Progressivement, la caste abat les cartes qui dessineront le spectacle du monde en 2024, et sans doute un peu au-delà. En Ukraine, on comprend que les États-Unis voudraient arriver à un gel du conflit ; ce que les Russes ne peuvent accepter ; de telle sorte que nous devons nous préparer à une escalade du conflit dans les prochains mois, les Américains ne laissant pas d’autre choix aux Russes que d’aller jusqu’à Odessa afin d’éviter une éternelle “guerre de Crimée”. Quand on parle d’escalade, celle qui préoccupait ce jour plus immédiatement, est celle des taux d’intérêt. C’est surtout la décision de la FED qui retenait la respiration et l’attention (pour ne pas dire la tension…) des esprits aujourd’hui. Les analystes de marché se sont livrés à d’interminables spéculations depuis plusieurs jours pour commenter la décision à venir de la Réserve Fédérale. Finalement, ce qui est sorti de la bouche de Jerome Powell était plus “hawkish”, plus dru qu’attendu. Si la FED n’a pas touché à ses taux, son patron a annoncé qu’une nouvelle hausse interviendrait d’ici à la fin de l’année, et que, fin 2024, les taux se situeraient à 5,1%, ce qui est un record historique. Contrairement à l’optimisme irréaliste des analystes, cette prévision est une très mauvaise nouvelle.
Montée des tensions, tel est le leitmotiv de cette deuxième quinzaine de septembre 2023. On pense bien entendu à l’escalade que les États-Unis sont tentés de pratiquer en Ukraine, mais aussi à la hausse différée des taux de la FED.
Le jeu dangereux des États-Unis en Ukraine
Comme Édouard l’indique dans son bulletin ukrainien hebdomadaire, un an après les illusions créées par la reconquête ukrainienne de quelques milliers de kilomètres carrés dans la région de Kharkov et trois-mois et demi après le début de la “contre-offensive” ukrainienne pour couper, au sud, la Crimée du territoire russe, l’idée se répand, à Washington, que l’Ukraine ne peut plus gagner la guerre. Mais comment éviter à Joseph Biden (officiellement candidat à un deuxième mandat, même s’il semble en avoir de moins en moins la capacité cognitive) une nouvelle humiliation après le retrait non maîtrisé d’Afghanistan en 2021 ?
La nouvelle stratégie américaine en Ukraine consiste donc à tout faire pour empêcher la Russie de gagner la guerre, à défaut de la lui faire perdre. Le calcul d’Anthony Blinken et des autres néo-conservateurs américains consiste à menacer la Russie d’une escalade du conflit telle qu’elle y a trop à perdre – tout en évitant de monter aux extrêmes. Anthony Blinken a confirmé qu’il était favorable à la livraison à l’Ukraine de missiles de longue portée. L’objectif est d’amener les Russes à la table de négociation, Moscou – et surtout Vladimir Poutine qui remet en jeu son mandat en mars 2024 – jugeant avoir trop à perdre à des frappes répétées de missiles ukrainiens sur le territoire russe.
Or, pour la première fois, les dirigeants russes parlent ouvertement d’une participation de facto des Etats-Unis au conflit. C’est une façon de signifier qu’ils n’entreront pas dans le calcul américain : si les USA sont partie prenante au conflit au moins par mercenaires et conseillers militaires interposés, les russes ne s’arrêteront pas avant d’avoir militairement garanti leur sécurité – obtenu le contrôle d’Odessa.
Tensions intra-européennes croissantes
Attendons-nous donc à une montée des tensions dans les prochaines semaines. La dissuasion nucléaire, des deux côtés, empêchera certainement la montée aux extrêmes. Mais on doit craindre malgré tout l’obstination occidentale. Et puis, une guerre qui dure, ce sont des divisions toujours plus marquées au sein d’une Union Européenne qui est le dindon de la farce concoctée par la Maison-Blanche.
Ainsi a-t-on vu ces derniers jours, le front centre-européen du refus d’importation du blé ukrainien se renforcer ; l’escalade verbale est telle que l’ambassadeur d’Ukraine en Pologne a été convoqué au Ministère des Affaires étrangères suite aux propos tenus par le président ukrainien Zelenski à la tribune des Nations Unies (il a dénoncé les faux alliés de l’Ukraine).
L’onde de choc créée par la stabilité inattendue de la Russie et les difficultés ukrainiennes s’étend progressivement à de nouveaux secteurs au fur et à mesure que la solidarité européenne apparaît intenable dans une situation d’appauvrissement généralisé au sein de l’UE. Ainsi a-t-on vu ces derniers jours une dispute naître entre l’Allemagne et l’Italie sur la question de l’accueil des “migrants” débarquant à Lampedusa.
