Bonne nouvelle pour ceux qui pensaient que voter RN (comme je l’ai fait à chaque présidentielle, contre Macron) ne sert à rien : la bonne récolte de mandats parlementaires 2022 a permis au principal parti de l’opposition contrôlée d’encaisser assez d’argent public pour un remboursement anticipé de son prêt russe, qui aurait normalement couru jusqu’en 2028.
Dans un paysage politique actuellement dominé par des agents du sabotage industriel américain (qui ont eux-mêmes succédé à toutes sortes d’aventuriers mariés sur fonds qataris ou divorcés au frais de la Lybie), on aurait pu croire que son prêt russe (pas si exorbitant au demeurant, du moment que quelques rentrées parlementaires suffisent à le rembourser) n’aurait pas été – entre l’absence totale de programme et ses récents agenouillements devant Jupiter – l’aspect de son passif dont le RN aurait le plus à rougir.
Seulement voilà : sous-estimant probablement la labilité des électorats en période de crise, le RN considère de toute évidence sa base comme un cheptel acheté au kilo, et dès à présent monnayable en échange d’une respectabilité élitaire qui – dans le bloc occidental du monde grand-réinitialisé – passe aujourd’hui nécessairement par une diabolisation de la Russie homophobe. Diabolisation finalement légitime du point du vue du parti du mariage pour tous – le RN faisant concurrence à Renaissance aussi dans le domaine de l’allégeance au culte féministe/LGBT.
Le fric du Très-contribuable, plus confortable que les roubles
Pour autant, gardons-nous bien de prendre l’intrigant Bardella et sa bande pour des imbéciles. Ils auront, certes, l’air pataud quand il s’avérera – à l’occasion du prochain rabattage de castors – que cette énième reculade n’aura en rien neutralisé les mécanismes de la diabolisation. Et comment pourrait-il en être autrement, sachant que le FN de Jean-Marie lui-même n’avait été gonflé par Mitterrand que pour pouvoir être diabolisé ?
Et d’ailleurs, leur surprise sera feinte.
En réalité – qu’il s’agisse du culte profondément européen de l’anus ou de la chapelle de Saint-Zelenski –, toutes ces allégeances/reculades n’ont pas pour finalité une quelconque conquête du pouvoir, ni pour destinataire/public un électorat que le RN méprise aussi cordialement que le mari de Brigitte. Tous ces gestes s’adressent avant tout à Davos, et en général aux chiens de garde institutionnels qui contrôlent l’accès aux fromages de la pseudo-démocratie représentative.
On peut donc considérer cette restitution du prêt russe comme exemplaire du business model RN.
Ils avaient encore largement le temps pour contribuer à faire élire Édouard Philippe.
La PME Le Pen n’a jamais eu vocation à accéder au pouvoir mais à être l’alliée du PS pour empêcher la droite de revenir aux affaires.
Quelle droite?…