Pour une fois, c’est la CGT qui dit vrai : les funérailles pratiquement nationales (au moins au niveau de l’audiovisuel public) que la Macronie étendue (Sarkozy et Dati étant entrés dans la danse) offre à Jean-Pierre Elkabbach, « voix d’Europe 1 qui a fini chez Bolloré », sont effectivement « une mascarade ». Voyons pourquoi.
Système hybride, la République est un régime communiste où personne ne peut (comme sous Mao) reprocher leur luxe indécent aux bureaucrates au pouvoir, « étant donné que nous vivons en économie de marché » (LOL), et une société pseudo-capitaliste où l’enrichissement de mauvais aloi – notamment par diverses méthodes de ponction du bien public – n’est pas puni comme il le serait plus au Nord, étant donné que les pires des pantouflards/connivents réussiront toujours, in extremis, à se réfugier derrière la rhétorique (appuyée sur des siècles d’intoxication scolaire et littéraire) du service de l’Etat, dieu immanent du monothéisme français.
L’Elkabbach qui vient de nous quitter est un bon exemple de ce fonctionnement hybride (pour ne pas dire : pervers) : grand dilapidateur de deniers publics à France 2 (acculé à la démission en 1996), il avait fini « chez Bolloré » – un de ces oligarques dont on finit souvent par se demander (s’agissant de Bolloré : notamment en Afrique, et dans les médias) dans quelle mesure il reste raisonnable de les considérer comme des entités réellement distinctes de l’Etat français.
En attendant la Bibliothèque Nationale Vincent Bolloré
Le mari de Brigitte a donc parfaitement raison de souligner qu’Elkabbach a disparu « à la veille du 65e anniversaire de notre cinquième République, lui qui était toujours là, à chacune de ses grandes dates ». Effectivement, lui aussi était toujours là, pour encaisser, et vouait très certainement un culte sincère à cette déité si rentable pour sa famille.
En même temps, la CGT a, elle aussi, raison de s’indigner de la décision de baptiser « Maison Jean-Pierre Elkabbach » le bâtiment principal du siège parisien de France Télévisions, dont ce héros républicain démissionnaire a si allègrement dépensé l’argent avant d’aller dans du privé bien à droite.
Pour ma part, je conseillerais néanmoins à la CGT de se montrer plus économe de son capital indignation. Car, au vu de ce qu’on a observé cet été sur le Pont Neuf, elle risque d’en avoir encore besoin, notamment pour l’Aéroport International Bernard Arnault.
Dire que ceux qui parlent de “système” pour décrire cet entre-soi où se mêlent intérêts des hommes de l’Etat et intérêts privés, sont qualifiés de complotistes…
“mais taisez-vous Elkabbach” (Georges Marchais : il avait compris !).
Un égotiste que je n’ai jamais apprécié, et que son « vous n’avez pas honte » m’a fait le mépriser. Et voir toutes les dithyrambes ce jour de journaleux et politicards me confortent dans mon opinion. Et comme je dis souvent de personnages équivalents, je n’aurais pas aimé les avoir en OPÉ derrière moi. Un petit homme encensé par ses pairs dans un pays en perdition, rien d’étonnant.