Du côté de la FED
Donc, la FED a rendu son verdict : les taux restent inchangés aujourd’hui, mais ils augmenteront encore une fois à l’avenir et ne baisseront pas autant que les analystes ne l’espéraient jusqu’ici. Autrement dit, fin 2024, ils seront vraisemblablement supérieurs à 5%, ce qui contredit l’optimisme ambiant des marchés. D’ailleurs, dès la fin de la conférence de presse de Jerome Powell, les marchés américains marquaient le pas.
La mauvaise nouvelle de l’argent cher
D’une manière générale, il faut bien comprendre que, dès lors que la Réserve Fédérale donne le la en matière de taux, il est difficile pour les banques centrales occidentales de pratiquer un moins-disant trop marqué. Si l’on veut éviter une fuite des capitaux massive vers les États-Unis où l’argent est bien rémunéré, il faut rester dans le peloton. La Réserve Fédérale condamne donc la BCE, en particulier, à continuer une politique monétaire restrictive tout au long de 2024.
Tous ceux qui déploraient un accès plus difficile au crédit, tous ceux qui espéraient une embellie pour acheter leur appartement un peu moins cher, et donc disposer d’une surface un peu plus grande, en seront pour leurs frais : on ne voit pas d’amélioration poindre avant 2025. Nous rappelons que le Courrier table sur des taux élevés jusqu’en 2030, pour lutter contre une inflation qui sera nourrie par la transition énergétique accélérée qui a pris le pouvoir, dans la foulée du Great Reset, en Occident.
Comme l’a très bien dit Christine Lagarde à Jackson Hole cet été, la transition énergétique sera productrice d’inflation (ne serait-ce que parce qu’une voiture électrique coûte plus cher qu’une voiture thermique), ce qui obligera à maintenir des taux élevés pour la combattre.
Vous pouvez donc dès maintenant tirer toutes les conséquences de cette situation : n’espérez aucun mouvement de détente significative dans les dix-huit mois à venir.
Les risques pour l’assurance-vie
Selon la règle de la crise obligataire que nous avons de multiples fois expliquée, les obligations voient leur valeur diminuer à due proportion de la montée des taux d’intérêt. Donc, toutes les obligations achetées depuis 10 ans par les banques et les compagnies d’assurance voient leur valeur diminuer, ce qui a un impact comptable en cas de revente. Si un organisme financier doit vendre en urgence des obligations pour faire rentrer un peu d’argent frais, il est obligé de passer des moins-values douloureuses.
Pour les assureurs-vie, cette situation est délicate à gérer : alors que les rendements des contrats se situent autour de 2%, les épargnants ont la tentation de sortir de leurs contrats pour aller vers des placements rémunérateurs. Cette mécanique peut avoir des effets redoutables. Il faudra être très attentif, dans la durée, à cette question systémique.
Nos lecteurs ont déjà massivement arbitré, sur nos conseils, leurs contrats.
Je ne comprends pas les dirigeants européens qui confrontés à la difficile question de l’inflation et à la terrible guerre d’Ukraine, se rajoutent 2 faux problèmes le retour du coronavirus ( il reviendra tous les ans ) et la transition énergétique ( il n’y a pas d’urgence climatique), les 2 derniers problèmes semblent uniquement viser l’objectif totalitaire de contrôler socialement et de taxer la population. Notre première URGENCE est de renverser l’UE.
Les dirigeants européens ne dirigent rien… A quelques exceptions près, ils ne sont que les valets de ceux qui les ont mis en place. La pieuvre financière domine tout.
Tout à fait d’accord avec votre commentaire. Un bémol : l’inflation et la guerre en Ukraine font partiellement partie des faux problèmes.
En effet, l’inflation vient avant tout de la hausse des prix de l’énergie (destruction de la filière nucléaire, marché européen aberrant de l’énergie, diabolisation des énergies fossiles).
Quant à la guerre en Ukraine, nous avons en partie créé les conditions de l’agression russe (certes inacceptable) et il suffirait de négocier pour en finir (de toute façon il le faudra, car l’Ukraine ne pourra pas la gagner). J’ajoute que nous sommes tombés dans le panneau brandi par les US pour mieux asservir l’UE. Les US qui savaient qu’en nous transformant en va-t’en-guerre qu’ils allaient faire exploser leur croissance en vendant à l’UE force GNL hors de prix et armements en quantités pharaoniques.
en nous transformant en va-t’en-guerre, ils allaient faire exploser
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. J’ai toujours trouvé que de laisser les gens emprunter à 0-1% était une erreur.
Étant épargnant cela était mauvais en plus pour les précautionneux.
Chacun son tour d’en profiter. Ceux qui ont de l’épargne peuvent être rémunérés et les emprunteurs doivent mieux réfléchir leur projet et moins spéculer