg dans la communauté internationale, une fois que le cocufiage de l’Ukraine aura été acté, et que l’actuel simulacre de guerre mondiale ne sera plus nécessaire à la justification du Green Deal (comprendre : de la dékoulakisation de la classe moyenne blanche en Europe).
votre jugement sur H. Carrère d’Encausse est sèvére. Son attachement à la Russie n’est pas contestable, elle n’ a pas varié alors même que beaucoup de russophiles ont adopté un mutisme embarrassé. D’autre part votre opinion sur Poutine supposé adhérer au Great reset, me semble ignorer une partie de la réalité: la création d’un monde multipolaire, la contestation ouverte de l’hégémonie de l’Hyperpuissance, Poutine est un chef d’état qui ne transige pas sur la souveraineté de la Russie, et montre que la Russie de 2023 n’est plus celle des années Eltsine, qui elle était soumise à Washington!
Poutine et Schwab se connaissent depuis plus de trente ans.
Sans doute le scrupule de Modeste, dans le prolongement du grand souffle de ses réflections de Kovid, vient-il de ce que le temps long, vraiment long, à l’échelle des mouvements de civilisation, et de celui des idées qui les sous-tendent, nous parle du délire culturel dans lequel nous sommes ici immergés comme d’un mauvais rictus de l’histoire, qui pousse jusqu’à nous vomir des macrons. Poutine certes ne transige pas, s’il s’agit de vomir ( du arn messager, de l’étatisme forcené ou de la rigueur morale) ; pour autant, épouse-t-il finalement autre chose à l’échelle du temps long que l’accaparement de l’esprit par des forces de dénaturation et d’oubli de soi, ou de l’être ?… Voyez les éléments convaincants qu’apporte Modeste dans son ouvrage, pour répondre par la négative, au-delà du détail (plutôt étudié ici dernièrement, et dans ses interventions sur YouTube ) en ce qui concerne la Russie actuellement réelle de… son indistinction, au regard des évolutions davosiennes que l’on ne sait que trop, encore sonnés que nous sommes, déconfinés devrais-je dire?
C’est dur à avaler pour moi aussi, mais l’esprit du temps est un palais des glaces qui ne se cerne pas de l’intérieur…
À quoi bon ? Il ne s’agit pas d’un jugement. Il s’agit juste de profiter de cette mort pour se livrer à un exercice de style consistant à aligner une liste quasi exhaustive de tous les poncifs nostalgiques d’un monde par ailleurs complètement imaginaire.